Quel animal a transmis la COVID-19 à l’être humain?

À l’instar du SRAS en 2003, du virus de la grippe H1N1 en 2009 et des éclosions d’Ebola, le virus de la COVID-19 proviendrait du monde animal. Les experts s’entendent sur ce point de départ. Mais quatre mois après l’alerte lancée par l’Organisation mondiale de la santé, on ne sait toujours pas quel animal a pu transmettre le virus mortel et on ne peut conclure sur le lieu de départ de cette pandémie mondiale, qui a déjà fait plus de 260 000 morts.
Depuis le début, les regards des experts sont surtout tournés vers un marché de Wuhan, en Chine, qui vend différents animaux vivants, surtout des espèces sauvages. C’est là que le virus aurait pu passer d’un animal à l’être humain. D’ailleurs, une étude chinoise, publiée à la mi-janvier dans The Lancet, montrait que 27 des 41 premiers patients hospitalisés en Chine avaient été directement exposés à ce marché.
Cela ne permet toutefois pas de savoir avec certitude quel animal a pu servir de relais à la COVID-19, puisque les marchands des kiosques de ce marché public offrent une grande diversité d’espèces. La chauve-souris revient toutefois fréquemment dans l’équation de la transmission de ce coronavirus, puisque des analyses ont démontré que le virus serait similaire à 96% à un autre virus retrouvé en 2013 chez une espèce de chauve-souris vivant dans le sud-ouest de la Chine.
«L’hypothèse d’une transmission directe ne repose que sur des études de laboratoire et des simulations sur ordinateur: la réalité du terrain me ferait pencher pour l’existence d’un hôte intermédiaire», affirme d’ailleurs Meriadeg Le Gouil, grand spécialiste des coronavirus à l’Université de Caen-Normandie, cité par le magazine Science et Vie.
Qui serait cet «intermédiaire»? Au départ, les regards se sont tournés vers le pangolin, un mammifère méconnu ici, mais une espèce braconnée de façon industrielle en Afrique et en Asie, essentiellement pour alimenter le marché chinois. Or, les rencontres de la chauve-souris et du pangolin seraient peu fréquentes dans la nature. Il aurait donc fallu que ces animaux soient capturés, puis transportés ensemble vers les mêmes marchés, ce qui est plausible.
Certains scientifiques évoquent en outre la possibilité que d’autres petits carnivores sauvages aient été porteurs du virus, mais sans aucune certitude pour le moment. Des généticiens tentent donc présentement de retrouver la signature génétique du virus, mais aussi le point de transmission à l’humain. «Dans ce coronavirus, on retrouve les traces de plusieurs virus qu’on connaît dans le milieu sauvage. Sauf qu’on ne connaît pas les parents récents, on ne connaît que les cousins», explique Meriadeg Le Gouil.
Chose certaine, le virus mortel ne proviendrait pas d’un laboratoire de Wuhan et ne se serait pas échappé après avoir été recueilli dans la nature. «Franchement, si des chercheurs avaient détecté un virus aussi remarquable, cela aurait fait beaucoup de bruit dans notre communauté, cette découverte aurait été publiée dans les plus grandes revues», laisse tomber Meriadeg Le Gouil.
Vous avez été nombreux à nous soumettre des questions pour cette infolettre à l’adresse coronavirus@ledevoir.com. Merci beaucoup, et surtout, continuez à le faire.
Depuis le début, les regards des experts sont surtout tournés vers un marché de Wuhan, en Chine, qui vend différents animaux vivants, surtout des espèces sauvages. C’est là que le virus aurait pu passer d’un animal à l’être humain. D’ailleurs, une étude chinoise, publiée à la mi-janvier dans The Lancet, montrait que 27 des 41 premiers patients hospitalisés en Chine avaient été directement exposés à ce marché.
Cela ne permet toutefois pas de savoir avec certitude quel animal a pu servir de relais à la COVID-19, puisque les marchands des kiosques de ce marché public offrent une grande diversité d’espèces. La chauve-souris revient toutefois fréquemment dans l’équation de la transmission de ce coronavirus, puisque des analyses ont démontré que le virus serait similaire à 96% à un autre virus retrouvé en 2013 chez une espèce de chauve-souris vivant dans le sud-ouest de la Chine.
Intermédiaire
Il est donc possible que le virus ait utilisé la chauve-souris comme hôte, avant d’être transmis directement à l’humain, qui aurait manipulé et/ou consommé l’animal. Mais il est aussi possible que la chauve-souris ait elle-même été en contact avec une autre espèce qui, elle, aurait servi d’hôte dit «intermédiaire».«L’hypothèse d’une transmission directe ne repose que sur des études de laboratoire et des simulations sur ordinateur: la réalité du terrain me ferait pencher pour l’existence d’un hôte intermédiaire», affirme d’ailleurs Meriadeg Le Gouil, grand spécialiste des coronavirus à l’Université de Caen-Normandie, cité par le magazine Science et Vie.
Qui serait cet «intermédiaire»? Au départ, les regards se sont tournés vers le pangolin, un mammifère méconnu ici, mais une espèce braconnée de façon industrielle en Afrique et en Asie, essentiellement pour alimenter le marché chinois. Or, les rencontres de la chauve-souris et du pangolin seraient peu fréquentes dans la nature. Il aurait donc fallu que ces animaux soient capturés, puis transportés ensemble vers les mêmes marchés, ce qui est plausible.
La piste de la civette
Un autre hôte intermédiaire est toutefois à considérer: la civette. Cette espèce de mammifère, élevée et vendue vivante dans les marchés chinois, était à l’origine de l’épidémie de SRAS de 2003. Dans ce cas, l’animal avait probablement été infecté d’abord par la chauve-souris. Dans une étude publiée en 2007 dans la revue universitaire américaine Clinical Microbiology Reviews, des chercheurs avaient d’ailleurs conclu que la forte présence de coronavirus chez les chiroptères, combinée à la «culture» de la consommation d’«animaux exotiques» en Chine, représentait une véritable «bombe à retardement» sanitaire.Certains scientifiques évoquent en outre la possibilité que d’autres petits carnivores sauvages aient été porteurs du virus, mais sans aucune certitude pour le moment. Des généticiens tentent donc présentement de retrouver la signature génétique du virus, mais aussi le point de transmission à l’humain. «Dans ce coronavirus, on retrouve les traces de plusieurs virus qu’on connaît dans le milieu sauvage. Sauf qu’on ne connaît pas les parents récents, on ne connaît que les cousins», explique Meriadeg Le Gouil.
Chose certaine, le virus mortel ne proviendrait pas d’un laboratoire de Wuhan et ne se serait pas échappé après avoir été recueilli dans la nature. «Franchement, si des chercheurs avaient détecté un virus aussi remarquable, cela aurait fait beaucoup de bruit dans notre communauté, cette découverte aurait été publiée dans les plus grandes revues», laisse tomber Meriadeg Le Gouil.
Vous avez été nombreux à nous soumettre des questions pour cette infolettre à l’adresse coronavirus@ledevoir.com. Merci beaucoup, et surtout, continuez à le faire.