Un «feu de ralentissement» pour améliorer la sécurité des piétons à Brossard

Ces feux intelligents se veulent un outil de sensibilisation complémentaire aux feux de circulation traditionnels, qui demeurent nécessaires, notamment pour assurer le respect des passages piétonniers aux intersections.
Signalisation Kalitec Ces feux intelligents se veulent un outil de sensibilisation complémentaire aux feux de circulation traditionnels, qui demeurent nécessaires, notamment pour assurer le respect des passages piétonniers aux intersections.

Pour la première fois au pays, un « feu de ralentissement », qui passe au vert seulement lorsque les automobilistes respectent la limite de vitesse, a été installé à Brossard dans le cadre d’un projet pilote de 90 jours visant à améliorer la sécurité des piétons dans une zone scolaire.

Depuis quelques années, en France, des municipalités ont installé sur leur territoire des milliers de feux tricolores dits « intelligents », puisqu’ils sont munis d’un radar qui permet de détecter la vitesse d’un véhicule qui se trouve à environ 30 mètres de ceux-ci. Si celui-ci respecte la limite de vitesse permise, le feu, qui affiche une lumière rouge par défaut, passera alors au vert. À l’inverse, le feu intelligent demeurera rouge si le véhicule circule au-delà de la vitesse permise alors qu’il se trouve à quelques dizaines de mètres de cette installation. Il faudra alors que l’automobiliste s’immobilise pour que le voyant passe au vert.

Ces feux intelligents se veulent ainsi un outil de sensibilisation complémentaire aux feux de circulation traditionnels, qui demeurent nécessaires, notamment pour assurer le respect des passages piétonniers aux intersections.

 

« On a beaucoup d’espoir que ça va aider à sécuriser les routes. C’est une nouvelle mesure d’atténuation de la circulation », affirme le directeur des ventes et du marketing de Signalisation Kalitec, Anthony Lapointe. L’entreprise familiale, basée à Laval, a obtenu une entente avec l’entreprise française Élan Cité, à l’origine de ces feux à vocation pédagogique, afin de pouvoir gérer la distribution de cette technologie un peu partout au Canada.

C’est ainsi qu’un premier projet pilote au Canada a été annoncé lundi dans la ville de Brossard, où un feu de ralentissement éducatif – baptisé « Fred » par l’entreprise Signalisation Kalitec – a été installé à une quarantaine de mètres de l’Académie Marie-Laurier, une école privée du secteur. Pendant 90 jours, cette technologie recueillera des informations en temps réel sur la vitesse des véhicules avant et après leur passage devant ce feu intelligent. Celles-ci seront alors emmagasinées dans une application mobile qui permet d’ailleurs de contrôler ce feu intelligent à distance.

Les données colligées pendant ce projet pilote seront ensuite acheminées au ministère des Transports et de la Mobilité durable dans l’espoir de convaincre celui-ci de modifier ses normes en matière de signalisation routière afin que la présence de cette technologie puisse être officiellement encadrée. Car, actuellement, de tels feux intelligents ne sont pas autorisés à l’extérieur de projets pilotes restreints, comme celui mené à Brossard, puisque l’utilisation de ceux-ci n’a pas encore été encadrée par le gouvernement du Québec.

« J’aurais tendance à dire qu’ils vont possiblement se positionner rapidement parce que c’est un élément de sécurité qui est très prometteur », avance Anthony Lapointe, en référence au gouvernement du Québec.

Le ministère des Transports n’a pas été en mesure de répondre à nos questions, lundi.

La carotte au lieu du bâton

 

La mairesse de Brossard, Doreen Assaad, espère pour sa part que ce projet pilote saura inciter plus d’automobilistes à respecter la limite de vitesse de 30 km/h dans ce secteur, où plusieurs piétons d’âge primaire et secondaire se promènent au quotidien. « On veut encourager avec une carotte et non un bâton les automobilistes à ralentir », lance-t-elle en entrevue au Devoir.

La mairesse aimerait d’ailleurs que cette technologie s’étende éventuellement ailleurs sur son territoire de façon permanente, si la loi le permet. « On veut démontrer que le ministère devrait envisager d’adopter cette technologie », lance la mairesse, qui s’est dite « emballée » par ce projet pilote. « On va doucement apporter un changement de culture » afin d’inciter les automobilistes à « respecter » davantage les piétons, entrevoit-elle.

Pour les municipalités, ces feux tricolores, dont le coût à l’achat varie de 15 000 à 20 000 dollars, ont d’ailleurs l’avantage d’être faciles à installer, puisqu’ils peuvent être alimentés à partir de l’énergie solaire. Ils permettent ainsi d’éviter d’avoir à excaver des routes pour enfouir du câblage électrique, relève Anthony Lapointe. « Ça va être très intéressant pour les villes. »

Ces feux piétonniers ne peuvent d’autre part être installés que sur les routes ayant au plus une voie dans chaque direction et où la limite de vitesse et de 50 km/h ou moins. Malgré ces contraintes, de tels feux pourraient potentiellement être installés à de multiples endroits dans les municipalités de la province, notamment auprès d’écoles, de parcs et dans des zones résidentielles, fait valoir Anthony Lapointe. Ce dernier note d’ailleurs que des études ont permis de démontrer que cette technologie contribue à inciter les automobilistes à ralentir, permettant ainsi de réduire les accidents de la route impliquant des piétons.

Anthony Lapointe entend d’ailleurs tenter de convaincre d’autres municipalités de s’inspirer de l’initiative prise par la Ville de Brossard. « Techniquement, on pourrait faire une cinquantaine de projets pilotes cette année, au Québec ou ailleurs au pays », dit-il. À suivre.

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