Des citoyens de Ville-Marie veulent le statu quo sur la rue Parthenais

Des résidents du secteur des rues Parthenais et de Rouen, près de l’intersection où une fillette de 7 ans est décédée en décembre dernier, dénoncent, ces derniers jours, certains changements de sens de rues décrétés par l’administration Plante pour apaiser la circulation. Selon eux, ces mesures ont été prises sans consultation et rendront leurs déplacements automobiles encore plus pénibles.
Résident de la rue Bordeaux, Daniel Pelletier se demande comment il pourra rentrer à la maison lorsque la Ville appliquera les modifications de sens de rues prévues d’ici l’automne prochain. Se présentant comme un « cycliste avant tout », mais aussi un automobiliste, il appréhende qu’avec les changements à venir, il n’ait d’autre choix que de se retrouver dans la congestion parfois chaotique de la rue Sherbrooke et de l’avenue Papineau, faute d’autres options pour rentrer chez lui. « Je ne suis pas un banlieusard. Je suis un Montréalais qui veut rentrer chez moi », a-t-il fait valoir à la mairesse Valérie Plante, lors de l’assemblée du conseil d’arrondissement de Ville-Marie, le 9 mai dernier.
En janvier dernier, l’administration Plante avait annoncé l’implantation de sens uniques dans le secteur d’ici la prochaine rentrée scolaire. La rue Parthenais deviendra un sens unique vers le nord entre les rues de Rouen et Sherbrooke, ce qui nécessitera une modification au circuit de l’autobus 10. La rue Fullum, qui borde l’école Jean-Baptiste-Meilleur, que fréquentait la jeune Mariia Legenkovska, happée mortellement par un automobiliste le 13 décembre dernier, sera transformée en sens unique vers le nord entre les rues Ontario et Sherbrooke. Pour sa part, la rue de Rouen sera un sens unique vers l’est entre les rues Fullum et D’Iberville. Ces mesures s’ajoutent à la fermeture définitive d’un tronçon de la rue Larivière.
La Ville garde le cap
Répondant à plusieurs résidents venus lui présenter leurs doléances à ce sujet, la mairesse Plante a été ferme, insistant sur le fait qu’elle devait travailler dans l’intérêt collectif et que le plan proposé avait été élaboré par des experts et avait obtenu l’appui de partenaires comme l’école Jean-Baptiste-Meilleur et le CLSC du secteur. « Vous allez être capable de rentrer chez vous, mais ça se peut que ce ne soit pas le même chemin qu’avant et ça se peut que ce soit plus compliqué. Je ne peux pas le nier », a-t-elle dit. « On n’a pas fermé toutes les rues d’un coup. Il y a vraiment une réflexion qui a été faite. Ça se peut que ça ne fasse pas votre affaire. Je l’entends. Mais au final, il faut qu’on trouve des solutions pour empêcher les voitures d’utiliser […] ce secteur-là comme raccourci. »
Mathieu Dufour habite à l’angle des rues Fullum et Hochelaga. Il estime que le changement de sens de la rue Parthenais est particulièrement problématique et forcera les résidents du secteur à faire de multiples détours. « On avait six portes d’entrée [dans le quartier] et ils en bloquent cinq d’un coup. Il en restera une et c’est la rue Fullum. Il faut en parler. Peut-être qu’on peut y aller graduellement. Mais ils ne nous écoutent pas », a-t-il expliqué au Devoir, mercredi.
La pétition baptisée « Sauvons Parthenais » qu’il a lancée a recueilli jusqu’à maintenant 475 signatures. La Ville pourrait maintenir la circulation de la rue Parthenais vers le sud, mais interdire les virages à gauche sur la rue Sherbrooke vers la rue Parthenais, instaurer un arrêt obligatoire à l’angle de la rue Hochelaga, aménager des dos d’âne bien visibles avant l’intersection de la rue de Rouen, suggère-t-il.
Yves Bernard déplore que l’arrondissement n’ait pas tenu de réelle consultation auprès des résidents du secteur et selon lui, le projet est mal ficelé et causera un « chaos ». « Ça fait 25 ans que j’habite le quartier, mais on n’a jamais eu de note de la Ville pour dire qu’il y avait un projet majeur », dit-il. « On est en faveur de l’apaisement de la circulation, mais il faut que ça se fasse de façon coordonnée. »
Lors de l’assemblée du conseil d’arrondissement, plusieurs citoyens ont toutefois exprimé leur appui aux mesures annoncées par l’administration. « J’ai une petite fille qui a 9 ans et qui va à l’école Jean-Baptiste-Meilleur et, pour moi, la sécurité au sein du quartier, c’est la priorité numéro un. Tous les jours, on est témoins de problèmes de circulation, les stops qui ne sont pas respectés », a expliqué Mélina d’Orléans.
L’administration dit avoir entendu les inquiétudes de certains résidents. « Nous allons évidemment nous assurer que les communications soient faites pour bien aviser la population. Nos équipes vont également monitorer les effets des mesures », a indiqué par courriel la responsable du transport et de la mobilité au comité exécutif, Sophie Mauzerolle.