Les traitements s’avèrent efficaces contre la maladie de Lyme

Une étude publiée dans le Journal de l’Association médicale canadienne (CMAJ Open) indique que les traitements qu’on administre aux personnes atteintes de la maladie de Lyme fonctionnent très bien. Alors que les cas n’ont cessé d’augmenter au cours des dernières années, particulièrement en Estrie et en Montérégie, cette nouvelle rassurante devrait encourager les gens à consulter le plus rapidement possible après s’être fait piquer afin d’éviter des complications de la maladie, affirme l’auteur principal de cette étude, le Dr Alex Carignan, professeur-chercheur à l’Université de Sherbrooke et spécialiste en microbiologie et en maladies infectieuses au CIUSSS de l’Estrie-CHUS.

Dans le cadre de cette étude, qui s’est déroulée entre 2004 et 2017, 99 % des 272 patients ayant reçu un diagnostic de maladie de Lyme ont vu leurs symptômes résolus à la suite d’un traitement antibiotique administré selon les recommandations de l’Infectious Diseases Society of America (IDSA).

Chez ces sujets, ce sont les signes objectifs de la maladie de Lyme, tels que la paralysie faciale (paralysie de Bell), l’arythmie cardiaque, la méningite et l’inflammation d’une articulation, qui ont disparu après le traitement. Toutefois, « certains symptômes plus subjectifs, comme la fatigue, des problèmes de sommeil et de concentration, [des douleurs musculosquelettiques diffuses, des sensations de fourmillement et d’engourdissement], ont persisté chez environ 10 % de ces patients, qui avaient pourtant été traités », ajoute le Dr Carignan.

Autre élément encourageant : la prise en charge des patients était conforme aux recommandations de l’IDSA dans environ 90 % des cas. « On peut dire que la prise en charge de la maladie de Lyme au Québec est adéquate et comparable à celle prodiguée dans des hôpitaux réputés, comme la Clinique Mayo et à Harvard », affirme le chercheur, qui concède toutefois que des améliorations sont encore nécessaires.

Les auteurs de l’article précisent que la plupart des traitements qui ne respectaient pas à la lettre les lignes directrices de l’IDSA avaient été simplement plus longs que la durée recommandée. « Or, prolonger un traitement antibiotique n’améliore pas le sort des patients et peut même induire des effets secondaires graves, comme l’apparition d’allergies aux antibiotiques et le développement d’infections à Clostridium difficile [qui causent de sérieuses diarrhées]. De plus, si ces antibiotiques sont administrés par voie intraveineuse, des complications liées au cathéter peuvent survenir », souligne le Dr Carignan.

Traiter plus tôt

 

L’étude a également révélé que les patients consultent de plus en plus tôt et qu’ils sont pris en charge et traités plus rapidement. L’intervalle entre l’apparition des premiers symptômes et le moment où les patients ont consulté un professionnel de la santé a raccourci entre 2004 et 2017, passant de 7 à 3,5 jours. Cette réaction rapide des patients explique probablement la diminution du nombre de formes graves de la maladie, avance le chercheur.

Une diminution de l’intervalle entre l’apparition des premiers symptômes et le début du traitement a aussi été observée au fil du temps. « Les patients consultent plus précocement, et les médecins ont une meilleure connaissance de la maladie », ce qui les rend plus prompts à réagir et à entreprendre le traitement, soutient le spécialiste.

Les personnes qui présentent la forme initiale et localisée de la maladie, soit une lésion cutanée (plus précisément un érythème migrant isolé) qui apparaît généralement une à deux semaines après la piqûre, peuvent entamer un traitement antibiotique avant même de subir un test diagnostique, dit-il.

« Il n’est pas recommandé de faire un test à ce moment-là, parce qu’il consiste à mesurer les anticorps que le patient a développés contre la bactérie responsable de la maladie de Lyme. Or, une à quatre semaines s’écoulent avant que les anticorps atteignent une quantité mesurable », explique-t-il.

« Si on lance le traitement dès la présence d’une lésion cutanée, on évitera dans la grande majorité des cas les complications comme la paralysie faciale, l’arthrite et les problèmes cardiaques, comme les arythmies qui peuvent parfois nécessiter des stimulateurs cardiaques de façon temporaire. »

Avant les premiers symptômes

 

On peut aussi consulter son pharmacien ou un médecin de première ligne avant même l’apparition des premiers symptômes. Si la piqûre a eu lieu dans certaines municipalités désignées par le ministère de la Santé et des Services sociaux comme posant un risque d’acquisition de la maladie de Lyme, et qu’elle répond à certains critères, on peut recevoir un traitement préventif qui diminue les risques que l’on développe la maladie.

Pour avoir accès à ce traitement préventif, qui se compose du même antibiotique, la doxycycline, que le traitement curatif, mais qui consiste en une seule dose plutôt qu’en multiples doses étalées sur 14 à 20 jours d’administration, le patient doit avoir la tique attachée à la peau depuis plus de 24 heures, car « dans les premières 24 heures, le risque de transmission de la bactérie n’a jamais été mis en évidence dans les études expérimentales ». De plus, le laps de temps entre le retrait de la tique et la prise du médicament préventif doit être inférieur à 72 heures. « Si la piqûre a eu lieu il y a une semaine, ce traitement n’est plus nécessaire, mais la personne doit surveiller si des symptômes apparaissent. Si c’est le cas, elle doit consulter son médecin de famille ou l’urgence pour procéder à un traitement curatif », explique le Dr Carignan.

« On entend souvent dans les médias que la maladie de Lyme est incurable, et difficile à diagnostiquer et à traiter, alors que dans la réalité, au Québec, la majorité des patients vont bien évoluer. On doit, bien sûr, être encore plus proactifs, car il y a d’autres infections que les tiques peuvent nous transmettre, dont l’anaplasmose, qui est causée par une autre bactérie. Plus d’une trentaine de cas ont été recensés dans la région de Bromont et de Granby, l’an dernier. C’était le plus gros agrégat de cas rapporté au Canada », souligne le Dr Carignan.

L’anaplasmose ressemble davantage à une grippe composée de fièvre, de douleurs musculaires et de maux de tête. « Il s’agit de deux maladies assez distinctes, mais le traitement antibiotique est le même », précise le spécialiste.

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