Une scientifique de McGill a cosigné des articles contenant des images falsifiées
Une prolifique chercheuse en infectiologie et immunologie de l’Université McGill figure parmi les coauteurs de deux articles scientifiques contenant des images qui ont été trafiquées. Les chercheurs ayant signé ces articles ont été sommés de faire parvenir aux revues en question les corrections nécessaires.
Le blogue Retraction Watch, qui rapporte depuis 2010 les corrections et les rétractations d’articles scientifiques, faisait état la semaine dernière du cas de Maya Saleh, professeure à la faculté de médecine de McGill depuis 2005, qui est coauteure de quatre articles scientifiques ayant fait l’objet d’une enquête approfondie par l’Université McGill à la suite d’allégations de « manquement à l’intégrité en matière de recherche ». Selon les grandes lignes du rapport préparé par le comité universitaire qui s’est penché sur ce cas, et dont Retraction Watch a obtenu copie, deux figures d’un article publié dans la revue Nature en 2006 ont été « falsifiées intentionnellement ». Et l’une de ces deux figures a été reproduite dans un second article publié dans les Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) en 2008. Le comité affirme que les retouches apportées à ces figures ne remettent toutefois pas en question les conclusions de l’étude. Néanmoins, il recommande que des corrections soient apportées aux deux articles et en ont prévenu les rédacteurs en chef de Nature et de PNAS.
Même si le comité n’a pu déterminer lequel des coauteurs, parmi lesquels figure également Donald Nicholson, vice-président de Merck, où Maya Saleh a effectué un stage postdoctoral de 2001 à 2004 a manipulé les figures, Mme Saleh doit assumer une part de responsabilité à titre de premier auteur de l’article dans Nature. Quand on cosigne un article, on est aussi responsable de son contenu, s’accorde à dire la communauté scientifique.
Imperfections retouchées
Le comité a également souligné que, sur des figures apparaissant dans un troisième article publié en 2008 dans la revue Cell Host and Microbe, « des imperfections avaient été retouchées ». Bien que moins sérieuse, cette « procédure n’est pas acceptable », précise-t-on. De plus, le fait que les chercheurs n’ont pu retrouver les clichés originaux obtenus lors des expérimentations ayant conduit à cette publication contrevient aux règlements de McGill sur l’intégrité en matière de recherche. Selon le comité, les irrégularités relevées dans un quatrième article publié dans Immunity en 2009 sont quant à elles « dues aux artefacts créés lors de la numérisation de l’article pour la publication ».
Depuis quelques années, plusieurs revues scientifiques en biologie - dans lesquelles les images ont une grande importance - incluent dans le processus d’évaluation par les pairs une vérification des images afin de s’assurer qu’elles n’ont pas été trafiquées à l’aide de logiciels comme Photoshop, car il est de plus en plus courant que des chercheurs retouchent certaines images de leur publication dans le but de rendre leurs résultats plus probants.