La transmission de la COVID-19 à l’extérieur est «considérablement» moins fréquente qu’à l’intérieur
Avec le beau temps, il n’y a pas que les fleurs et les bourgeons qui s’apprêtent à sortir — les humains aussi. Après des mois de socialisation restreinte, tout le monde a envie de mettre le nez dehors pour voir sa famille et ses amis. Bien que la troisième vague nous force à ne pas baisser la garde, nombre d’enquêtes épidémiologiques montrent que la transmission à l’extérieur est très, très rare.
En Irlande, les autorités de santé publique rapportent que seulement un cas de COVID-19 sur 1000 est associé à une transmission à l’extérieur. Des 232 164 infections répertoriées, 262 étaient vraisemblablement attribuables à un contact survenu à l’extérieur, selon un article du Irish Times. Par ailleurs, seulement 42 éclosions ont eu lieu dehors, dont 21 dans des chantiers de construction.
Fin février, des spécialistes américains publiaient dans le Journal of Infectious Diseases une revue de la littérature sur la transmission à l’extérieur du SRAS-CoV-2. Même si la méthodologie des études inventoriées variait beaucoup, une tendance lourde en ressortait : la transmission à l’extérieur est « considérablement » moins fréquente qu’à l’intérieur. Une étude japonaise réalisée en début de pandémie évaluait que, pour une personne infectée, les risques de transmettre le coronavirus étaient 19 fois plus grands à l’intérieur qu’à l’extérieur.
Cela dit, la transmission à l’extérieur n’est pas non plus impossible. Dans la littérature, on rapporte quelques événements de superpropagation qui se sont déroulés dehors. La méta-analyse américaine cite notamment l’éclosion du Rose Garden de la Maison-Blanche, survenue le 26 septembre 2020, « où seulement quelques-uns des 200 invités portaient le masque ou respectaient la distanciation physique ».
Par ailleurs, la médecin en chef de l’Alberta, Deena Hinshaw, s’est récemment inquiétée d’une augmentation de la transmission à l’extérieur. « Je veux qu’il soit clair que la socialisation à l’extérieur est absolument plus sécuritaire qu’à l’intérieur, a-t-elle dit, citée dans le Globe and Mail. [Mais] si les gens sont dehors sans être distanciés ou sans porter le masque, alors ce n’est pas suffisant pour prévenir la propagation du virus. »
Même si les risques d’une transmission à l’extérieur ne sont pas nuls, Nathalie Grandvaux, directrice d’un laboratoire au Centre de recherche du CHUM et spécialiste des virus respiratoires, croit qu’il ne faut pas interdire les contacts en plein air, sans quoi les gens auront encore moins envie d’adhérer aux règles sanitaires. « Il faut insister sur le fait de se voir le plus possible dehors, en petits groupes », soutenait-elle la semaine dernière en entretien au Devoir.