10 rues de nouveau piétonnes à Montréal cet été

Il y aura de nouveau 10 rues piétonnes principales à Montréal cet été, a annoncé la mairesse Valérie Plante mardi. Elle n’écarte pas d’accroître ce nombre dans les prochaines années — à condition de tenir compte de l’incidence de ces aménagements sur les chantiers et le transport en commun, cependant.
De retour d’un voyage en Europe, Mme Plante a vanté mardi la qualité des rues piétonnes de Montréal, qui seront de retour cette année sur des artères commerciales de sept arrondissements de la métropole.
La première à ouvrir le bal a été la rue Sainte-Catherine Ouest, dont un tronçon de près de 800 mètres est réservé aux piétons depuis lundi. Les autres suivront dans les prochaines semaines et seront réservées aux piétons pendant une période variant de trois à six mois, en fonction du secteur.
« Je reviens d’Europe, vous le savez. Et là-bas, j’ai été inspirée par plusieurs choses : j’ai été inspirée par les options de mobilité et par les innovations en matière de financement de logement abordable et social. Mais il y a une chose qu’on n’a absolument pas à envier à l’Europe, et ce sont nos rues piétonnes », a lancé la mairesse en point de presse à l’hôtel de ville. Il y a bien des rues piétonnes à Londres et à Paris, entre autres, mais celles-ci « sont loin d’offrir l’expérience qu’offrent les rues piétonnes à Montréal », a fait valoir la cheffe de Projet Montréal.
L’an dernier, la Ville a annoncé un financement de 12 millions de dollars pour une période de trois ans voué à soutenir financièrement les sociétés de développement commercial (SDC) qui comptent une rue piétonne sur leur territoire. Cette somme vise notamment à financer l’animation et l’installation de mobilier urbain sur ces artères commerciales afin d’y attirer résidents et touristes.
« Les rues piétonnes, ça amène des retombées importantes, tant pour l’économie locale que pour la qualité de vie des quartiers », a relevé la conseillère responsable du transport et de la mobilité au comité exécutif, Sophie Mauzerolle.
Citant des données colligées par différentes SDC, l’élue a indiqué avoir noté l’été dernier « une augmentation considérable de l’achalandage sur les rues piétonnes ». « L’an passé, l’achalandage des piétons a bondi de 73 % sur Sainte-Catherine Ouest, de 86 % sur Duluth, et on note des chiffres similaires tant sur la [rue Wellington] que sur Saint-Denis », a affirmé Mme Mauzerolle. Un achalandage qui profite aux commerçants, selon elle, puisque les piétons sont plus enclins que les automobilistes à s’arrêter pendant leur balade pour « visiter certains commerces » qu’ils croisent.
Questionnée sur le risque que les automobilistes aient plus de difficulté à se rendre à Montréal et à profiter de ses artères commerciales cet été, Valérie Plante a rappelé que Montréal, avec son vaste réseau routier, « appartient surtout aux automobilistes et aux camionneurs ».
« Je ne dis pas que c’est une mauvaise chose, mais c’est une réalité. Et donc, ce qu’on dit, c’est qu’en été, on veut donner l’opportunité aux gens d’expérimenter leurs rues commerciales locales différemment », a ajouté Mme Plante. Elle a ainsi invité les automobilistes à privilégier le transport en commun pour aller magasiner sur les artères commerciales de la métropole cet été.

Des défis à relever
Vu la popularité de ces initiatives, pourquoi ne pas en avoir bonifié le nombre cette année ? En guise de réponse, la mairesse Valérie Plante a rappelé qu’il n’est pas « aussi facile qu’il en a l’air » d’aménager des rues piétonnes. Il faut notamment tenir compte des répercussions de celles-ci sur le passage des autobus de la Société de transport de Montréal, mais aussi sur les chantiers de construction en cours sur plusieurs artères, a-t-elle énuméré.
« Je pense qu’il doit y avoir un équilibre basé sur les besoins de la population. Jusqu’à maintenant, la période estivale a été vraiment une réussite pour toutes les rues piétonnes », a déclaré Mme Plante, tout en se montrant ouverte à ce que d’autres projets de ce type s’ajoutent à la liste « dans les prochaines années ». D’ailleurs, aux 10 principales rues piétonnes qui feront leur retour cet été pourraient s’ajouter des initiatives locales prises par certains arrondissements, a relevé Sophie Mauzerolle.
« Évidemment, chaque tronçon est différent, chaque quartier est différent. On ne peut pas avoir du mur à mur, mais on est là pour soutenir les différentes rues piétonnes », a indiqué la mairesse Plante.
Une approche qu’appuie le p.-d.g. de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc. « Qu’on fasse des rues piétonnes dans la durée, bien annoncée, c’est la bonne approche », a-t-il fait valoir en entrevue au Devoir.
« Le seul enjeu qui pourrait survenir, c’est si on prenait des artères qui sont à la fois des artères commerciales et des artères de transit. Là, il faut être très prudent », a-t-il déclaré, tout en précisant qu’aucun de ces liens routiers n’est pour l’instant visé par un projet de piétonnisation de la Ville.