Michel Chrétien rejoint son frère Jean dans les pages du Petit Larousse

L’endocrinologue québécois Michel Chrétien, de l’Institut de recherche clinique de Montréal (IRCM), fait son entrée dans la plus récente version du Petit Larousse. Le scientifique de renom vient y rejoindre son frère, l’ancien premier ministre du Canada Jean Chrétien.
« CHRETIEN (Michel) Shawinigan 1936, médecin et endocrinologue canadien, frère de J. Chrétien. Il explique, en 1967, le processus de fabrication de certaines hormones (théorie des prohormones), puis il codécouvre, en 1990, les enzymes qui les activent (appelées “convertases”), précisant ainsi sa première théorie. »
Ainsi se résume, en six lignes et demie, la vie du chercheur québécois, selon Larousse.
« C’est une grande surprise, une belle surprise », affirme le scientifique de 81 ans au bout du fil. Ce dernier affirme avoir eu un « certain sentiment de fierté » en recevant la lettre du directeur général de Larousse Canada, il y a trois semaines. « Ça a fait plaisir à la famille, ils sont fiers de leur petit frère », ajoute celui qui s’apprête à devenir arrière-grand-père.
« J’ai essayé de m’expliquer pourquoi j’étais là, alors j’ai fouillé dans le Larousse pour me rendre compte que c’était beaucoup plus gros que je ne le croyais, parce que les scientifiques sont sous-représentés dans le Larousse, d’après ce que j’ai pu voir. »
Découverte « fortuite »
Cette consécration arrive à point nommé, puisqu’elle coïncide avec le 50e anniversaire de la théorie qui l’a rendu célèbre et qui est toujours d’actualité. « C’était une découverte fortuite », affirme humblement le chercheur, qui était alors assistant de recherche à l’Université de Berkeley, en Californie.Il procédait à des « travaux de chimie très avancés » — les moyens du temps n’étaient pas aussi sophistiqués qu’aujourd’hui, rappelle-t-il — lorsqu’il a découvert, si l’on simplifie à l’extrême, qu’il fallait des coupures dans les protéines pour les rendre actives.

La découverte de ces « ciseaux biologiques » a permis d’apporter une lumière nouvelle sur les causes de certaines maladies comme le diabète, l’obésité, le cancer, le cholestérol, les maladies cardiovasculaires et l’Alzheimer.
« La théorie des prohormones, qu’il a émise, a des implications très importantes dans la biologie moderne, affirme son assistant, Majambu Mbikay. Je me plais à dire — très souvent d’ailleurs — que c’est plus qu’une observation, c’est en fait devenu une vérité scientifique, une loi biologique. Il n’y a pas un livre de biochimie qui ne parle pas des coupures de protéines. C’est pour ça que je crois qu’il mérite bien l’honneur qu’on lui fait aujourd’hui. »
Promotion de la science
Michel Chrétien a reçu maints honneurs au cours de sa carrière. Il est notamment officier de l’Ordre national du Québec, de l’Ordre du Canada et de l’Ordre national de la Légion d’honneur de la République française.
Une entrée dans le Larousse constitue un honneur supplémentaire pour le scientifique. « Mais ce qui m’importe le plus, c’est la promotion de la science, répète-t-il. Ça donne une plus grande visibilité au domaine scientifique, en espérant que ce soit vu par des jeunes et que ça leur donne la piqûre. »
Âgé de 81 ans, le chercheur travaille toujours à l’avancée de la science dans le domaine de l’endocrinologie avec l’Institut de recherche clinique de Montréal, qu’il a dirigé pendant 10 ans. Après des années de recherche fondamentale, Michel Chrétien est revenu à ses premières amours, la recherche appliquée. Il travaille sur la génétique du cholestérol chez les familles québécoises et sur le lien entre le cholestérol et la malaria au Mali. « Je suis revenu à l’aspect clinique, j’ai bouclé la boucle », conclut-il.