Les loyers pourraient grimper de 30% d’ici trois ans, prévient la CCMM

La Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) estime qu’il manque 60 000 logements dans la grande région de Montréal et que les prix des logements augmentent beaucoup plus rapidement que les revenus des ménages. S’il faut « construire plus et plus vite, il faut aussi s’assurer de bien construire », précise toutefois l’organisme, qui prône une « densification intelligente ».

Le Devoir a obtenu copie sous embargo d’un rapport que publiera lundi matin la CCMM, en marge de son Forum Habitation, qui aura lieu le même jour. Le document réitère les recommandations de « densification intelligente » déjà formulées par l’organisme dans de précédentes publications, mais il met aussi en lumière des données inédites sur le marché de l’habitation.

C’est ainsi qu’on apprend qu’entre 2002 et 2012, le prix moyen des logements locatifs a augmenté de 26,7 %, tandis que, durant la décennie suivante, il a augmenté de 44 %. La CCMM note également que, selon de récentes données de Desjardins et de la Société canadienne d’hypothèques et de logement, la hausse du loyer moyen sera de 10 % en 2023, et pourrait atteindre 30 % d’ici trois ans.

Les propriétaires subissent eux aussi une pression de plus en plus grande. Alors que le prix de vente des logements a augmenté de 90 % depuis 2011, les revenus des ménages n’ont augmenté que de 40 %. « Plusieurs ménages n’ont d’autres choix que de demeurer locataires, ce qui exerce une pression accrue sur le parc de logements », précise le rapport.

Des réglementations exigées

« Si on veut répondre à la crise du logement, il faut le faire de façon ordonnée », soutient Michel Leblanc, président et chef de la direction de la CCMM, en entrevue. C’est pourquoi il propose « qu’au moins 80 % » des logements soient construits dans des aires TOD (Transit-oriented development), donc autour des pôles de transport en commun.

« En plus de la bonne localisation, la densification intelligente du territoire se caractérise par un aménagement soigné, qui favorise des milieux de vie attrayants, sécuritaires et pouvant offrir, à 15 minutes de marche ou de vélo, un accès aux principaux services et commerces nécessaires à la vie quotidienne », souligne le rapport, qui recommande une densification atteignant 15 000 habitants par kilomètre carré.

La CCMM ajoute que la densification doit se faire dans un souci de « mixité urbaine et sociale », avec un « traitement architectural soigné », bien intégré aux espaces publics. Si ces recommandations semblent relever du « gros bon sens », lance M. Leblanc, elles ne sont pas suffisamment prises en compte par la classe politique, selon lui.

« Les villes pourraient, par exemple, encourager la création d’espaces de vie, comme des commerces ou des cafés, au rez-de-chaussée des nouveaux développements, à l’aide de réglementations » plus strictes, dit-il. M. Leblanc propose aussi que les municipalités revoient leurs processus de consultations publiques, afin d’en améliorer l’efficacité.

« La densification intelligente peut être bien faite, dans le respect de la qualité de vie des citoyens », conclut-il.

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