Doter la peau d'une armure anti-coupure

Il sera désormais possible de travailler sans gants de sécurité dans une pléiade de métiers où les travailleurs se coupent les doigts, s'éraflent les mains, etc. grâce à une des dernières percées des nanotechnologies.

C'est grâce à une crème à base de nanoparticules dotées d'un pouvoir pénétrant exceptionnel que cette transformation étonnante des cellules de la peau deviendra possible. Le produit sera d'ailleurs offert en vente libre dans quelques mois parce que les gouvernements n'ont que très peu d'exigences d'innocuité pour les nanotechnologies dès qu'elles imitent des processus naturels.

Le procédé a été mis au point au sein de la société étatsunienne Nennitech, qui estime que l'utilisation de cette crème va diminuer radicalement le nombre d'accidents ou de contaminations cutanées à la maison ou sur les lieux de travail parce que la crème en question modifie la surface des cellules pour les rendre exceptionnellement dures, au point de pouvoir résister à l'effleurement d'une lame effilée. Mais comme la partie de la cellule traitée se limite à la partie exposée à l'air, la peau continue de respirer par les interstices. Ces derniers demeurent suffisamment petits pour ne laisser passer que la transpiration, un peu comme les membranes de plastique microperforées des imperméables modernes.

La singularité des nanoparticules mises au point par Nennitech vient du fait qu'elles pénètrent uniquement les cellules de l'épiderme, soit celles qui meurent après un certain temps et qui sont remplacées par de nouvelles, en formation dans le derme. Ces cellules de remplacement n'ayant pas les mêmes propriétés à leur surface, elles sont protégées de l'effet d'armure créé par la crème Nanotech.

Selon la professeure Louise Vandelac, de l'Institut des sciences de l'environnement de l'UQAM, il y a présentement sur le marché environ 1000 produits issus des nanotechnologies, dont près de 600 dans des cosmétiques et des produits d'usage personnel. Le public assimile ces nanoparticules souvent à son insu. Une centaine de ces produits sont même utilisés en alimentation.

La sociologue est critique de l'approche normative actuelle des gouvernements puisque la plupart de ces nanoparticules ne font pas souvent l'objet de tests d'innocuité malgré leur propension à traverser facilement les barrières pulmonaires, placentaires et intestinales, etc. Les gouvernements postulent souvent que ces nouveaux produits semblent a priori inoffensifs puisqu'ils ressemblent à des produits connus, même s'ils sont assez différents pour être brevetés.

Au début, les laboratoires de Nennitech ont tenté de reproduire un mécanisme naturel du corps humain, soit la formation de la corne des ongles pour en barder les cellules de la peau. Mais les structures mises au point scellaient trop hermétiquement la peau et la rendaient rigide, ce qui lui enlevait toute souplesse. C'est alors qu'ils ont opté pour une formulation qui reproduit une protection indépendante sur chaque cellule, un peu comme les écailles des poissons qui autorisent les mouvements tout en créant une véritable armure contre les prédateurs.

La dernière étape de leurs recherches a consisté à identifier l'espèce de poisson dont les écailles étaient les plus résistantes pour en copier les propriétés. Ils ont finalement conclu que le plus résistant et le plus résilient de tous les poissons était sans contredit... le poisson d'avril!

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