Projet de tours à condos devant la place Émilie-Gamelin

Montréal envisage d’autoriser la démolition de cinq bâtiments situés sur la rue Sainte-Catherine Est, dans le secteur de la place Émilie-Gamelin, afin de permettre la construction de deux immeubles à condos de 19 étages de part et d’autre de la rue Saint-Hubert. L’opération forcera les locataires, parmi lesquels le restaurant Da Giovanni, à se relocaliser temporairement.
La Direction de l’aménagement urbain et de la mobilité de l’arrondissement de Ville-Marie recommande au comité de démolition d’approuver la destruction des cinq immeubles de la rue Sainte-Catherine Est situés entre les rues Labelle et Saint-Christophe. Il estime que ces bâtiments de deux étages présentent peu d’intérêt patrimonial.
Le propriétaire, la Société en commandite Poggi II, souhaite y construire deux immeubles. D’une hauteur de 60 mètres, la nouvelle tour à l’ouest de Saint-Hubert et adjacente à l’immeuble d’Archambault comporterait 19 étages et 258 logements, dont 48 studios et 13 appartements de trois chambres à coucher. Le bâtiment situé à l’est de Saint-Hubert, en face de la Place Dupuis, s’élèverait aussi sur 19 étages. Il compterait 223 logements, dont 54 studios et 11 appartements de trois chambres à coucher. Des espaces commerciaux sont prévus au rez-de-chaussée des deux tours.
Le Comité consultatif d’urbanisme (CCU) a déjà étudié les dossiers à deux reprises et a formulé quelques recommandations. Il demande notamment qu’une étude d’impact éolien soit réalisée et que les effets sur l’ensoleillement de la place Émilie-Gamelin soient détaillés. Il recommande aussi la relocalisation des locataires. Plusieurs commerces ont déjà fermé leurs portes dans ce secteur au cours des derniers mois parmi lesquels le restaurant McDonald’s, La Maison de la presse et le bar L’Escalier.

Lors d’une présentation virtuelle des projets, l’architecte de la Division de l’urbanisme de l’arrondissement, Francis Lefebvre, a rappelé que la construction de la station de métro Berri-de-Montigny avait entraîné la démolition, dans les années 1960, de l’Asile de la Providence. Le site a été transformé en stationnement jusqu’à l’aménagement de la place Émilie-Gamelin en 1992. « Depuis cette époque, le zonage a été modifié pour permettre l’encadrement de la place [Émilie-Gamelin] par des bâtiments plus imposants que ceux qui existent à l’heure actuelle », a-t-il expliqué.
Le restaurant Da Giovanni
Le projet de démolition des immeubles a été accueilli avec déception au restaurant Da Giovanni, mais cela n’entraînera pas la fermeture de cette institution, a indiqué au Devoir la propriétaire Kiki Dranias. Dans deux mois, l’établissement déménagera temporairement dans un immeuble situé plus à l’est, sur Sainte-Catherine Est, et compte revenir à son ancienne adresse une fois le nouvel immeuble construit.
Mme Dranias admet toutefois que les temps sont durs. La pandémie a obligé le restaurant à se tourner vers les livraisons et les commandes à emporter. Le télétravail et la désertion des bureaux ont vidé le centre-ville. « C’est très difficile avec la pandémie. On a travaillé tellement fort, moi et mon équipe, pour garder cette institution », dit-elle.
Mme Dranias entend bien conserver l’enseigne de son restaurant. C’est d’ailleurs une des recommandations du CCU qui a demandé sa réintégration au futur site du restaurant. Rappelons qu’en novembre dernier, l’arrondissement de Ville-Marie avait sélectionné 19 enseignes commerciales qu’il souhaitait préserver en raison de leur d’intérêt patrimonial. L’enseigne du restaurant Da Giovanni, avec son lettrage rouge sur fond jaune, en faisait partie.
Le Comité de démolition de Ville-Marie se prononcera sur ces dossiers le 3 février prochain. Toute personne désireuse de s’opposer à ces démolitions a jusqu’au 25 janvier pour le faire.