L’horticulture en période électorale

L’horticulture n’est pas un thème populaire en campagne électorale. Pourtant, les nombreux bénéfices apportés par les plantes sont immenses et les retombées économiques de cette industrie sont importantes.
Selon un rapport publié en 2005 et intitulé Revue de la littérature sur les bienfaits des produits de l’horticulture ornementale sur la santé et l’environnement, réalisé par le Groupe de réflexion indépendant canadien sur l’agroalimentaire, le George Morris Centre, les plantes procurent de multiples bienfaits sur les plans de l’économie, de l’environnement et du mode de vie.
Du point de vue économique, elles aident les municipalités à réduire leurs coûts d’entretien, à tirer de nouvelles retombées des parcs et des équipements sportifs, puis à créer une augmentation du tourisme. Quant aux avantages environnementaux, ils sont fondamentaux ; les plantes modèrent les extrêmes climatiques urbains, produisent de l’oxygène, séquestrent le carbone, réduisent la pollution, améliorent la gestion de l’eau, etc. Enfin, l’impact des plantes sur notre mode de vie est considérable : elles diminuent le stress et augmentent la productivité, ont un effet apaisant, réduisent l’inconfort, rehaussent la satisfaction et le bien-être, font baisser l’agressivité et la violence, et procurent des espaces de loisirs.
Souvent sous-estimée, l’importance économique de l’industrie horticole montre pourtant quelques chiffres qui ont de quoi étonner. D’après le rapport réalisé en 2009 par la firme d’experts-conseils Deloitte, intitulé L’incidence de l’horticulture ornementale sur l’économie du Canada, le Québec se classe bon deuxième derrière l’Ontario avec des répercussions financières directes de l’industrie de 1,493 milliard de dollars et une répercussion indirecte sur l’emploi de 24 759 personnes. L’incidence totale sur l’économie du Québec est de 3,095 milliards de dollars et de 37 513 emplois. L’apport économique de l’industrie horticole est loin d’être négligeable ; alors, pourquoi en parle-t-on si peu ?
Des questions
La Fédération interdisciplinaire de l’horticulture ornementale du Québec (FIHOQ) a pris la décision d’interpeller les partis politiques au nom de l’industrie. Quatre questions ont été élaborées, dont une concernant le citoyen. Le projet de loi 47 sur l’aménagement durable du territoire et l’urbanisme revoit les règles existantes en cette matière. On y propose de densifier les milieux urbains afin d’optimiser l’utilisation du territoire.
Lors des consultations sur l’avant-projet de loi, la FIHOQ a déposé un mémoire conseillant l’inclusion dans la loi ou dans les recommandations gouvernementales d’une obligation pour les municipalités de prévoir l’implantation d’infrastructures vertes afin d’atténuer les effets néfastes d’une telle densification sur la santé et la qualité de vie des citoyens.
Qu’est-ce que des infrastructures vertes ? Une interconnexion de différents types de technologies : les toits et murs verts, l’agriculture urbaine, les systèmes végétalisés de gestion des eaux pluviales, les ruelles vertes, les corridors verts, etc. Ces infrastructures fournissent de nombreux services environnementaux et améliorent grandement la qualité de vie.
L’une des questions de la FIHOQ est la suivante : « Quelle est la position de votre parti en ce qui concerne l’imposition dans la loi ou tout autre document gouvernemental de l’obligation pour les municipalités de prévoir, dans les plans et règlements d’urbanisme, l’implantation d’infrastructures vertes ? »
Cette question nous interpelle, car il n’y a aucun doute : pour que la ville soit agréable et saine et qu’on ait envie d’y vivre, la verdure est essentielle.
Les questions de la FIHOQ ont été envoyées le 7 août dernier à chaque parti. Le 28 août, deux d’entre eux y avaient répondu. Pour Québec solidaire, l’inclusion de cette obligation dans la Loi sur l’aménagement durable du territoire et l’urbanisme semble un bon moyen pour obtenir plus d’infrastructures vertes. Toutefois, le parti n’a pas pris position sur cette mesure dans ses instances.
Quant au Parti québécois, on préfère a priori miser sur le dialogue, les mesures incitatives et le respect de l’autonomie municipale, mais le parti n’est pas contre une telle obligation si cela s’avérait nécessaire pour atteindre des objectifs nationaux.
Permaculture au Québec
Merci aux nombreux lecteurs qui ont pris le temps de m’écrire pour me donner le nom d’entreprises qui appliquent les principes de la permaculture. Marc-André Brochu a mentionné Les Fermes Miracle à Huntingdon ; Anne Fortin et Andrée Deschênes sont propriétaires du Jardin des Pèlerins à Saint-André de Kamouraska ; Wen Rolland gère le Jardin collectif de Saint-Jérôme.
Aussi, Bernard Alfonso, formateur en permaculture, précise qu’il y a plusieurs autres petits projets à travers le Québec. Il mentionne également qu’au moins une fois par année, une formation de 72 heures est donnée sur le sujet ; ce cours est organisé par la Reconstruction harmonieuse de l’agriculture (RHA).
Il ajoute aussi que, dans le milieu anglophone, plusieurs mouvements existent, en particulier à l’Université McGill. De plus, deux compagnies réalisent des aménagements paysagers selon cette approche: Croque Paysage à Val-David et Écomestible à Sherbrooke.
Des questions sur votre jardin ? N’hésitez pas à me contacter à lgobeille@ledevoir.com
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Pour votre bibliothèque
Aménagements paysagers
Guide Réno
Broquet
2012, 96 pages
Traduction de l’ouvrage américain Home Landscaping, paru en 2009, Aménagements paysagers présente étape par étape comment réaliser un aménagement. Classique dans son approche de l’architecture du paysage, ce livre à petit prix donne de bonnes techniques pour faire soi-même son aménagement. Il explique par exemple comment installer un système d’irrigation ou réaliser un muret de pierre. Les connaissances essentielles pour jardiner sont présentées, il s’agit donc d’un bon livre de base. Par contre, il faut faire attention aux listes de plantes proposées, car il y a des erreurs quant à la rusticité de certains arbres.
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À l’agenda
Romans des bois
Alain Stanké a aimé, écrit et édité des livres toute sa vie. Aujourd’hui, se sentant un peu coupable d’avoir contribué à couper tant d’arbres, et depuis toujours habité par l’amour de la nature, voilà qu’il en sculpte. Chaque œuvre originale présentée est accompagnée d’une citation d’un auteur connu ou de l’artiste-écrivain, au total une trentaine. On rit, on sourit et on réfléchit. Une exposition imprégnée d’humour et d’intelligence ; un pur délice ! À la Maison de l’arbre du Jardin botanique de Montréal. Jusqu’au 31 octobre 2012.
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Ce texte fait partie de notre section Opinion qui favorise une pluralité des voix et des idées. Il s’agit d’une chronique et, à ce titre, elle reflète les valeurs et la position de son auteur et pas nécessairement celles du Devoir.