Des citoyens de Pointe-Saint-Charles crient victoire

À l’origine, 60 condos de trois étages devaient être construits le long de la rue Sainte-Madeleine, à 12 mètres du Bâtiment 7.
Photo: Marie-France Coallier Le Devoir À l’origine, 60 condos de trois étages devaient être construits le long de la rue Sainte-Madeleine, à 12 mètres du Bâtiment 7.

La « muraille » de condos qui devait être érigée à quelques mètres du Bâtiment 7, un ancien immeuble industriel réhabilité de Pointe-Saint-Charles à Montréal, ne verra pas le jour. L’arrondissement du Sud-Ouest a réussi à s’entendre avec le propriétaire du site des anciens Ateliers du CN, le Groupe Mach, pour que l’édifice soit entouré d’espaces verts plutôt que de logements, un dénouement au goût de victoire pour les citoyens qui se mobilisent depuis dix ans.

Les élus du Sud-Ouest ont approuvé lundi la révision de l’accord de développement conclu en 2012 visant le vaste terrain des anciens Ateliers du CN. Après de longues négociations, les parties ont convenu de répartir différemment les condos sur le site afin d’éviter d’enclaver le Bâtiment 7, qui abrite depuis mai 2018 un centre géré par un collectif citoyen. On trouve notamment dans cet immeuble une épicerie à but non lucratif, une microbrasserie et un atelier de réparation de vélos.

Membre du collectif citoyen du Bâtiment 7, Lise Ferland y voit l’aboutissement d’une longue et laborieuse bataille. « S’il y a eu des modifications à l’accord de développement, c’est parce qu’on a fait des pressions auprès du promoteur et de l’arrondissement pour revenir à une solution qu’on avait déjà proposée en 2011, mais qui avait été mise de côté, dit-elle. Le Bâtiment 7 est un milieu de vie où il y a beaucoup de circulation. Alors, on ne pouvait pas l’enclaver derrière une muraille de logements. »

Rappelons qu’à l’origine, 60 condos de trois étages devaient être construits le long de la rue Sainte-Madeleine, à 12 mètres du Bâtiment 7.

Échange de terrains

 

Le maire du Sud-Ouest, Benoit Dorais, reconnaît que le processus de négociations a été long, mais il a permis d’arriver à des solutions qui, tout en respectant les paramètres du règlement voté en 2012, évitent que le projet fasse l’objet d’une nouvelle consultation devant l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), ce qui aurait allongé les délais davantage.

En vertu de la nouvelle entente, la superficie du parc prévu au milieu du site sera un peu réduite. En revanche, des espaces verts pourront être aménagés à proximité du Bâtiment 7. Le Groupe Mach a de son côté modifié la disposition des immeubles à construire et leur emprise au sol. « On est vraiment allés chercher des éléments pour que la Ville ait la quantité de parcs qu’on voulait », indique M. Dorais.

Comme convenu, la Ville fera aussi l’acquisition d’un terrain connu sous le nom du Lot 5 pour une somme de près de 1,7 million. Une ruelle bleue et verte, permettant la gestion des eaux de ruissellement, sera aménagée à proximité du Bâtiment 7. En tout, le site comptera 7400 mètres carrés de parc.

D’autres demandes ont été faites au promoteur, dont l’ajout d’arbres de plus grand gabarit et le verdissement du talus acoustique.

Terrain à un dollar

Rappelons que les vastes terrains du CN couvrant 33 hectares ont été utilisés jusqu’en 2003 par Alstom, avant d’être vendus pour la somme d’un dollar au Groupe Mach, appartenant à l’homme d’affaires Vincent Chiara, en 2006. Celui-ci s’engageait alors à décontaminer les terrains.

Comme d’autres édifices sur le site, le Bâtiment 7, situé près de la rue Le Ber, était à l’abandon. Pendant près de 10 ans, le « Collectif 7 à nous » a milité pour se réapproprier cet immeuble, qui lui a finalement été cédé par le Groupe Mach.

Le Groupe Mach est aussi satisfait d’avoir conclu une nouvelle entente qui permettra à son partenaire, le promoteur Samcon, de relancer la construction résidentielle. Le site comptera 925 logements, dont 215 logements sociaux. La plupart des immeubles seront de trois étages et demi et quatre d’entre eux s’élèveront sur une hauteur de huit étages. Des logements abordables sont également prévus selon des modalités à convenir avec la Ville.

Le projet devrait être achevé d’ici sept à huit ans, à un rythme d’une centaine de logements par année, a précisé Cédric Constantin, vice-président au développement immobilier du Groupe Mach. « Ce qu’on vise pour le moment, c’est de commencer par les logements sociaux, qui pourraient être mis en chantier cet été », dit-il. 

Comme il s’agit d’un site ayant accueilli des ateliers ferroviaires, il est lourdement contaminé et des travaux de décontamination devront être réalisés au préalable.

Les activités du Bâtiment 7 ont été ralenties par la pandémie, mais le collectif prévoit toujours l’ouverture d’une garderie et la réalisation d’un projet d’agriculture urbaine. « C’est compliqué, mais ça ne remet pas en question la pertinence et la survie du Bâtiment 7 », soutient Lise Ferland.

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