Coup de chapeau à l’innovation
Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Municipalités
De la lutte contre les changements climatiques à la démocratie locale, les municipalités québécoises mettent en place des solutions innovantes pour relever de nombreux défis. Lors de sa 18e édition, le gala du mérite Ovation municipale de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) récompensera plusieurs de ces projets originaux et inspirants.
« Il y a des choses qui se passent dans le monde municipal ! D’une année à l’autre, nous sommes surpris de voir le nombre de personnes au sein des municipalités qui sortent des idées de leur chapeau pour affronter des défis ou pour régler des problèmes, s’exclame Bernard Sévigny, président du jury du mérite Ovation municipale, ancien maire de Sherbrooke et ancien président de l’UMQ. Réussir à aborder ou à appréhender une problématique avec des moyens inventifs, c’est ça, l’innovation. »
Le concours sera présenté lors des Assises 2023 de l’UMQ, qui se tiendront à Gatineau du 3 au 5 mai prochains. Il mettra en valeur, pour une 18e année, des projets d’innovation dans diverses catégories, comme la mobilité durable, l’administration, l’économie circulaire, l’aménagement, la lutte ou l’adaptation aux changements climatiques. Parmi une centaine de projets soumis, le jury a sélectionné 21 finalistes selon différents critères, dont le caractère novateur du projet, son potentiel d’adaptabilité et ses retombées dans la communauté.
L’exercice vise à mettre en avant les meilleures pratiques pour créer une émulation, explique Bernard Sévigny. « Nous allons chercher des solutions innovantes sur le territoire pour les exposer aux autres élus, afin que les municipalités puissent s’inspirer les unes des autres, dit-il. Elles sont indépendantes et notre rôle est de contribuer à fédérer leurs forces. »
Du miel rassembleur
Parmi les finalistes, la Ville de Chambly présentera « Une aventure citoyenne bourdonnante », son projet communautaire de ruches urbaines déployées dans la ville. Les abeilles ont fait bien plus que butiner ; elles ont aussi contribué à stimuler la mobilisation communautaire, croit Alexandra Labbé, mairesse de Chambly.
« Les citoyens ont été à nos côtés à toutes les étapes du projet, raconte-t-elle. Nous avons voté le nom des reines — l’une d’elles s’appelle Miel Gibson ! — et invité les jeunes à peindre les ruches avant de les installer. Les citoyens ont notamment pu regarder les visites d’entretien, mais aussi participer à la récolte du miel. »
La participation et la communication avec les citoyens étaient plus difficiles à obtenir dans le passé, observe la mairesse, en se rappelant qu’il y a quelques années, ils posaient très rarement des questions lors des réunions du conseil municipal. « C’est un beau symbole d’être nommé dans la catégorie Démocratie locale » confie-t-elle, fière du chemin parcouru.
Après leur période d’hivernage, les abeilles recommenceront à bourdonner à Chambly et donneront à nouveau un petit goût sucré à la collectivité.
Éveiller les tout-petits aux arts
En Estrie, plusieurs municipalités ont mis en place « J’inviterai l’enfance », un projet d’éveil culturel des enfants de 0 à 5 ans. Des éducateurs en service de garde et des artistes ont joint leur expertise pour élaborer de bonnes pratiques et mieux intégrer des activités culturelles pour les tout-petits.
« Les artistes connaissant bien le profil d’apprentissage des tout-petits, ils adaptent les spectacles et les ateliers d’art pour eux, explique Sylvie Beauregard, mairesse de Cowansville. Cela permet aux éducatrices de sortir du cadre régulier et de connaître d’autres médiums pour faire du bricolage, par exemple. »
Le programme a notamment compté sur la participation d’artistes et d’étudiantes en éducation à l’enfance du cégep de Granby. « Il permet un meilleur arrimage entre la culture et la petite enfance », apprécie Mme Beauregard. Les apprentissages du projet sont par ailleurs mis à la disposition des milieux de garde et des artistes sur le site jinviterailenfance.ca.
Des communautés plus vivantes
Ce type d’idées innovantes permet aux municipalités d’accroître la qualité de vie de leur population, d’avoir une gouvernance plus démocratique et participative, mais aussi de lutter et de s’adapter aux changements climatiques, explique Bernard Sévigny.
« Les municipalités ne peuvent pas mener leurs projets en vase clos ; elles doivent travailler avec les partenaires sur le territoire, avec les services de santé et d’éducation et des partenaires institutionnels, communautaires et citoyens », observe-t-il. Aujourd’hui, les municipalités qui souhaitent mener un projet ont le réflexe de consulter davantage. « De plus en plus, le monde municipal veut aussi atteindre la parité et inclure des groupes de la société qui sont moins représentés dans la prise de décision », note l’ancien maire.
M. Sévigny observe également que les municipalités de la province ont une plus grande sensibilité environnementale. « Les petits pas sont importants aussi dans la lutte contre les changements climatiques, croit-il. Acquérir des autobus électriques à 1 million de dollars l’unité, ce n’est pas la réalité des petites municipalités. Mais nous voyons des projets pour mieux gérer les eaux pluviales et optimiser l’efficacité des équipements au lieu d’en construire d’autres, par exemple. »
Plusieurs municipalités sont d’ailleurs pionnières dans certaines mesures environnementales qui sont par la suite adoptées par le gouvernement provincial ou canadien, note Bernard Sévigny, en donnant l’exemple des consignes des bouteilles de vin ou la création de monnaies pour favoriser l’achat local.
Les gagnants du mérite Ovation municipale seront dévoilés le 5 mai. Mais au-delà des prix, le plus important, selon Bernard Sévigny, c’est l’émulation.
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