L’ARTM ne tolérera aucune interruption de service dans le transport en commun

Une société de transport de la région de Montréal ne pourrait pas décider unilatéralement de diminuer l’offre de service à sa population, martèle l’ARTM.
Olivier Zuida Archives Le Devoir Une société de transport de la région de Montréal ne pourrait pas décider unilatéralement de diminuer l’offre de service à sa population, martèle l’ARTM.

L’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) ne tolérera aucune interruption dans le service offert par les différentes sociétés de transport en commun de la grande région de Montréal, au moment où certaines d’entre elles évoquent cette possibilité en raison des défis financiers importants auxquels elles sont confrontées.

« Le message que je veux porter aujourd’hui s’adresse aux citoyens et aux usagers du transport en commun de la région métropolitaine de Montréal : l’ARTM n’acceptera pas que les usagers écopent de la situation avec des coupures de services. C’est catégorique », a martelé dans une déclaration acheminée au Devoir mardi le directeur général de l’organisation, Benoît Gendron, qui est responsable du financement des quatre sociétés de transport de la grande région de Montréal.

Ce dernier tenait ainsi à réagir à un article paru dans Le Devoir, dans lequel le directeur général de l’organisme de transport exo, qui gère les cinq lignes de train de banlieue de la région et 226 lignes de bus dans les couronnes nord et sud de Montréal, Sylvain Yelle, a évoqué la possibilité de devoir de nouveau faire des coupes dans son offre de service — déjà réduite dans le contexte de la pandémie — si le gouvernement du Québec ne lui alloue pas une somme de 29,8 millions de dollars pour équilibrer son budget pour l’année en cours.

« La situation est préoccupante. On ne peut tenir les utilisateurs en otage de la sorte », a d’ailleurs affirmé mardi sur Twitter le porte-parole du Parti libéral du Québec en matière de transports, André Albert Morin. « Si rien n’est fait, d’autres services de [transport en commun] seront en péril », a-t-il ajouté.

Le directeur général du Réseau de transport de Longueuil, Michel Veilleux, a aussi confié dans nos pages qu’une réduction de la fréquence sur certaines de ses lignes de bus moins achalandées pourrait survenir cette année si l’organisme n’obtient pas un montant de 8 millions de dollars de la part de Québec pour équilibrer ses finances, dans le contexte inflationniste actuel. Cette somme serait complémentaire au montant de 500 millions de dollars que réclame l’ARTM auprès de Québec pour aider l’ensemble des sociétés de transport à sa charge à équilibrer leurs finances cette année, a précisé M. Veilleux lundi.

Des ententes à respecter

Or, les sociétés de transport de la grande région de Montréal ont toutes négocié avec l’ARTM des ententes qui prévoient le maintien du niveau de service de 2022 sur leur territoire. Ces ententes ont été adoptées le 23 février dernier et prévoient une indexation moyenne de 4,4 % de la rémunération accordée aux sociétés de transport, a indiqué Benoît Gendron mardi.

Une société de transport de la région ne pourrait donc décider unilatéralement de diminuer l’offre de service à sa population, martèle l’ARTM.

« J’irais même plus loin : en 2023, nous allons travailler avec les partenaires afin de relancer le transport collectif et d’offrir des services plus performants, et ce, au bénéfice de tous les citoyens », a ajouté M. Gendron.

L’ARTM convient d’autre part que les besoins financiers des sociétés de transport en commun de la région sont majeurs. Elle fait cependant valoir que celles-ci doivent trouver un moyen de réaliser des économies sans toucher à l’offre de service, qui représente pour plusieurs d’entre elles 80 % de leurs dépenses annuelles.

Les négociations se poursuivent en parallèle entre l’ARTM et le gouvernement du Québec pour obtenir une bonification du financement de l’exploitation du transport en commun dans la grande région de Montréal, à l’approche du dépôt du prochain budget du gouvernement Legault, le 21 mars. C’est d’ailleurs pourquoi l’ARTM prévoit adopter son budget en avril plutôt qu’en décembre pour une deuxième année consécutive, afin de tenir compte de l’exercice budgétaire de Québec.

« On ne peut pas vivre d’espoir », lance quant à lui au Devoir le président de l’Association du transport urbain du Québec, Marc Denault, qui préside aussi la Société de transport de Sherbrooke.

Dans l’ensemble du Québec, une bonification du financement du transport en commun s’impose pour inciter plus d’automobilistes à opter pour le bus ou le métro pour se déplacer au quotidien. « Si on offre un service avec une offre adéquate, c’est certain que les gens vont faire le transfert modal », fait valoir M. Denault, qui espère avoir « de bonnes nouvelles » au moment du dépôt du prochain budget. « On se croise les doigts. »



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