Repenser la mobilité hors des grands centres

Gabrielle Anctil
Collaboration spéciale
Que ce soit à Gaspé, dans la MRC de Portneuf ou à Drummondville (sur la photo), le défi principal des municipalités est de rendre les solutions de rechange à l’auto solo alléchantes.
Club photo Drummond Que ce soit à Gaspé, dans la MRC de Portneuf ou à Drummondville (sur la photo), le défi principal des municipalités est de rendre les solutions de rechange à l’auto solo alléchantes.

Ce texte fait partie du cahier spécial Municipalités

« On a du trafic aussi. De 7 h 48 à 8 h 02. » Les automobilistes montréalais pouvaient lire cette pique sur l’une des sept affiches publicitaires vantant la qualité de vie à Drummondville et à Victoriaville disposées près des ponts de la métropole en février dernier. Le but était de les inviter à déménager dans ces villes centricoises où la congestion routière n’est manifestement pas un problème.

« Est-ce que ça veut dire qu’on doit attendre d’être au niveau de Montréal pour réfléchir aux manières d’améliorer notre mobilité ? Non ! » Pour la mairesse de Drummondville, Stéphanie Lacoste, il n’est pas question de se reposer sur ses lauriers. Tout comme ses collègues maires à travers la province, elle souhaite proposer des solutions de rechange pour permettre à ses concitoyens de réduire leur dépendance à l’auto solo.

Imagination à la rescousse

La créativité ne manque pas à ces élus qui doivent trouver des façons de desservir efficacement un territoire parfois très étendu. « On a une faible concentration de population sur un immense territoire », constate Daniel Côté, maire de Gaspé. Il canalise donc ses efforts sur les zones où les besoins sont les plus grands. Et il y parvient : depuis deux ans, Gaspé offre des voitures électriques en autopartage, et un service similaire de vélos électriques devrait entrer en fonction cet été. « On essaie toujours d’innover. »

Le maire s’est aussi associé avec ses collègues des autres municipalités gaspésiennes qui subissent depuis de nombreuses années les contrecoups d’une offre de transport régional défaillante. « Nous avons réuni nos forces au sein d’une entité qui couvre la région, souligne fièrement celui qui est aussi président de la Régie intermunicipale de transport Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine. C’est logique : les gens peuvent partir d’une municipalité pour aller travailler, étudier ou obtenir des soins de santé dans une autre. En se concertant, ça permet une meilleure connexion et plus de fluidité. »

Unir les forces

La situation est presque inversée du côté de la MRC de Portneuf, qui se situe à l’ouest de la ville de Québec. « Comme il y a un réseau d’autobus structurant juste à côté, on a la possibilité de s’y rattacher », se réjouit Bernard Gaudreau. Malgré tout, comme son collègue gaspésien, le préfet doit tout de même trouver des solutions pour desservir des zones parfois très rurales, tout en fluidifiant les déplacements vers la capitale. « En ce moment, les navettes de la région font plusieurs arrêts dans la ville de Québec. J’aimerais plutôt établir des points en périphérie d’où les gens pourraient ensuite prendre l’autobus du Réseau de transport de la capitale (RTC). »

Pour ensuite convaincre les Portneuviens d’adopter ce mode de transport, il faudra le rendre convivial, estime le préfet. « On étudie la possibilité de s’intégrer avec le système de la RTC pour que les usagers n’aient pas à acheter plusieurs billets. »

Penser aux générations futures

Du côté de Drummondville, Stéphanie Lacoste se creuse aussi les méninges pour trouver des façons de transformer un territoire peu densifié. Elle a trouvé une cible idéale pour concentrer ses efforts : les écoles. « On a établi un plan pour favoriser le transport actif et sécuritaire des jeunes vers les écoles, explique la mairesse. Comme ça touche les enfants, le programme réussit à obtenir une meilleure adhésion. » La Ville a ainsi adopté la démarche « À pied, à vélo, ville active (APAVVA) », mise en place par Vélo Québec en 2006. « Dès qu’une rue est à refaire près d’une école, les ingénieurs sortent le plan APAVVA. On y va une bouchée à la fois. »

Les jeunes sont de plus formés aux bonnes pratiques de déplacement dans un village de formation vélo, ouvert en 2020. « Tous les camps de jours y emmènent leurs campeurs, se réjouit la mairesse. Ils y apprennent à faire du vélo, de la trottinette. » Son ambition ne s’arrête pas là : « J’aimerais que les personnes qui utilisent une aide à la mobilité motorisée aient, elles aussi, un cours sur la manière de se déplacer de façon sécuritaire et courtoise sur le territoire. »

Que ce soit à Gaspé, dans la MRC de Portneuf ou bien à Drummondville, le défi principal des maires et des mairesses est de rendre les solutions à l’auto solo alléchantes. « Les gens réagissent très positivement à nos projets, se réjouit Daniel Côté. Je n’ai jamais entendu d’écho négatif. Le défi, cependant, est qu’ils soient connus, adoptés. » Même son de cloche du côté du préfet de la MRC de Portneuf, Bernard Gaudreau : « On a un défi de pédagogie. On doit bien communiquer les bienfaits, les avantages. » Qu’à cela ne tienne ! Rien n’arrête ces élus débordant d’ambition.

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