Dinosaures redécouverts au Centre des sciences de Montréal - Ils sont de retour

L’allosaure fait partie du troupeau de dinosaures robotisés et grandeur nature présenté au Centre des sciences de Montréal.
Photo: Pedro Ruiz - Le Devoir L’allosaure fait partie du troupeau de dinosaures robotisés et grandeur nature présenté au Centre des sciences de Montréal.

Le Centre des sciences de Montréal héberge ces jours-ci des icônes ayant fait sonner les caisses d'Hollywood dans les années 1990. Depuis le 7 octobre, son cinéma Imax plonge le spectateur dans le cœur des tornades avec Tornades 3D et, dès aujourd'hui, 14 dinosaures grandeur nature envahissent la grande salle dans le cadre de l'exposition Dinosaures redécouverts.

Sitôt le tourniquet de l'entrée passé, un dilophosaure, pièce de viande synthétique haute comme un gros VUS, rugit en réaction à mon mouvement. Intimidant et plus imposant que je ne me l'étais imaginé, ce modèle plus vrai que nature me déçoit tout de même un tout petit peu. Il manque... quelque chose. Il n'a pas de collerette colorée autour de son cou, comme dans Jurassic Park.

Un oubli. Ça arrive.

C'était peut-être trop compliqué, côté technique.

En tout cas.

Inutile de s'attarder là-dessus.

Mais quand même.

Ç'aurait été beau.

N'empêche que la vision de ces 14 dinosaures grandeur nature, beuglant au moindre de nos gestes (salutations aux employés confinés à la salle tout leur quart de travail), et de la vingtaine de répliques de fossiles vient réveiller l'enfant intérieur de huit ans tapi pas très loin.

Plus jeune, Teresa White ne s'amusait pas à s'imaginer poursuivie par des dinosaures imaginaires pour passer le temps lors des froides soirées d'automne. La directrice des projets de Dinosaures Unearthed, entreprise basée en Colombie-Britannique à l'origine de l'expo du Centre des sciences, avoue être devenue groupie de dinos sur le tard. Tous les matins, latté en main, elle épluche les blogues de paléontologues et de scientifiques pour s'informer des récentes découvertes. Pour le travail, mais surtout parce qu'elle est salement mordue des créatures qui ont dominé la planète avant que l'humain ne remplace leur règne. L'amour n'a pas d'âge.

«Ce sont des monstres qui ont réellement vécu. C'est ce qui nous fascine. Quand on les voit en animatronique, on sait que, si on se retourne, ils ne nous pourchasseront pas. Toutefois, ce qu'on ne sait pas, c'est que leurs descendants font partie de notre quotidien. Prenez le poulet qu'on achète à l'épicerie, par exemple. Si on remonte son arbre généalogique, loin, loin, loin derrière, c'était un dinosaure.»

Duvet de dino

Si des plumes de dinosaures conservées dans l'ambre ont été récemment identifiées par des chercheurs, c'est en 1996 que des fouilles ont permis d'exhumer le premier dinosaure à plumes, le Sinosauropteryx. Le fossile a été retrouvé en Chine, nouveau terrain de jeu des paléontologues, et une hypothèse suggère que plusieurs autres théropodes — ces carnivores sur deux pattes —, comme le T-Rex découvert en Amérique du Nord, ont aussi porté un duvet semblable. Le Centre des sciences met d'ailleurs cette trouvaille à l'avant-plan; en plus de présenter le fossile de Sinosauropteryx, à peine gros comme un pigeon, il en profite aussi pour dévoiler le nouveau look du vélociraptor et du bébé tyrannosaure.

Car ces deux superstars du Crétacé, qu'on connaissait jusque-là pour leur code vestimentaire plutôt dépouillé, revêtent désormais un manteau de protoplumes. «Ces plumes primitives auraient servi à réguler la chaleur et à conserver leur énergie. Dans le cas du T-Rex, une fois adulte, il perdait son plumage», mentionne Michel Groulx, porte-parole scientifique du Centre des sciences et biologiste de formation, lorsque l'on s'arrête devant le poupon du roi des dinos, un petit 5 pieds 5 de toison fauve à l'air menaçant. M. Groulx le regarde, amusé. «Ils viennent titiller le gène de la proie en nous, celui d'il y a plusieurs milliers d'années où on côtoyait des prédateurs. Les dents, le mouvement, le bruit, ça fait vraiment frémir. Même si tout le monde sait que c'est du toc.»

À côté, le tout en plumettes Gigantoraptor — le plus gros des dinosaures sans dents et surtout énergumène le plus ludique de l'expo — lâche un cri étrangement similaire à celui du bébé T-Rex de The Lost World (1997), la suite lucrative de la trilogie Jurassic Park (1992) conclue par une finale sans imagination (2001). Rien d'intimidant. Son allure fait plutôt rigoler, avec ses petites pattes décoratives.

Les dinosaures se sont éteints il y a, quoi, quelque 65 millions d'années et quatre jours, et en vingt minuscules années, une flopée de faits nouveaux sont venus enrichir nos connaissances à leur sujet. Si bien que, lorsque la franchise Jurassic Park lancera son quatrième chapitre — dans un futur très proche, selon les récentes rumeurs nourries par l'actrice Laura Dern —, bien des créatures seront métamorphosées.

«Et j'espère qu'on ne montrera plus de dilophosaures cracheurs de venin, précise Teresa White, faussement irritée. C'est dommage, parce que les gens visionnent ces films à répétition et croient que ce qui est montré est vrai.»

Alors, la crête qui bouge, c'était aussi de la fiction?

«Ça et le venin, ce sont de pures créations d'Hollywood.»

Vraiment?

«Yes, yes.»

Ben coudonc.

***

Davantage qu'un éventail terrifiant de bêtes robotisées, Dinosaures redécouverts tombe pile dans le mandat éducatif du Centre des sciences de Montréal. En plus de présenter des modèles réalistes de ces vertébrés, l'exposition explique la création de fossiles, étudie le cri des dinosaures, leur digestion. Et les protoplumes. Jusqu'au 11 mars 2012 dans le Vieux-Port de Montréal. 514 496-4724, www.centredessciencesdemontreal.com/

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