Souffleur de verre pour la science

Depuis 22 ans, Cédric Ginart est le souffleur de verre scientifique attitré de l’Université de Montréal. Dans son petit atelier récemment déménagé sur le nouveau campus MIL, il répond aux commandes des départements de chimie et de physique, pour qui il répare et adapte des pièces, ou s’attelle parfois à d’ambitieux projets expérimentaux, qui nécessitent de créer des pièces uniques sur mesure. Au Québec, ils ne sont pas plus de cinq spécialistes de cette discipline et à peine une trentaine au Canada.

1 Pour créer ce réfrigérant à serpentin, Cédric Ginart a enroulé un tube fin en spirale qu'il a inséré dans un autre tube plus gros. C'est grâce au petit tube de plastique dans sa main droite qu'il est capable de souffler.   Valérian Mazataud Le Devoir
2 Cédric Ginart vient de souder un embout au serpentin. Les pièces chauffées par le chalumeau et sa flamme de 1800 degrés celcius doivent rester en constante rotation pour que la chaleur puisse agir de manière égale. Valérian Mazataud Le Devoir
3 Le travail au tour, qui fait tourner la pièce à vitesse constante, permet à Cédric Ginart de s'attaquer à des pièces plus grosses avec un chalumeau à main. À l'aide de leviers et de volants il peut contrôler la vitesse de rotation et la composition du gaz qui alimente la flamme.   Valérian Mazataud Le Devoir
4 M. Ginart vient de former une ampoule de décantation en utilisant des tubes de verre borosilicate (généralement connu sous l’appellation commerciale pyrex). Valérian Mazataud Le Devoir
5 Une fois le travail au chalumeau terminé, les pièces sont systématiquement recuites à 565 degrés celcius dans un four. À cette température, les molécules de la pièce au complet se réalignent, venant ainsi éliminer les tensions créées par le chauffage localisé. Valérian Mazataud Le Devoir
6 La vision au polariscope permet de constater les zones de tension, et donc de fragilité, d’une soudure récente (à gauche en orange et en rouge), avant que la pièce ne soit recuite au four pour être stabilisée. Valérian Mazataud Le Devoir
7 Aujourd’hui, la majorité de la verrerie de base (tubes, béchers, baguettes…) arrive d’usines chinoises ou indiennes. Le souffleur peut donc se consacrer à des projets plus ambitieux, mais, en contrepartie, la relève des souffleurs scientifiques n’a plus la possibilité d’acquérir de bonnes bases en réalisant ces travaux plus simples.  Valérian Mazataud Le Devoir
8 M. Ginart répare une rampe à vide dont un des robinets est brisé. C'est lors de ses études en biochimie qu'il a découvert le soufflage de verre et a décidé d'en faire sa carrière. «Je travaille avec des scientifiques, alors je dois comprendre ce dont ils ont besoin même si je ne comprend pas leur expérience au complet." Valérian Mazataud Le Devoir
9 M. Ginart dans son atelier à domicile, où il s’adonne à des projets pour des chercheurs, des ingénieurs, des artistes et même des parfumeurs. « La verrerie scientifique, c’est de la plomberie, dit-il en riant. On assemble des tubes entre eux. En art, par contre, on crée vraiment des formes. » Il s’attelle parfois à d’ambitieux projets expérimentaux, qui nécessitent de créer des pièces uniques sur mesure. Valérian Mazataud Le Devoir
10 Dans son atelier à domicile Cédric Ginart «ouvre un pied», une technique basique pour les artistes verriers, mais pas pour les souffleurs scientifiques. Cédric Ginart enseigne son savoir-faire, mais il continue en parallèle à se former à de nouvelles techniques, plus propres au monde de l'art. Valérian Mazataud Le Devoir
11 À gauche : le cochon prend forme à haute température par assemblage de baguettes transparentes et de baguettes de couleur. À droite : Cédric parachève la soudure de la figurine et de fleurs miniatures sur un pied qu’il vient de souffler. Valérian Mazataud Le Devoir

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