L’efficacité des vaccins de Pfizer et de Moderna confirmée par une étude

Une étude exhaustive et sérieuse révèle que la réponse immunitaire induite par les vaccins de Moderna et de Pfizer/BioNTech est très similaire à celle engendrée par une infection naturelle et qu’elle confère donc une longueur d’avance pour battre en brèche une possible attaque par le SRAS-CoV-2. Cette réponse semble toutefois un peu moins efficace contre les nouveaux variants du virus détectés au Royaume-Uni, en Afrique du Sud et au Brésil. Mais cette légère diminution d’efficacité ne signifie pas que les vaccins sont inopérants contre ces variants plus contagieux.

L’étude menée par Michel Nussenzweig, de l’Université Rockefeller, à New York, qui a été mise en ligne sur le site bioRxiv, mais qui n’a pas encore été révisée par des pairs, décrit la réponse immunitaire générée par une vingtaine de volontaires ayant reçu deux doses du vaccin de Moderna ou de Pfizer/BioNTech. Les chercheurs ont d’abord constaté que la capacité de neutralisation du plasma prélevé chez ces volontaires, de 3 à 14 semaines après l’administration de la seconde dose, était similaire à celle observée 1,3 mois après l’apparition de leurs symptômes chez les personnes ayant souffert de la COVID-19. « Le niveau de neutralisation induit par les deux vaccins correspond au maximum de neutralisation observé chez les personnes convalescentes », confirme Andrés Finzi, virologue au Centre de recherche du CHUM.

Les chercheurs ont également remarqué que cette capacité de neutralisation des anticorps diminuait avec le temps, tout comme cela avait été observé chez les personnes ayant surmonté une infection naturelle. « Il ne faut pas s’inquiéter si les anticorps diminuent parce que c’est ce qui se passe lors de l’infection, et aussi parce que les chercheurs ont mis en évidence la présence de cellules B mémoires chez les personnes vaccinées », fait remarquer M. Finzi.

L’équipe de New York a en effet noté que la vaccination induit une importante production — équivalente à celle mesurée chez les personnes ayant récupéré d’une infection — de cellules B mémoires capables de reconnaître les domaines d’interaction avec le récepteur (RBD, Receptor Binding Domain), ces petites zones des spicules à la surface du virus qui se lient aux récepteurs ACE2 présents à la surface de nos cellules et qui représentent la clé permettant d’entrer dans celles-ci.

Le niveau de neutralisation induit par les deux vaccins correspond au maximum de neutralisation observé chez les personnes convalescentes 

 

De plus, les anticorps produits par ces cellules B mémoires ont vraisemblablement été « affûtés ». Ils ont subi une maturation supérieure à celle observée dans le plasma de personnes infectées 1,3 mois après le début de leur infection. « Cela veut dire qu’on peut espérer que, si la personne rencontre le virus, son système immunitaire aura une longueur d’avance. Il ripostera plus rapidement et avec des anticorps qui auront déjà une meilleure affinité pour le virus », avance M. Finzi.

Variants

 

Les chercheurs de l’Université Rockefeller ont également vérifié si le plasma des personnes vaccinées parvenait à neutraliser des virus portant les mutations (notamment N501Y et E484K) associées aux variants britannique, sud-africain et brésilien. Ils ont alors mesuré une diminution de la capacité de neutralisation du plasma contre ces différents mutants. « Ces résultats montrent que le plasma est toujours capable de neutraliser des virus portant ces mutations, mais qu’il y parvient moins bien. Cela ne veut pas dire que le vaccin ne marche pas, car on ne connaît pas encore les seuils d’activité neutralisante qui sont nécessaires pour être protégé. Peut-être qu’il ne faut pas s’inquiéter, parce que la capacité de neutralisation, malgré une diminution, est toujours suffisante. De plus, il faut savoir que les anticorps ne font pas que neutraliser, ils exercent d’autres activités. Et dans cette étude, on n’a pas évalué la réponse des cellules T cytotoxiques, qui peuvent aussi jouer un rôle protecteur », souligne M. Finzi.

Les auteurs de l’article affirment qu’il est possible que des mutations affectant le SRAS-CoV-2 sapent l’efficacité de l’immunité induite par une infection passée ou par les vaccins actuellement administrés, et qu’en conséquence, il faudra éprouver ceux-ci contre les variants émergents et les « mettre à jour périodiquement ». Mais ils ne se prononcent toutefois pas sur le moment où cela sera nécessaire.

Dans un article mis en ligne sur le site prépublications bioRxiv, les chercheurs de Pfizer et de BioNTech font valoir que leur vaccin « induit une réponse immunitaire complexe visant de multiples cibles différentes du virus et impliquant concurremment des anticorps neutralisants, des cellules T et de multiples médiateurs de protection qui devraient vraisemblablement préserver l’efficacité du vaccin malgré des pertes de la capacité de neutralisation ». Ils affirment qu’« une adaptation de leur vaccin à une nouvelle lignée de virus sera facilitée par la flexibilité de la technologie des vaccins à ARNm ».

Mais avant d’en arriver là, Andrés Finzi rappelle que les vaccins de Moderna et de Pfizer/BioNTech « permettent d’attaquer plus rapidement le SRAS-CoV-2, et ce, avec des anticorps plus affûtés, plus spécifiques et plus puissants que pour une personne qui est infectée naturellement et dont le système immunitaire a besoin de temps » pour fourbir ses armes.

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