Bonifier l’offre en transport durable pour augmenter l’achalandage
Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Grand Montréal
Le nombre élevé de véhicules personnels sur les routes du Grand Montréal crée une forte congestion routière et est responsable de 58 % des gaz à effet de serre (GES) liés aux transports terrestres. Une réalité qui génère des répercussions environnementales, occasionne des coûts économiques et n’est pas sans danger pour la santé des citoyens.
Selon la conseillère en recherche à la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), Marie-Michèle Cauchy, le développement de milieux de vie plus denses et complets est indissociable de celui d’une offre de transport collectif et actif de qualité, et vice-versa. L’efficacité du transport collectif dépend en effet particulièrement du nombre d’habitants vivant à proximité des arrêts d’autobus, des stations de métro et des gares.
« Plus ce nombre est grand, plus la desserte est attrayante, puisque la fréquence de passage des bus, des métros et des trains pourra être augmentée, et des mesures préférentielles quant au respect des horaires [pourront être] mises en place, indique-t-elle. Pour que la population du Grand Montréal délaisse l’auto solo, il faut lui proposer des services compétitifs en matière de coût, de simplicité et de durée de déplacement. »
Ainsi, en banlieue, pour augmenter l’achalandage dans les transports en commun, différents corridors de transport collectif devront être densifiés, et la fréquence du service d’autobus, augmentée. Il faudra également multiplier les mesures propres à favoriser la mobilité active, comme des élargissements de trottoirs sur les artères commerciales, la mise en place de rues partagées, ou encore la création de nouvelles voies cyclables et piétonnes. Du côté de Montréal, le prolongement de la ligne bleue du métro jusqu’à l’arrondissement d’Anjou viendra augmenter l’offre. D’autres projets structurants sont également à l’étude.
Une meilleure adéquation entre l’offre et les besoins
Si beaucoup de travail reste à faire, force est de constater que depuis 2011, plusieurs améliorations à l’offre de service en transport collectif ont été apportées dans la grande région de Montréal, dont la refonte tarifaire entreprise par l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), la multiplication des réseaux d’autobus interurbains, l’implantation de voies réservées et la mise en service du SRB Pie-IX en 2023. Si ces mesures ont permis une croissance soutenue de l’achalandage, la pandémie a cependant exercé une influence négative sur l’utilisation des transports collectifs depuis 2020, la reprise n’étant pas uniforme sur l’ensemble des services et des secteurs.
Malgré cette réalité, le plan demeure ambitieux. Pour la CMM, il est d’autant plus important d’optimiser l’offre de service qu’elle doit être en meilleure adéquation avec les besoins actuels et futurs des utilisateurs. Pour 2050, la CMM se conforme au Plan stratégique de développement (PSD) de l’ARTM, qui envisage qu’à cette date, la majorité des déplacements sera effectuée en mode durable, collectif ou actif. Un objectif que Mme Cauchy croit atteignable « si chacun y met du sien », et que de nouvelles sources de financement sont explorées.
« L’un des défis du transport collectif, c’est la mise en place d’une fiscalité métropolitaine (écofiscalité) pour appuyer la mobilité, indique Jean-Philippe Meloche, directeur de l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal. La CMM évalue par exemple la faisabilité d’implanter un système de tarification kilométrique pour financer le transport collectif, ce qui me semble tout à fait pertinent si l’on souhaite sensibiliser les conducteurs à l’importance d’opter pour des décisions écologiques. »
Des bienfaits aussi sur la santé
Des décisions écologiques, mais aussi sanitaires, car si une offre bonifiée des transports collectifs et actifs permet d’accélérer la transition écologique en diminuant les émissions de GES, elle contribue également à une mobilité plus équitable et entraîne de nombreux bienfaits sur la santé de la population. La mobilité durable a en effet une incidence directe sur les îlots de chaleur et sur les émissions polluantes, notamment, des facteurs qui viennent affecter la santé mentale et physique de la population.
Le chercheur à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), Éric Robitaille, a, de ce point de vue, développé un modèle expliquant ce qui influence les choix des citoyens en matière de mode de transport. Ses résultats montrent que la densité, la mixité des usages et la connectivité des différents réseaux et l’accessibilité à des infrastructures de transport en commun encourageraient notamment la pratique du transport actif, reconnu comme le meilleur choix santé.
Il est à noter qu’à Montréal, le taux des cyclistes adultes qui utilisent occasionnellement ou quotidiennement le vélo comme mode de transport est passé de 25 % à 68 %, entre 2000 et 2020. À Laval, ce taux est aujourd’hui de 43 %, et de 53 % à Longueuil, selon un rapport publié par Vélo Québec en 2021.
Avec Hélène Roulot-Ganzmann
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