L’épidémie a commencé autour de la relâche scolaire

On s’y attendait, mais des doutes subsistaient. L’analyse d’échantillons congelés, récoltés dans diverses régions du Québec entre novembre 2019 et le début mars 2020, donne toutes les raisons de croire que le virus de la COVID-19 était à peu près absent au Québec avant la relâche scolaire.
Plus de 1000 échantillons, récoltés avant la pandémie auprès personnes atteintes de l’influenza ou d’autres virus respiratoires, ont été soumis cet été à des tests de dépistage du virus SRAS-CoV2 par le Laboratoire national de santé publique du Québec (LSPQ) dans le cadre d’un projet spécial de recherche.
La saison dernière, quelque 690 échantillons avaient pu être récoltés dans le cadre régulier du programme national pancanadien de surveillance de la grippe, et 385 autres dans la foulée d’un programme permanent de surveillance de la morbidité et de la mortalité dues aux virus respiratoires en milieu hospitalier. Aucun ne s’est avéré positif.
« On n’a pas vraiment été surpris. Il y aurait eu des signes et des incidences sur le système de santé si le virus de la COVID avait circulé au Québec avant les premiers cas détectés à la fin février », a expliqué au Devoir le Dr Hugues Charest, responsable du secteur de la biologie moléculaire du LSPQ, qui a travaillé à la mise au point du test de détection de la COVID-19.
« Tout nous porte à croire que l’épidémie a vraiment commencé autour de la relâche. On ne peut avoir de certitudes qu’il n’y en a pas peu eu avant, mais les possibilités sont minces », a-t-il dit.
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Consultez notre tableau de bord interactifLe LSPQ a pu avoir accès aux échantillons congelés provenant de patients ayant consulté pour des symptômes d’allure grippale durant le pic de la saison de l’influenza dans divers hôpitaux régionaux, ainsi qu’à ceux de patients testés entre novembre 2019 et le début mars 2020 pour dépister différents virus respiratoires dans divers hôpitaux régionaux.
« Ce qu’on voit, c’est que l’influenza a entraîné de la mortalité et que d’autres coronavirus, pas juste celui de la COVID-19, peuvent aussi causer des morts », a ajouté le Dr Charest.
Normalement, les cliniques et les hôpitaux ne conservent pas de tels échantillons, mais grâce à ces programmes de surveillance, le LSPQ peut conserver des spécimens pendant cinq ans aux fins de recherche.
Premiers cas
Le premier cas officiel de COVID-19 recensé au Québec a été confirmé par le Laboratoire de santé publique le 28 février dernier à Montréal. Il s’agissait de celui d’une dame de retour d’Iran, arrivée d’un vol en provenance du Qatar.
Dans plusieurs pays, des études ont montré que des personnes ont contracté la COVID-19 avant que de premiers cas soient dépistés, notamment en France. En testant des échantillons conservés, des chercheurs français ont notamment pu confirmer a posteriori un cas remontant au 27 décembre, soit un mois avant les trois premiers cas officiels déclarés positifs le 24 janvier.
Aux États-Unis, on soupçonne aussi le virus d’avoir circulé « de façon silencieuse » dès décembre 2019 dans certains États, bien avant qu’un premier cas ne soit confirmé dans l’État de Washington le 21 janvier 2020. C’est notamment l’hypothèse qu’avancent certains chercheurs pour expliquer l’ampleur de l’épidémie survenue dans la région de New York.
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Dans plusieurs pays, des études ont montré que des person-nes ont contracté la COVID-19 avant que de premiers cas soient dépistés, notamment en France