La recherche publique aux citoyens

L'Association science et bien commun lance une consultation électronique sur les orientations et les priorités de la recherche publique que nous voudrions voir prospérer au Québec. Le groupe caresse ainsi le projet de formuler les grands lignes d'une politique scientifique qu'il soumettra au ministre québécois responsable de la recherche scientifique.

Les chercheurs et étudiants québécois, membres de l'Association science et bien commun, ont fondé leur regroupement à la suite du succès retentissant d'un colloque ayant pour thème «Une autre science est possible: une science engagée, collaborative, ouverte et contre la marchandisation du savoir», qui a eu lieu dans le cadre du dernier congrès de l'Acfas en mai 2011.

La première action publique de l'association fut une lettre ouverte — publiée dans nos pages le 6 octobre 2011 — dans laquelle les signataires reprochaient au scientifique en chef, récemment nommé, de faire sa première allocution officielle devant les membres de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain plutôt que devant une assemblée de chercheurs.

Une définition réduite


Globalement, l'association se dit préoccupée par cette nouvelle conception et appropriation de la science par nos gouvernements provincial et fédéral. Avec sa nouvelle Stratégie québécoise de la science et de l'innovation, le gouvernement québécois a effectué un important «virage vers l'innovation et a reconnu la science comme une source de revenus et de richesses», fait remarquer la cofondatrice de l'association, Florence Piron, qui est professeure agrégée au Département d'information et de communication de l'Université Laval. Qui plus est, en 2010, le gouvernement québécois restreignait encore davantage sa définition de la science, qu'il réduit désormais à «un instrument économique», et l'un des symptômes est la disparition du ministère de la Recherche, de la Science et de la Technologie, ces trois domaines étant désormais chapeautés par le ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation. L'association souligne également que si le financement public de la recherche scientifique diminue, les chercheurs se tourneront davantage vers le privé et perdront ainsi leur indépendance. Des «domaines de recherche non rentables, notamment en sciences sociales et humaines et en recherche fondamentale», seront menacés.

Même si l'association se porte à la défense d'une recherche publique et indépendante, «elle ne veut pas pour autant un retour à la tour d'ivoire où les chercheurs mèneraient leurs activités comme ils l'entendent dans leur coin. Elle prône plutôt une science au service du bien commun», souligne Mme Piron, qui affirme avoir rencontré récemment le scientifique en chef, Rémi Quirion. «J'ai découvert que nous partagions plusieurs points de vue, mais nous empruntons des voies différentes», dit-elle.

L'Association lance donc une consultation publique, intitulée «La science que nous voulons», qui se déroulera sur Internet, de février à septembre. Tous les citoyens québécois, qu'ils soient chercheurs ou non, sont invités à faire part de leurs idées et propositions sur des thèmes comme le financement de la recherche, les enjeux éthiques, le rôle de l'industrie, en répondant aux questionnaires mis en ligne sur le site de l'association, ou en rédigeant un billet qui sera publié sur le site lasciencequenousvoulons.scienceetbiencommun.org/.

En fin de compte, les résultats de cette consultation publique devraient aboutir à la rédaction d'un énoncé de politique scientifique, sous forme de recommandations reflétant les valeurs et les aspirations des citoyens, qui sera présenté aux élus, en particulier au ministre responsable et aux administrateurs de la recherche publique.

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