La Villa Livernois ravagée par les flammes

La maison patrimoniale, construite pour le renommé photographe Jules-Ernest Livernois en 1905, a été ravagée par les flammes, dimanche, à Québec, se désole un groupe qui souhaitait sauvegarder la Villa Livernois.
« Je trouve cela d’une désolation inouïe », déplore l’historienne Catherine Ferland, de la Société d’histoire Les Rivières, qui est aussi l’une des animatrices de la page Facebook « Sauvons la villa Livernois ». Elle dénonce ce qu’elle dit être un exemple « du laisser-aller qu’on observe un peu partout au Québec à plusieurs niveaux quand il est question du patrimoine bâti ».
Dimanche matin, un appel a été fait au 911 vers 10 h 30 concernant la présence de flammes dans le bâtiment désaffecté et placardé du quartier Duberger–Les Saules. Le creusage de tranchées a permis d’éviter la propagation des flammes aux bâtiments connexes de la propriété située sur la rue Masson.
Comme la structure interne de la villa était trop instable, les pompiers ont dû recourir à une pelle mécanique pour poursuivre leur travail, a expliqué au Devoir un porte-parole du Service incendie de la Ville de Québec, Bill Noonan. Il ajoute qu’au plus fort de l’incendie, 65 pompiers étaient sur place. « On est obligés de démolir au complet », a-t-il expliqué. Les pompiers ont réussi à éteindre les derniers foyers d’incendie vers 18 h 30, dimanche.
L’enquête pour déterminer les causes de l’incendie a été confiée au Service de police de la Ville de Québec, en collaboration avec le Commissariat aux incendies. L’hypothèse criminelle n’a pas été écartée.
Un « flou juridique »
La maison d’architecture néo-Renaissance italienne possédait une « valeur patrimoniale supérieure », selon la Ville de Québec. Elle ne bénéficiait toutefois d’aucune protection à cet effet. « Le gros problème de la loi en ce moment est que, d’un côté, on peut décréter qu’un bâtiment est d’un intérêt patrimonial élevé, mais cela ne s’assortit d’aucune contrainte pour le propriétaire, ça ne s’assortit pas non plus d’obligations de maintenir en état », explique Mme Ferland.
L’historienne fait également état d’un « flou juridique » dans la loi de protection du patrimoine. « Du côté du ministère de la Culture, ce qu’on nous avait dit, c’est : “on ne peut rien faire, c’est la Ville”. À la Ville on dit : “non, on ne peut rien faire, c’est au ministère” », illustre Mme Ferland.
Afin que d’autres bâtiments patrimoniaux ne subissent pas le même sort que la Villa Livernois, Mme Ferland suggère d’ailleurs une réflexion collective et des états généraux sur la préservation du patrimoine bâti. « Qu’est-ce qu’on veut préserver ? Qu’est-ce qu’on doit faire concrètement ? Comment le municipal peut parler au provincial ? Comment on peut mettre en place des structures pour éviter ce genre de chose ? » soulève-t-elle.
« Au rythme où ça va, au rythme où les clochers tombent, où les moulins tombent, où les bâtiments patrimoniaux tombent, c’est pas mal plus sous le poids de notre indifférence que sous le pic des démolisseurs », illustre-t-elle.
Au moment où ces lignes étaient écrites, le ministère de la Culture et des Communications n’avait pas répondu aux demandes d’entrevue du Devoir.