À la maternelle, on n’est pas dupe!

À cinq ans, les enfants ont acquis une compréhension plus fine des indices permettant de jauger la crédibilité d’une personne.
Photo: Annik MH De Carufel Archives Le Devoir À cinq ans, les enfants ont acquis une compréhension plus fine des indices permettant de jauger la crédibilité d’une personne.

Les enfants de cinq ans sont moins dupes qu’on le croyait, indique une étude des universités Concordia et de la Colombie-Britannique. Dès cet âge, ils savent que la crédibilité d’une personne ne dépend pas de l’assurance ou de l’hésitation qu’elle affiche. Ces petits ont compris que « l’habit ne fait pas le moine » !

Les jeunes enfants acquièrent l’essentiel de leur savoir des personnes qui interagissent avec eux. Apprendre des autres exige toutefois d’avoir un regard critique sur les personnes qui nous transmettent l’information, car ces dernières peuvent mal nous informer, voire nous induire en erreur. Il existe une variété d’indices sur lesquels les enfants peuvent s’appuyer pour déterminer si leur interlocuteur est crédible. Ils peuvent, par exemple, se rappeler que cette personne leur a transmis des informations qui étaient exactes. Ce faisant, cette personne devient une source plus fiable qu’une autre personne qui les aurait bernés précédemment. De nombreuses études ont confirmé l’utilisation de cet indice par les enfants d’âge préscolaire.

Les enfants peuvent aussi se référer au niveau d’assurance et de certitude que les adultes manifestent quand ils transmettent l’information. À l’âge préscolaire, ceux-ci ont naturellement plus tendance à croire les informations leur venant d’un individu qui « prétend savoir » que de quelqu’un qui semble incertain. À deux ans, les enfants distinguent les signes non verbaux exprimant la confiance en soi de ceux témoignant de l’incertitude.

Les adultes savent que l’assurance qu’affiche une personne est un critère plus subjectif pour juger de la crédibilité des informations qu’elle transmet que l’exactitude des propos qu’elle a tenus par le passé. Des chercheuses des universités Concordia et de la Colombie-Britannique ont voulu savoir si des enfants de quatre et cinq ans arrivaient à faire cette distinction quand ils devaient prendre la décision de croire une personne plutôt qu’une autre. Elles ont également vérifié si l’importance que les enfants accordaient à chacun de ces deux indices évoluait au cours des quelques années précédant leur entrée à l’école.

Pour ce faire, elles ont présenté à 96 enfants âgés de quatre et cinq ans de courtes vidéos de femmes adultes décrivant dans un premier temps un animal familier. L’une avançait d’une voix hésitante et avec une expression peu sûre une vérité comme celle-ci : « Euh, je crois que les baleines vivent dans l’eau, n’est-ce pas ? » L’autre lançait avec assurance une fausseté telle que celle-ci : « Ah ! moi, je sais ! Les baleines vivent sous la terre ! » Les deux mêmes femmes nommaient ensuite avec leur ton distinctif (hésitant ou confiant) un animal inconnu des enfants. Ceux-ci devaient choisir laquelle énonçait le bon nom de l’animal.

L’expérience a montré que les plus jeunes enfants étaient particulièrement sensibles à l’air assuré des individus quand venait le temps de décider qui ils devaient croire. En vieillissant, toutefois, l’importance accordée à l’information donnée par une personne ayant fait preuve d’une plus grande exactitude antérieurement augmentait, et ce, même si elle était hésitante.

L’étude publiée dans PLOS One révèle qu’à cinq ans, les enfants ont acquis une compréhension plus fine des divers indices permettant de jauger la crédibilité d’une personne. Ils sont plus sceptiques devant l’aisance d’un interlocuteur, car ils peuvent discerner qu’un individu à l’air confiant peut raconter des mensonges ou qu’un autre peut bredouiller des informations justes.

Selon les chercheuses, les plus jeunes enfants ont probablement plus de mal à ne pas tenir compte des « signes facilement observables », comme l’attitude confiante de leur interlocuteur. C’est la raison pour laquelle ils seraient plus influencés par cet indice que les enfants un peu plus vieux. Un phénomène semblable a également été observé chez les adultes qui, lorsqu’ils ont l’esprit occupé, doivent faire un effort supplémentaire pour considérer en priorité les indices plus objectifs, comme l’exactitude passée.

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