Nouvelle hausse de coûts pour l’aménagement de la place des Montréalaises

Lundi dernier, le conseil municipal a approuvé une nouvelle hausse du budget qui portera la facture totale du projet à 98,8 millions de dollars.
Lemay + Angela Silver + SNC-Lavalin via La Ville de Montréal Lundi dernier, le conseil municipal a approuvé une nouvelle hausse du budget qui portera la facture totale du projet à 98,8 millions de dollars.

Avec deux ans de retard, le chantier de la place des Montréalaises sera lancé dans les prochains jours. Mais la facture du projet a encore grimpé et atteindra près de 100 millions de dollars, en raison notamment de l’obligation pour la Ville de Montréal d’acheter plusieurs terrains du ministère des Transports du Québec (MTQ), ce qui n’avait pas été prévu dans les plans initiaux.

Legs pour le 375e anniversaire de Montréal en 2017, le recouvrement d’un segment de 125 mètres de l’autoroute Ville-Marie avait coûté 68 millions au gouvernement du Québec. La Ville comptait ensuite aménager ce nouvel espace public, baptisé la place des Montréalaises. En 2018, elle estimait les coûts du projet à 62,4 millions. Deux ans plus tard, la facture avait grimpé à 81 millions, compte tenu de modifications apportées au projet, dont l’ajout des travaux de démantèlement du tunnel piétonnier.

Lundi dernier, le conseil municipal a approuvé une nouvelle hausse du budget, qui portera la facture totale du projet à 98,8 millions de dollars.

Achat de terrains

 

La Ville explique que cette augmentation est attribuable en partie à son achat au coût de 6,4 millions de terrains situés aux abords de la bretelle de sortie de l’autoroute Ville-Marie. Initialement, le MTQ devait demeurer propriétaire de ces terrains et accorder des droits de construction à la Ville de Montréal. Les services juridiques du MTQ et de la Ville ont finalement convenu que ce modèle n’était pas idéal. « D’un commun accord, une stratégie a été trouvée », explique le responsable de l’urbanisme au comité exécutif, Robert Beaudry. « Pour la Ville, faire des investissements sur des terrains qui ne lui appartiennent pas, ce n’est pas une excellente idée. Pour le MTQ, si une problématique survient sur un de leurs terrains, ce n’est pas non plus agréable. Ils ont donc convenu de faire le contraire : les terrains seront vendus à la Ville, et il y aura une servitude du MTQ. »

D’autres éléments ont fait augmenter la facture. La Ville a notamment intégré au projet l’aménagement de l’emprise de l’avenue de l’Hôtel-de-Ville, ce qui augmentera la superficie de la place des Montréalaises. Le report des travaux, la pandémie et l’augmentation récente des prix dans le marché de la construction ont aussi fait grimper les coûts. Quant à la démolition du tunnel piétonnier, il n’aura pas d’incidence sur les dépenses assumées par la Ville, précise Robert Beaudry. « C’était censé être fait par une autre unité administrative. C’est un vase communicant. Sur le budget de la Ville, ça n’a pas d’impact, mais ça entre dans la portée du projet », explique-t-il.

Robert Beaudry ne s’attend pas à d’autres augmentations de coûts. « Plus un dossier avance, plus le budget se raffine », souligne-t-il.

Hommage aux bâtisseuses

 

Conçue selon les plans de Lemay, Angela Silver et SNC-Lavalin, les firmes qui avaient remporté le concours international d’architecture de paysage, la place des Montréalaises rendra hommage aux 14 victimes de la tuerie de Polytechnique ainsi qu’aux bâtisseuses de Montréal, parmi lesquelles Jeanne Mance, cofondatrice de Montréal, Marie-Josèphe-Angélique, esclave noire qui fut accusée d’avoir provoqué l’incendie de Montréal en 1734, Myra Cree, Autochtone d’origine mohawk, et la féministe Idola Saint-Jean.

Cette esplanade recréera aussi un lien entre les abords de la station de métro Champ-de-Mars et l’hôtel de ville, tout en réparant la cicatrice créée au début des années 1970 par la construction de l’autoroute Ville-Marie. La nouvelle esplanade comprendra un pré fleuri, une œuvre miroir en hommage à 21 Montréalaises ainsi qu’une passerelle piétonne qui remplacera l’ancien passage souterrain.

Les travaux d’aménagement de ce nouvel espace public devraient se terminer à la fin de 2024.

Un marché public

 

Membre de l’Association des résidants du Vieux-Montréal, Fiona Ham est enthousiaste à l’égard du projet. Elle souhaiterait cependant que la Ville prévoie l’implantation d’un marché ouvert 24 heures sur 24 et sept jours par semaine pendant l’été, semblable à celui qui se trouve aux abords de la station de métro Mont-Royal. « Vu la présence du CHUM à côté, je pense qu’il serait important d’avoir un marché 24/7, d’autant que dans la partie est du Vieux-Montréal, il est parfois difficile d’avoir accès à des fruits et légumes. Je soulève cette question chaque fois qu’on a des rencontres avec la Ville », note-t-elle.

La question de l’itinérance préoccupe aussi les résidents du secteur. Une équipe de travailleurs sociaux est déjà déployée dans la zone de la future place des Montréalaises et du square Viger, mais l’association souhaite que la Ville porte une attention particulière aux questions de cohabitation et maintienne les services offerts à la population itinérante, souligne Fiona Ham.

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