Peut-on traiter l’autisme?

Pour l’instant, il n’y a pas de médicaments autorisés pour traiter les symptômes autistiques en tant que tels.
Photo: Maria Dubova / Getty Images Pour l’instant, il n’y a pas de médicaments autorisés pour traiter les symptômes autistiques en tant que tels.

Il n’existe actuellement aucun traitement permettant de guérir le trouble du spectre de l’autisme. On peut toutefois pratiquer des interventions qui viseront à en atténuer les symptômes, les particularités et les comportements problématiques, ou à favoriser le développement du langage et de la communication, de l’autonomie et du fonctionnement adaptatif. Pour le moment, tout cela se fait essentiellement à l’aide d’interventions comportementales, résume le psychiatre Baudouin Forgeot d’Arc, chercheur au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine et codirecteur médical du Centre intégré du réseau en neurodéveloppement de l’enfant (CIRENE).

Ces interventions comportementales se font avec un professionnel, ou par les parents avec les jeunes enfants. On renforce certains comportements des parents qui favorisent la socialisation des enfants, notamment par la méthode PACT (parent-mediated social communication therapy for young children with autism) qui a été décrite dans la revue The Lancet en 2016.

« L’idée est de développer chez les parents des comportements de synchronie vis-à-vis de leur enfant, car se synchroniser est un bon moyen de développer une relation et la communication avec quelqu’un », explique le Dr Forgeot d’Arc, qui est aussi professeur à l’Université de Montréal. Dans un premier temps, on filme comment les parents réagissent au comportement de leur enfant pendant une interaction avec lui. Lors du visionnement, on leur souligne les moments où ils arrivaient à se synchroniser avec ce que faisait l’enfant. « On s’est rendu compte que cette méthode avait un impact même à long terme sur le développement, probablement parce qu’on facilite le fonctionnement des enfants dans leur milieu familial », affirme le spécialiste.

Mais « l’enjeu n’est pas juste de changer la façon dont les personnes autistes sont, il faut aussi changer la façon dont elles ont accès à la société. Il y a tout un volet d’adaptation et d’intégration qui passe par l’ouverture à la diversité dans la société », souligne le chercheur.

Les médicaments sont une autre voie qui est explorée. Mais pour l’instant, il n’y a pas de médicaments autorisés pour traiter les symptômes autistiques en tant que tels, et donc qui permettraient d’améliorer la communication et de diminuer les comportements répétitifs, malgré de nombreuses tentatives d’en développer.

On a recours à des médicaments principalement pour traiter les symptômes associés. Par exemple, il y a deux antipsychotiques qui sont autorisés pour traiter l’irritabilité.

« Il est souvent difficile de distinguer ce qui relève d’un besoin d’adaptation de la personne et de son milieu, de ce qui relève plutôt d’un trouble à part entière pour lequel une médication serait pertinente », précise le Dr Forgeot d’Arc.

« Une personne autiste peut être anxieuse parce qu’elle a peu de moyens de comprendre son environnement ou de communiquer avec lui, et à ce moment-là, l’enjeu est peut-être plus d’améliorer le fonctionnement de son environnement et les moyens de communiquer avec elle. Mais elle peut aussi souffrir d’un véritable trouble anxieux comme on en rencontre chez les personnes non autistes qui ont tendance à réagir par une anxiété excessive à toute situation, auquel cas les médicaments peuvent faire partie de l’intervention. C’est à déterminer au cas par cas pour voir si l’intervention médicamenteuse est la plus appropriée », explique-t-il.



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