Il est temps d’agir: nos espaces naturels disparaissent!

Dans son dernier plan d’urbanisme, Montréal s’est fixé un objectif officiel très concret : protéger les milieux naturels sur 10 % de son territoire. Chaque point de pourcentage représente 500 hectares de milieux terrestres, soit deux fois et demie la superficie du mont Royal.
À l’heure actuelle, moins de 6 % du territoire de l’agglomération est protégé. Pour atteindre le 10 %, il faudra protéger plus de 2000 hectares sur l’île de Montréal. En raison de l’étalement urbain qui depuis des décennies dévore le peu de milieux naturels qui subsistent encore, cet engagement signifie que chaque espace naturel montréalais doit être préservé !
En signant les accords de Nagoya en 2010, le Canada s’est engagé à préserver les milieux naturels sur 17 % de son territoire, ainsi qu’à restaurer 15 % de ses zones dégradées. Selon Environnement Canada, le pays protège maintenant 10 % de son territoire terrestre. Dans le classement du Conference Board paru le 21 avril 2016, qui compare la performance environnementale du Canada à celle de 15 pays semblables, le Canada obtient un « D ».
Si le Canada obtient la cote « D » en protégeant 10 % de son territoire terrestre, tandis que l’objectif international est de 17 %, alors Montréal, avec moins de 6 % de protection, s’affiche comme le cancre de la classe.
Milieux humides
Voilà pourquoi le groupe de citoyens Sauvons l’Anse-à-l’Orme et la Coalition verte ont exigé, à la fin juin, l’arrêt immédiat de toute construction dans Sainte-Anne-de-Bellevue-Nord et Pierrefonds-Ouest.
Deux projets de construction majeurs menacent la biodiversité du corridor écoforestier de l’Anse-à-l’Orme. À Pierrefonds, 185 hectares de prairies humides d’une haute valeur écologique sont menacés par un complexe immobilier de près de 6000 logements, entraînant la disparition d’habitats pour des espèces rares ou en péril. La même dévastation risque maintenant de s’étendre à 90 hectares de milieux humides et de forêts à Sainte-Anne-de-Bellevue. Depuis une génération, le Canada a ainsi perdu 90 % de ses milieux humides en zone urbaine.
Après un retard causé par les graves inondations d’avril et de mai, la consultation publique de l’OCPM s’est terminée le 9 juin. Durant ces audiences, plus de 250 participants ont soutenu massivement la préservation à 100 % du corridor de l’Anse-à-l’Orme. Les citoyens ont catégoriquement rejeté les plans du promoteur de construire une nouvelle ville sur les 185 hectares de prairies humides de l’Anse-à-l’Orme, à Pierrefonds-Ouest.
Inondations
Lors des auditions, plusieurs témoignages se sont accordés pour souligner que, chaque année, ces 185 hectares de prairies humides absorbent au printemps d’énormes quantités d’eau et qu’une fois remplacées par des surfaces artificielles, il n’y aurait plus de rétention d’eau soutenue : au contraire, des inondations massives se produiraient.
Le Devoir publiait le 29 juin, en page Idées, un texte de Karel Mayrand et Jérôme Dupras, respectivement de la Fondation David Suzuki et de l’Université du Québec en Outaouais (« Il faut favoriser les infrastructures naturelles »). D’après ces experts, les inondations de 2017 « ont été aggravées notamment par le déboisement, la perte de milieux humides et l’artificialisation des berges ». Les auteurs signalent que la ville de New York a pris le bon virage en 2010 en favorisant la régénération des milieux humides, car ces derniers agissent « comme des éponges pour retenir l’eau de pluie et réduire le ruissellement ».
Alors que New York régénère ses friches industrielles, Pierrefonds et Sainte-Anne-de-Bellevue s’apprêtent à sacrifier les milieux humides naturels qui sont là, déjà, devant leurs yeux ! En appréciant à leur juste valeur l’importance des milieux humides, New York avance depuis 2010.
Les mauvaises décisions du maire de Montréal et de son comité exécutif, maintenant et par le passé, expliquent pourquoi Montréal se classe au dernier rang des villes canadiennes en ce qui a trait au pourcentage d’espaces naturels par habitant.
Sauvons l’Anse-à-l’Orme et la Coalition verte exigent de nos élus qu’ils respectent le patrimoine naturel remarquable de Montréal. Nous exigeons de nos élus qu’ils préservent l’emblématique patrimoine de notre région métropolitaine, qui abrite la plus grande biodiversité de tout le Québec, en créant le « grand parc de l’Anse-à-l’Orme ».