Jane Goodall met l’élevage animal intensif au pilori

De passage à Montréal, la primatologue Jane Goodall a dénoncé l’élevage animal intensif qui est pratiqué dans les pays riches. S’adressant à une assemblée de vétérinaires, elle a toutefois avoué ne pas savoir comment s’attaquer à ce problème. Les travaux d’une chercheuse de l’Université McGill s’intéressant à l’élevage des vaches laitières devraient apporter certains éléments de réponse à cette vaste problématique.
Invitée hier à s’exprimer dans le cadre d’une conférence internationale intitulée Pour une pratique vétérinaire durable, qui était organisée par l’Association des jeunes femmes vétérinaires, Jane Goodall a d’abord raconté combien il a été difficile de faire comprendre aux universitaires des années 1960 que les animaux, en l’occurrence les chimpanzés, qu’elle connaissait bien pour les avoir longuement observés, étaient « intelligents », « capables de penser et d’éprouver des émotions ». Elle a ensuite rappelé que « l’élevage intensif des vaches et des porcs est une forme de cruauté » et représente « un réel danger pour la planète », puisqu’il pollue les eaux douces et accroît les gaz à effet de serre.
Professeure à l’université McGill, Elsa Vasseur a reçu une chaire de recherche industrielle CRSNG qui lui permettra de trouver des pistes pour « garder les animaux plus longtemps en santé et à l’aise dans les troupeaux laitiers du Canada, et ce, dans une perspective de développement durable ». « Les producteurs ont du mal à garder les animaux plus de cinq ans en raison de problèmes de bien-être et de santé, tels que des problèmes de pieds et membres ou d’infections. Nous essayons de voir comment on pourrait améliorer les pratiques pour qu’elles rendent les animaux plus à l’aise », explique-t-elle.
Pour ce faire, les chercheurs vont tester, en environnement contrôlé, différents aménagements de stalle afin de trouver celui qui sera le plus favorable et donc qui imposera à l’animal moins de restrictions de mouvements. Ils cherchent actuellement à améliorer le positionnement de la barre sur laquelle est attachée la chaîne qui retient la vache par le cou afin de réduire les blessures. « Nous testerons différents emplacements qui suivent mieux la ligne naturelle du cou et nous allongerons la longueur de la chaîne afin d’optimiser la capacité de la bête à se mouvoir sans gêner ses voisines », précise Mme Vasseur.
Les chercheurs mesureront aussi les effets que peuvent avoir le trimage des sabots et des périodes d’exercice sur le bien-être et la santé. Par toutes ces mesures, ils espèrent réduire la boiterie, qui est un problème important en production laitière. Ils évalueront aussi si ces changements améliorent la production laitière. « On regardera également si permettre aux vaches de faire de l’exercice à l’extérieur a des impacts environnementaux, car on veut s’assurer que nos recommandations visant à améliorer le bien-être des animaux n’entreront pas en contradiction avec d’autres aspects du développement durable », ajoute-t-elle.
Pour sa part, la cofondatrice d’Équiterre Laure Waridel affirme qu’autant « les agriculteurs et les vétérinaires que les consommateurs, qui doivent accepter de payer davantage pour la viande qu’ils achètent, ont leur part de responsabilité » dans ces pratiques que l’on ne doit plus tolérer. Mais elle croit que les vétérinaires, par « leur position d’autorité dans le système agroalimentaire et leur statut de scientifique, sont ceux dont la parole aura le plus de poids auprès des fermiers et des décideurs ».