Pas de fossile géant dans le cap Diamant

Québec — Parcs Canada et un groupe de chercheurs ont cru pendant des mois que le Vieux-Québec abritait un immense fossile de calmar géant. Or cette découverte incroyable a finalement été invalidée par un expert renommé à la veille de l'annonce dimanche soir.
L'histoire est tellement surréaliste que l'on pourrait croire qu'il s'agit d'un canular. S'il s'était révélé authentique, ce fossile de céphalopode aurait été le plus grand du genre dans le monde. On croyait avoir affaire à un ancêtre des calmars et autres Paul le Poulpe de ce monde, un prédateur ayant vécu il y a 500 millions d'années, bien avant les dinosaures. Tapi dans la falaise séparant l'Hôpital l'Hôtel-Dieu de la côte Dinan, il aurait fait plusieurs mètres de long.«À l'époque, c'était la plus grosse bête vivante. C'est pour ça que c'était spectaculaire», explique Jacques Delorme, le paléontologue amateur qui a identifié la chose en premier. «Ça aurait pu être une découverte scientifique exceptionnelle».
C'est en se promenant tout bonnement dans le Vieux-Québec que M. Delorme avait remarqué une étrange forme dans la falaise. La structure rocheuse à cet endroit précis est très ancienne et très particulière puisqu'elle résulte d'un violent éboulement sous-marin. L'animal, supposait-on, aurait été emprisonné dans la roche alors qu'il passait par là.
Après avoir consulté divers experts, dont le paléontologue de l'INRS John Riva, on a entrepris en février 2010 d'aviser Parcs Canada, l'organisme responsable du site. «Dès qu'on l'a su, on a tout fait pour le protéger, éviter les pillages et qu'il soit brisé», explique Hugues Michaud, le directeur régional de Québec.
La conférence de presse annonçant la stupéfiante découverte devait avoir lieu hier matin, en présence de la ministre fédérale Josée Verner, au parc de l'Artillerie. Dans l'avis de convocation, on nous promettait «une découverte paléontologique majeure». Or voilà que dimanche après-midi, on annulait tout.
Un revirement dû à la visite du paléontologue Jean-Bernard Caron, du Royal Ontario Museum, une sommité dans le domaine. Invité à valider la découverte, M. Caron a creusé plusieurs heures dans la falaise dimanche pour dégager le fossile. Or en fin de journée, le verdict était clair: il n'y avait pas de céphalopode.
Il s'agirait plutôt, nous dit-on, d'un «nodule» ou d'un «phénomène géologique». Selon ce que M. Caron a pu expliquer aux différents intervenants du dossier lors d'une réunion hier matin, l'éboulement évoqué plus haut aurait entraîné la formation d'un creux en forme de cône qui ressemblait beaucoup au céphalopode. «D'après lui, c'est normal que les autres experts aient été confondus», souligne M. Michaud.
L'ampleur du bouleversement rocheux survenu à l'époque rendrait par ailleurs impossible la présence de fossiles intacts sur ce site, a ajouté M. Caron. Dans ce contexte, Parcs Canada ne juge pas nécessaire d'effectuer de fouilles supplémentaires. «On a tout fait pour que ce soit un succès et que ça puisse être une nouvelle extraordinaire pour la ville de Québec», résume M. Michaud. «Mais maintenant, on a l'exactitude scientifique et on passe à autre chose.»