Des aéroports de «taxis volants» dans le Grand Montréal

L’entreprise montréalaise VPorts veut développer dans le Grand Montréal un réseau de vertiports, ces infrastructures aéroportuaires qui servent au décollage et à l’atterrissage de taxis volants.
« Nous n’en sommes qu’au début des démarches », concède d’entrée de jeu au Devoir Fethi Chebil, propriétaire de VPorts. Créée en novembre 2021, la société étudie actuellement les occasions et le possible déploiement d’aéroports de « taxis volants », des petits aéronefs électriques à décollage vertical (eVTOL).
« On essaie pour le moment de connaître où on peut établir des vertiports », explique M. Chebil. VPorts a mandaté Innovitech, firme spécialisée en innovations technologiques, afin de jauger le potentiel de la filière. L’étude se concentre sur des pôles névralgiques qui pourraient être reliés : le Technoparc, non loin de l’aéroport international Montréal-Trudeau, ainsi que les environs des aéroports de Longueuil et de Mirabel.
Par ailleurs, VPorts ne compte pas concurrencer des poids lourds de l’aéronautique comme Airbus, Boeing, Embraer ou CAE, qui créent à l’heure actuelle des prototypes d’eVTOL. « Il y a beaucoup d’argent investi dans le développement des taxis volants, mais il n’y a pas beaucoup moins d’entreprises qui veulent se positionner dans les infrastructures », ajoute le propriétaire, précisant qu’il s’agit là du créneau que VPorts veut intégrer.
Plus de 200 prototypes
Dépendant de l’essor du secteur, le succès de l’initiative n’est pas assuré. Aucun appareil n’a à ce jour été commercialisé à grande échelle. N’empêche, plus de 200 prototypes sont en développement, et la filière suscite l’intérêt.
L’Agence européenne de la sécurité aérienne a lancé une étude sur le sujet au printemps 2021 auprès d’habitants de grandes villes du Vieux Continent, dont Amsterdam et Rotterdam, aux Pays-Bas, Cranfield, au Royaume-Uni, et Saint-Jacques-de-Compostelle, en Espagne.
Aux États-Unis, l’Administration fédérale de l’aviation (FAA) travaille à élaborer d’ici 2023-2024 une réglementation sur la mobilité aérienne urbaine, ce qui inclut à la fois les taxis volants et les drones de livraison.
Ici, de grands acteurs de l’industrie explorent l’avenue. La montréalaise CAE fait partie du nombre. Spécialisée dans les technologies de simulation de vol, l’entreprise a annoncé en juillet dernier un soutien financier de 340 millions des gouvernements québécois et canadien.
Encadrements à venir
Prometteur, l’essor du secteur n’en reste pas moins incertain, comme le dénotent de récentes études. En mai 2021, Morgan Stanley Research réduisait de 75 % ses prévisions sur la valeur du marché d’ici 2030. En 2018, la firme estimait que l’industrie vaudrait 45 milliards d’ici la fin de la décennie ; elle estime maintenant plutôt que sa valeur oscillerait autour de 12 milliards.
L’un des défis réside dans l’encadrement du secteur, indique Fethi Chebil : « Pour les appareils, il y a une nouvelle réglementation qui doit être mise en place, et plusieurs pays, dont le Canada, sont en train d’y réfléchir. »
Il y a aussi l’encadrement des activités des vertiports, enchaîne-t-il : « On est un peu plus chanceux, parce que la certification des vertiports, généralement, ça va commencer par quelque chose de semblable à celle des héliports, mais elle doit être adaptée », dit-il,notant que la taille et le bruit sont « beaucoup plus importants » avec un hélicoptère qu’avec les eVTOL.