Malgré la polémique, le REV sur Saint-Denis ira de l’avant, dit Valérie Plante

Valérie Plante n’entend pas reculer au sujet de l’aménagement du Réseau express vélo (REV) de la rue Saint-Denis malgré la polémique. Le projet d’« autoroutes pour vélos » était l’une des principales promesses électorales de son parti en 2017, a rappelé la mairesse.
« Le REV était dans ma plateforme électorale en 2017. J’ai été élue en disant qu’on allait faire le REV. Alors, on ne reculera pas », a-t-elle fait valoir jeudi, en marge d’une annonce concernant l’ouverture de nouvelles ressources en itinérance.
Selon la mairesse, il est faux de dire que les commerçants n’ont pas été consultés au sujet des nouveaux aménagements. Elle estime que ce dossier donne lieu à beaucoup de « désinformation ». « Une chose que je déplore, c’est que la parole est laissée essentiellement à ceux qui sont mécontents. Je pense qu’il y a de la désinformation et je trouve ça bien dommage, a-t-elle dit. Depuis le début, notre administration montre une grande sensibilité face aux commerçants », a-t-elle ajouté en évoquant les subventions offertes aux commerçants et l’aménagement de voies actives sécuritaires (VAS).
Seuls quelques espaces de stationnement seront retirés sur la rue Saint-Denis et les clients pourront continuer de venir sur l’artère, a-t-elle assuré. À son avis, le statu quo ne pouvait plus durer. « Ça fait 10 ans qu’on ne fait rien et la Saint-Denis ne va pas bien. Il faut penser à l’extérieur de la boîte. On y a bien réfléchi. On a vu ce qui se faisait ailleurs. On se lance. »
Plus tôt cette semaine, une soixantaine de commerçants de la rue Saint-Denis avaient dénoncé l’arrivée du REV dont les travaux doivent commencer après la fête du Travail. Ces aménagements cyclistes quatre saisons nuiront aux affaires sur cette artère déjà fragilisée, ont-ils soutenu.
Boycott
Un cycliste a d’ailleurs lancé un appel au boycott des commerçants récalcitrants. Sur la page web « Boycott Montréal », il a répertorié les commerces s’étant prononcés contre les aménagements pour vélos afin d’inciter les cyclistes à ne pas les fréquenter.
Valérie Plante ne croit pas que cette stratégie soit la bonne. « Le boycott, pour moi, n’est absolument pas la solution. Il faut aider nos commerçants », a-t-elle dit.
Cette initiative n’est pas endossée par l’ensemble des cyclistes, soutient Pierre Rogué, fondateur de l’Association pour la mobilité active de Rosemont–La Petite-Patrie (AMARPP). « Ce n’est pas une action concertée des cyclistes. C’est un acte isolé d’une personne seule qui fait ça dans son coin. Ce n’est pas la communauté cycliste du tout, avance-t-il, tout en disant comprendre leur position. « Nous, ce qu’on veut dire aux commerçants, c’est qu’on va aller chez eux. »
Le problème, estime-t-il, c’est que les projets du REV ne sont pas présentés de façon positive dans les médias et que les opinions négatives s’appuient sur de fausses assises. « Les études de circulation démontrent qu’on ne prend plus son auto de Boucherville pour venir magasiner sur la rue Saint-Denis. »
Selon lui, les commerçants se tirent dans le pied en affirmant que les automobilistes ne pourront plus s’y rendre et en excluant les cyclistes : « Le message qu’ils envoient, c’est que ça ne vaut pas le coup d’aller sur Saint-Denis ».
Cycliste militant, Mathieu Murphy-Perron estime que les deux tactiques se justifient. Lui-même se range plutôt du côté des cyclistes qui comptent boycotter les commerçants opposés aux voies cyclables. « Si j’ai le choix de dépenser de l’argent chez un commerçant qui reconnaît que les cyclistes ont une place en ville et qu’on est des consommateurs comme n’importe qui d’autre, je vais aller chez lui. »