Combiner les vaccins serait tout aussi efficace que de recevoir deux vaccins identiques

Des études confirment l’efficacité de l’« interchangeabilité » des vaccins.
MICHAEL SOHN ASSOCIATED PRESS Des études confirment l’efficacité de l’« interchangeabilité » des vaccins.

Mélanger les vaccins d’AstraZeneca et de Pfizer protège au moins tout aussi bien contre la COVID-19 que deux vaccins identiques, démontre une étude britannique très attendue.

Jusqu’à présent, la science de la COVID-19 ne permettait pas de définir avec justesse les effets d’une combinaison de deux vaccins différents, explique au Devoir André Veillette, membre du Groupe de travail sur la vaccination COVID-19. « [Des études], on n’en a pas des tonnes. On a évidemment ce qu’on sait avec d’autres vaccins, avec d’autres maladies, et ça marche très bien. »

La plus récente étude de l’Université d’Oxford sur l’interchangeabilité des vaccins contre la COVID-19 apparaît donc comme « l’étude qu’on attendait tous », déclare M. Veillette.

Faute de temps, les scientifiques n’ont pas étudié la protection réelle des vaccins contre la maladie, mais plutôt la réaction du système immunitaire après la combinaison de vaccins, de même que les effets secondaires auprès de 800 patients. Quatre combinaisons ont été comparées, soit AstraZeneca-AstraZeneca, Pfizer-Pfizer, AstraZeneca-Pfizer et Pfizer-AstraZeneca.

« Les données supportent une flexibilité dans l’utilisation d’une vaccination hétérologue », énonce l’étude en anglais. Simplement dit, « quand on a une combinaison, que ce soit Astra-Pfizer ou Pfizer-Astra, c’est quasiment aussi bon que Pfizer-Pfizer », vulgarise André Veillette. « […] Quand on regarde les lymphocytes-T, qui ne sont pas les anticorps, mais qui est une autre branche du système immunitaire qui protège contre le virus, il semble que même les combinaisons sont supérieures à Astra-Astra ou Pfizer-Pfizer. »

Par contre, la combinaison de vaccins différents provoquerait jusqu’à « deux fois plus » d’effets secondaires. « Ce ne sont pas des effets secondaires qui amènent à l’hôpital », souligne M. Veillette. « Ce sont des rougeurs, les gens se sentent fiévreux, des malaises […] qui sont gérables par les traitements habituels. »

Aucune étude n’existe jusqu’à présent sur la combinaison Pfizer-Moderna, la plus courante au Québec. Puisque ce sont deux vaccins de même technologie, les risques sont faibles et les effets positifs, plus certains. « Étant donné que ce n’est pas une grosse déviation, ce n’est pas très haut sur la liste des choses à tester », relativise le scientifique québécois, également directeur de l’Unité de recherche en oncologie moléculaire de l’Institut de recherches cliniques de Montréal. « Si ce n’était que de moi, je ne serais pas très tracassé par ça. Ce n’est pas un gros problème. L’important, c’est d’avoir deux doses. »



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