Mona Nemer nommée conseillère scientifique en chef du Canada

Le gouvernement Trudeau vient de nommer la Dre Mona Nemer conseillère scientifique en chef du Canada, un poste qu’avait aboli le précédent gouvernement conservateur en 2008. La ministre des Sciences et de l’Innovation, Kirsty Duncan, affirme ainsi s’assurer que les futures politiques de son gouvernement seront fondées « sur des faits et des preuves », et non sur des « idéologies ».
Accompagné de la ministre Duncan, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé mardi après-midi le choix de la candidate, témoignant de l’importance accordée par son gouvernement à cette nomination qui constitue un des pas importants pour annuler une série de décisions prises par le gouvernement Harper.
« Notre gouvernement s’est engagé à veiller à ce que les sciences redeviennent l’un des piliers du processus décisionnel. [Les conseils de Mme Nemer] seront précieux et soutiendront les processus de décision aux plus hauts niveaux », a insisté Justin Trudeau.
« Les décisions qui touchent à la vie des Canadiens », comme la santé ou l’environnement, pourront être bonifiées par l’apport de cette nouvelle conseillère « impartiale » qui aura pour mandat d’éclairer tant le gouvernement et le cabinet que les ministres, a soutenu la ministre Duncan.
Cette dernière devra notamment veiller à ce que les scientifiques à l’embauche du gouvernement puissent rester libres de discuter de leurs travaux, à ce que les données scientifiques soient accessibles aux citoyens canadiens, et faire rapport une fois l’an de l’état des travaux scientifiques au sein du gouvernement fédéral.
Contrairement à ce que souhaitaient plusieurs organismes et milieux scientifiques, la nouvelle conseillère répondra aux demandes venant du gouvernement, et non pas de l’ensemble des élus du Parlement.
Une scientifique de renom
Spécialiste des maladies du coeur et des maladies congénitales, la nouvelle conseillère scientifique était jusqu’à sa nomination directrice du Laboratoire de génétique moléculaire et régénération cardiaque et vice-rectrice à la recherche à l’Université d’Ottawa. Elle présidait également le Fonds France-Canada pour la recherche et siégeait à plusieurs comités et conseils d’administration internationaux.
En entrevue au Devoir, la Dre Nemer affirme que son mandat lui permettra de répondre aux demandes précises d’Ottawa sur des projets législatifs, et de jouer un rôle « proactif » quand émergeront des enjeux scientifiques susceptibles de toucher la population canadienne. Par contre, elle n’interviendra pas dans des débats ou des décisions où le gouvernement a déjà fait son nid, comme la légalisation du cannabis. « Mon rôle n’est pas d’intervenir dans des politiques qui sont déjà là, mais d’intervenir en amont si le gouvernement souhaite avoir un avis scientifique objectif sur une question », a affirmé Mme Nemer.
Sur la question de la lutte contre les changements climatiques et la réduction des gaz à effet de serre, sur laquelle plusieurs observateurs reprochent au gouvernement Trudeau, signataire de l’Accord de Paris, de tenir un double discours en maintenant son appui à l’industrie des sables bitumineux, Mme Mener affirme qu’elle « sera libre de donner son opinion ».
« Il n’y a pas de doute que les changements climatiques sont un enjeu important pour le Canada, qui s’est donné des objectifs ambitieux. Cela va prendre encore beaucoup de recherches et des changements sociétaux importants. […] Ce n’est pas noir ou blanc, la science est en avant de la société et il faut travailler avec ce que l’on a. Il y a des choix à faire pour éduquer la population », estime la scientifique.
Des dossiers prioritaires
Interrogée sur ses priorités, Mme Nemer, qui bénéficiera d’un budget de 2 millions de dollars par an pour mener à bien son mandat, a notamment signalé l’importance de se pencher sur les questions touchant à l’environnement, à la santé ainsi qu’à la cybersécurité. « L’intelligence artificielle est aussi une énorme révolution qui va demander de nouvelles lois, et je crois que le Canada doit être un chef de file dans ce domaine », a indiqué Mme Nemer.