Québec lance de nouvelles consultations pour le financement du transport collectif

Lors d’une mêlée de presse, à l’issue de son allocution, la ministre Geneviève Guilbault s’est montrée peu enthousiaste à l’idée d’une nouvelle taxe sur l’immatriculation.
Jacques Boissinot La Presse canadienne Lors d’une mêlée de presse, à l’issue de son allocution, la ministre Geneviève Guilbault s’est montrée peu enthousiaste à l’idée d’une nouvelle taxe sur l’immatriculation.

Alors que les sociétés de transport connaissent d’importantes difficultés budgétaires, la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, n’a pas voulu prendre d’engagement lundi concernant le financement du transport collectif. Elle a cependant annoncé qu’elle lancerait en mars des consultations afin de trouver des solutions à long terme pour les sociétés de transport.

Lors d’une allocution prononcée à Montréal lundi à l’occasion un événement-bénéfice de Trajectoire Québec, Geneviève Guilbault a souligné que le gouvernement Legault consacrait déjà des sommes importantes aux infrastructures de transport collectif, mais qu’il fallait élaborer un plan à long terme pour les sociétés de transport qui peinent à retrouver l’achalandage d’avant-pandémie.

Depuis l’arrivée au pouvoir de la Coalition avenir Québec (CAQ), il y a quatre ans, les investissements en transport en commun ont augmenté de 88 %, a-t-elle affirmé. « On met déjà beaucoup d’argent là-dedans. Comment on peut rationaliser tout ça et réarranger tout pour que chacun assume sa part et qu’on trouve une solution qui va être pérenne ? » a-t-elle demandé.

Pour y parvenir, la ministre entamera en mars une tournée de consultations auprès des sociétés de transport, des municipalités ainsi que des instances telles que la Fédération québécoise des municipalités, l’Union des municipalités du Québec et la Communauté métropolitaine de Montréal. Elle aimerait que dès 2023, une entente de cinq ans puisse être conclue dans ce dossier.

Les propos de la ministre ne sont pas sans rappeler ceux de son prédécesseur François Bonnardel, qui, sur la même tribune, en mai 2022, avait promis un cadre financier pour le transport collectif qui s’échelonnerait sur cinq ans, de 2023 à 2028, et ce, même si le ministère menait déjà des consultations depuis trois ans.

Taxe sur l’immatriculation

Lors d’une mêlée de presse, à l’issue de son allocution, Geneviève Guilbault s’est montrée peu enthousiaste à l’idée d’une nouvelle taxe sur l’immatriculation. « Dans un contexte d’inflation où le coût de la vie augmente et les gens ont de la misère à arriver, ajouter une nouvelle taxe — nous, à la CAQ, on n’est jamais chauds à ajouter une nouvelle taxe —, ce n’est pas notre premier choix. Mais je ne veux pas décider à la place des élus [municipaux] », a-t-elle dit.

Québec avait versé 1,7 milliard de dollars aux sociétés de transport pour compenser les pertes tarifaires liées à la pandémie, mais la ministre croit qu’il faut sortir du modèle « des aides financières un peu à la pièce, en urgence, à la dernière minute ».

Le président de la Société de transport de Montréal (STM), Éric Alan Caldwell, a souligné qu’il fallait retrouver les usagers perdus pendant la pandémie. « On doit avoir un financement stable pour le transport collectif, et il y a un momentum à saisir. La pandémie est finie. Les gens nous en demandent plus et on doit être là », a-t-il dit.

Les consultations annoncées par la ministre ne règlent cependant pas le problème financier de la STM à court terme. Rappelons qu’en novembre dernier, la société de transport avait dévoilé un budget de 1,7 milliard de dollars qui comportait un manque à gagner de 78 millions. Et en janvier, elle avait annoncé qu’elle mettait fin à son engagement de respecter un délai d’attente maximal de 10 minutes aux heures de pointe sur huit de ses lignes de bus.

M. Caldwell a indiqué que des discussions avaient encore lieu pour que soit trouvé du financement qui permettrait de boucler le budget 2023.

De son côté, la directrice générale de Trajectoire Québec, Sarah V. Doyon, a surtout retenu que la ministre comptait poser des gestes rapidement. « On a déjà eu le chantier sur le financement de la mobilité, qui était une première phase de consultations, a-t-elle rappelé. Donc là, on espère que cette tournée ciblée de consultations auprès des partenaires du transport collectif mène à des résultats concrets et à de nouvelles sources de financement. On espère aussi des annonces dans le budget en mars. »

Québec solidaire estime que le gouvernement Legault fait du surplace dans le dossier du transport collectif et que c’est d’aide d’urgence que les sociétés de transport ont besoin. « C’est gênant. Elle [la ministre Guilbault] fait un discours en grande pompe pour annoncer quelque chose qui a déjà été réalisé par son gouvernement : la tournée régionale sur le financement de la mobilité s’est déroulée de 2019 à 2021 », a déclaré le député Étienne Grandmont, responsable solidaire en matière de transports.

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