Quand l’étude en génie des eaux devient une véritable passion

Stéphane Gagné Collaboration spéciale
Les travaux de Marie-Ève Jean se concentrent sur la recherche de moyens pour réduire les débordements des réseaux d’égout unitaires.
Photo: LinkedIn Les travaux de Marie-Ève Jean se concentrent sur la recherche de moyens pour réduire les débordements des réseaux d’égout unitaires.

Ce texte fait partie du cahier spécial Relève en recherche

La relève scientifique québécoise en ingénierie de l’eau possède dans ses rangs une chercheuse prometteuse en la personne de Marie-Ève Jean. La jeune chercheuse, lauréate du prix Acfas Ressources naturelles, a déjà tout un parcours derrière elle qui laisse présager un bel avenir professionnel.

La doctorante Marie-Ève Jean croit qu’il y a beaucoup de pain sur la planche dans le domaine du génie des eaux. C’est la raison pour laquelle son parcours universitaire gravite autour de l’eau.

Réduire les débordements des réseaux d’égout

En pause pour un congé de maternité, Mme Jean poursuivra bientôt sa recherche à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) Eau Terre Environnement pour trouver des moyens de réduire les débordements des réseaux d’égout unitaires en intégrant des mesures de contrôle à la source et en temps réel. Le projet constitue un des volets d’un vaste programme de recherche qui s’intéresse notamment à la qualité de l’eau et à l’efficacité des pavés filtrants et des réseaux d’égout séparés.

En association avec la firme de génie-conseil Tetra Tech CSO, Mme Jean examinera comment la combinaison des mesures de contrôle à la source et en temps réel peut réduire les rejets d’eaux pluviales dans les cours d’eau.

Mais d’abord, qu’est-ce que ces mesures ? Le contrôle à la source se traduit, par exemple, par l’aménagement de bassins de rétention où les eaux pluviales se dirigent, surtout lors de grosses pluies. Elles se retrouvent là plutôt que dans le réseau d’égout, ce qui réduit la pression sur ce réseau.

Le contrôle en temps réel consiste à optimiser le réseau à l’aide d’outils informatiques qui permettent par exemple de dévier les surplus d’eau dans certaines conduites vers d’autres moins sollicitées. Lors de grosses pluies, cela doit pouvoir se faire en temps réel pour que la mesure soit efficace.

Pourquoi est-ce si important d’étudier ces aspects ? Au Québec, comme dans bien d’autres endroits dans le monde, la majorité des réseaux d’égout sont unitaires (sauf dans les nouveaux quartiers), ce qui signifie qu’ils évacuent à la fois les eaux domestiques et les eaux pluviales. Or, un réseau unitaire cause des problèmes lors de grosses averses, car les eaux mélangées sont acheminées vers les stations d’épuration où elles sont traitées. Les eaux pluviales ne nécessitent cependant pas un traitement aussi poussé que les eaux provenant des égouts sanitaires. Cela se traduit par une hausse des coûts de traitement et parfois, par des débordements aux graves conséquences (ex. : inondations). Adopter des mesures pour réduire le volume des eaux pluviales devient donc un enjeu économique et environnemental. Mme Jean examinera s’il existe une méthode efficace pour réduire les coûts des deux mesures de contrôle qu’elle étudie. « Nous souhaitons aussi rendre plus accessibles ces mesures pour les petites municipalités, car les grandes villes comme Montréal et Québec les appliquent déjà. »

Un parcours remarquable

 

L’intérêt de Marie-Ève Jean pour l’eau remonte à plusieurs années. Selon elle, les questions entourant ce sujet constituent une préoccupation universelle qui touche la planète entière. « J’ai opté pour ce domaine d’études parce que j’ai un grand intérêt pour la coopération internationale et la protection de l’environnement, et je souhaite m’investir dans ces domaines », affirme-t-elle.

En 2013, elle complétait donc un baccalauréat en génie des eaux à l’Université Laval. Durant ses études, elle a fait une session en Argentine où elle a pu parfaire sa connaissance de la langue espagnole et mieux comprendre comment est gérée l’eau dans ce pays.

Très impliquée dans sa communauté, elle donnait aussi durant cette période des conférences dans les écoles primaires et secondaires sur les problématiques d’accès à l’eau dans le monde.

Par la suite, Marie-Ève Jean entreprenait une maîtrise en gestion des barrages à des fins d’irrigation à l’Université de l’Alberta, qu’elle a terminée en 2015. Un stage de quatre mois à l’UNESCO a suivi, au cours duquel elle s’est intéressée aux enjeux d’accès à l’eau dans le monde.

En 2016, elle amorçait le doctorat qu’elle poursuit en ce moment. Un an plus tard, elle remportait la prestigieuse bourse d’études supérieures Vanier. Cette bourse d’excellence est attribuée en tenant compte de plusieurs facteurs dont l’excellence de la recherche du candidat, son leadership et son implication dans la communauté.

Enfin, l’intérêt pour l’eau et l’environnement de Marie-Ève Jean prend parfois une tournure plus « pratique ». C’est ainsi qu’elle et cinq autres étudiants de l’INRS ont développé une application Web et mobile, appelée Go-Explo, éducative et ludique, qui vise à valoriser le fleuve Saint-Laurent.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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