Il faut prendre le virage électrique
Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Environnement
Pour réduire notre empreinte énergétique en matière de transport, nous avons plusieurs choix devant nous. Avec l’hydroélectricité abondante au Québec, il va de soi que les différents types de mobilité électrique font partie de la solution.
« Il y avait un enjeu économique à aller vers les véhicules électriques, mais il est en train de tomber parce qu’ils coûtent de moins en moins cher et la hausse du prix de l’essence accélère le virage », affirme Christian Savard, directeur général de Vivre en Ville.
Il souligne tout de même qu’avoir un gros véhicule fait partie d’une certaine norme sociale actuellement. « Je pense qu’il faudra remettre en question cette norme, indique-t-il. Si on change son véhicule, c’est bien de penser à aller vers un véhicule électrique, mais aussi, d’aller vers un plus petit format, sans négliger de se demander si on a vraiment besoin de ce véhicule. »
Il remarque que si l’autopartage, avec Communauto, a été une vraie petite révolution en matière de transport, le vélo électrique pourrait bien être la prochaine. « Il décuple les possibilités pour le vélo parce qu’il permet de se rendre plus loin avec moins d’efforts et il est beaucoup moins cher qu’une voiture, il se stationne plus facilement, il se recharge très rapidement. L’idéal serait aussi d’aller vers le partage de ces vélos. »
Craquer pour le vélo électrique
C’est exactement l’objectif de la campagne Vélovolt d’Équiterre. Elle souhaite montrer le potentiel du vélo à assistance électrique pour remplacer l’auto en solo afin de réaliser ses déplacements quotidiens.
« C’est un mode de transport actif même s’il est moins exigeant que le vélo classique. C’est une très bonne alternative à l’auto en solo et c’est encore plus vrai pour les gens qui n’ont pas facilement accès au transport en commun », affirme Agnès Rakoto, gestionnaire de projet en mobilité chez Équiterre.
Vélovolt, réalisée avec l’Association des centres de gestion des déplacements du Québec, prête donc des flottes de vélos à assistance électrique à des organisations pour qu’elles les mettent à la disposition de leurs employés. Huit organisations participent au programme.
« Elles ont chacune une flotte de cinq vélos pour trois mois et elles font un roulement des vélos auprès de leurs employés afin qu’ils puissent les essayer pendant quelques semaines pour réaliser leurs déplacements quotidiens », explique Agnès Rakoto.
Les vélos sont aussi équipés de traceurs qui collectent des données pour la Chaire de recherche Mobilité de Polytechnique Montréal. Cela permettra de mieux comprendre l’usage du vélo à assistance électrique afin de pouvoir mettre en place les bons leviers dans les différentes villes pour augmenter son utilisation.
L’objectif est non seulement que les gens qui ont essayé ces vélos soient par la suite tentés de s’en acheter un, mais aussi que les organisations se procurent des flottes pour les mettre à la disposition de leurs employés.
« Nous faisons un travail de mobilisation des différents acteurs pour aller vers le partage des vélos et vers un appui à l’acquisition individuelle, dit-elle. Par exemple, en France, lorsque quelqu’un met au rebut sa vieille voiture, il a un incitatif financier pour s’acheter un vélo électrique dans le but de réduire le parc automobile. Cette initiative pourrait être une inspiration pour le Québec. »
Des véhicules fabriqués au Québec
Alors que la tendance est à l’achat local, c’est aussi ce que met en avant Propulsion Québec, la grappe des transports électriques et intelligents.
« Si on choisit l’autobus électrique, le vélo électrique, des camions électriques pour les livraisons, c’est bon pour réduire son empreinte énergétique, mais c’est bon aussi pour l’économie du Québec parce qu’on fabrique tous ces types de véhicules dans la province », affirme Sarah Houde, présidente-directrice générale de Propulsion Québec.
Elle précise que notre balance commerciale est plombée par deux choses : l’importation de voitures et celle de pétrole.
« Arriver à aller vers d’autres modes de transport améliorerait nettement notre sort d’un point de vue environnemental et économique, affirme-t-elle. On dit aux gens d’acheter des pommes du Québec à la place de celles cultivées en Californie, alors on peut aussi leur dire de choisir leurs modes de transport en fonction de ce qu’on fabrique au Québec. Ça peut les encourager à changer leurs comportements. »
Lorsque le vélo électrique élimine une des deux voitures
Est-ce rêver en couleur de penser pouvoir convaincre les ménages de troquer une de leurs deux voitures contre des vélos électriques ? Non.
Véronique Martin en est la preuve vivante. Mère de deux enfants au primaire, elle a acheté une maison l’automne dernier à Gatineau avec son nouveau conjoint. « Dans nos critères de recherche, il était très important qu’elle soit à proximité des services, des transports en commun et des pistes cyclables pour ne pas dépendre que de la voiture, explique-t-elle. Et, malgré le marché difficile pour les acheteurs, nous avons trouvé. »
Alors que Véronique et son conjoint avaient chacun leur voiture, en déménageant ensemble, ils trouvaient ridicule de garder les deux. « Pour des gens qui veulent réduire leur empreinte, nous trouvions que ce n’était pas très cohérent », indique-t-elle.
C’est ainsi qu’ils ont décidé de vendre l’une des deux voitures et, avec l’argent reçu, d’acheter deux vélos électriques. « Nous travaillons à près de 15 kilomètres de notre maison, alors à vélo classique, le trajet peut prendre une heure, précise-t-elle. Lorsqu’il fait chaud, nous arrivons trempés au travail. Ça me décourageait souvent. »
Le vélo électrique vient changer la donne. « Je roule à environ 20 km/h en continu sans fournir trop d’efforts et en plus, c’est très agréable, affirme-t-elle. C’est beaucoup moins frustrant que d’être pris dans les bouchons de circulation en voiture et moins contraignant que l’autobus qui ne passe pas toutes les cinq minutes. »
Mais le couple remisera ses vélos électriques l’hiver et utilisera davantage l’autobus et le covoiturage. « Nous allons reconduire les enfants à l’école à pied, détaille Véronique. Et nous continuons à utiliser notre voiture, bien sûr, mais le vélo électrique est venu s’ajouter à nos modes de transport. »
Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.