L'INRS fait du CO2 une matière première

Adrien Bonot
Collaboration spéciale
L’usine sera située sur l’ancien chantier de la mine Carey, dans la région de Chaudière-Appalaches. Selon les estimations, elle aura assez de déchets miniers pour pouvoir être en fonctionnement durant au moins 30 ans. 
Photo: Isabelle Guité L’usine sera située sur l’ancien chantier de la mine Carey, dans la région de Chaudière-Appalaches. Selon les estimations, elle aura assez de déchets miniers pour pouvoir être en fonctionnement durant au moins 30 ans. 

Ce texte fait partie du cahier spécial Recherche

Le Québec fait figure de bon élève en matière de politique environnementale en Amérique du Nord. Différents projets verts voient le jour au sein de la Belle Province. Parmi ceux-ci, l’usine de traitement des résidus miniers, portée par l’INRS et l’entreprise ECO2 Magnesia, fait office de précurseur. Le professeur Louis-César Pasquier est l’instigateur du projet avec ses étudiants de l’Institut national de recherche scientifique (INRS).

« En partenariat avec ECO2 Magnesia, nous avons développé à l’INRS un procédé qui permet d’utiliser le gaz carbonique (CO2) pour produire des carbonates de magnésium de haute pureté avec des résidus miniers issus de l’exploitation, explique fièrement le professeur. Plus concrètement, nous récupérons les déchets miniers qui sont des carbonates, des capteurs de CO2 naturels, nous les brûlons pour produire de l’oxyde de magnésium. Cependant, le CO2 produit par cette combustion n’est pas rejeté dans l’air et ne contribue pas à l’effet de serre. On le réutilise pour produire de nouveaux carbonates et ainsi créer une chaîne de production presque non polluante. Cette usine prévue pour 2023 va produire de l’oxyde de magnésium avec la plus faible empreinte carbone au monde. »

Un projet unique au monde

 

L’oxyde de magnésium est utilisé dans plusieurs marchés différents, comme le traitement de l’eau, l’agroalimentaire ou même la pharmaceutique. On peut aussi l’utiliser pour fabriquer des matériaux réfractaires, comme des briques isolantes, et ainsi lutter contre le réchauffement climatique. Ce partenariat entre université publique et entreprise privée constitue un exemple pour l’économie québécoise et sa volonté de passer d’une économie carbonée à une économie verte.

« L’entreprise ECO2 Magnesia fut créée exprès pour l’application de ce projet, explique Louis-César Pasquier. Le projet de recherche et développement se fait par le truchement de l’INRS, et l’entreprise met en application celui-ci dans cette nouvelle usine. Nous terminons actuellement un projet de validation de la technologie en travaillant sur des réacteurs de 400 litres pour valider nos travaux en laboratoire. La recherche ne s’arrête jamais, il faut toujours se remettre en question. Mais ce projet est unique au monde, car il constitue une première dans ce domaine. Le procédé est exécuté de façon sécuritaire et simple, sans produit chimique et sans risque pour l’environnement. Le matériel est déjà là et on décontamine les sols qui sont jonchés de résidus miniers. »

Double valorisation environnementale

 

L’usine prendra place en 2023 dans la région de Chaudière-Appalaches, sur l’emplacement d’une mine de magnésium désaffectée depuis les années 1970. La valorisation environnementale est donc double : à la fois une décontamination des sols avec le traitement de ses résidus miniers polluants pour les nappes phréatiques ainsi qu’une production d’oxyde de magnésium sans émission de gaz à effet de serre. Le CO2 est ici considéré comme une matière première, et non comme un déchet. Selon les estimations, l’usine aura assez de déchets miniers pour pouvoir être en fonctionnement durant au moins 30 ans.

« Nous avons commencé à travailler sur ce projet en 2012, mais le volet développement, lui, a commencé en 2017. C’est une équipe de six personnes qui travaille pleinement sur celui-ci à l’INRS. Nous arrivons à 15 personnes en incluant ECO2 Magnesia. Ce partenariat a donc aussi un effet non négligeable sur l’emploi, et notamment sur l’emploi qualifié », constate M. Pasquier.

En effet, la création de nouvelles technologies de pointe entraîne aussi la création de nouveaux emplois très qualifiés. Au sein de l’INRS, on examine une nouvelle formation du personnel ultraqualifié pour faire fonctionner le prototype. De plus, plusieurs étudiants au doctorat ou au postdoctorat sont inscrits dans le projet de recherche. Ce partenariat public-privé est donc profitable sur plusieurs tableaux.

Le professeur Pasquier conclut : « Notre partenariat avec ECO2 Magnesia est très important. Si ce projet fonctionne bien à l’échelle de la province, nous pourrons éventuellement l’exporter ailleurs au Canada, voire à l’étranger. Cette technologie développée uniquement au Québec est encore soutenue par le gouvernement et peut devenir un véritable fer de lance pour mener la province vers une économie décarbonée. »

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

Dans le projet, le CO2
est considéré comme une matière première, et non comme un déchet. Selon

 

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au moins 30 ans.

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