Une vague d’entérovirus déferle dans les hôpitaux pour enfants

Le Centre hospitalier universitaire de Sainte-Justine
Valérian Mazataud Le Devoir Le Centre hospitalier universitaire de Sainte-Justine

Les saisons de la grippe et du virus respiratoire syncytial (VRS) approchent, mais celle des entérovirus, elle, bat son plein. Le Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine et l’Hôpital de Montréal pour enfants constatent une hausse des hospitalisations liées à ce virus pouvant causer la méningite. Les nouveau-nés sont particulièrement touchés.

Les entérovirus circulent habituellement à la fin de l’été et au début de l’automne. Ils peuvent provoquer diverses maladies infectieuses, comme le pieds-mains-bouche, la conjonctivite et la méningite virale. « Ce n’est pas surprenant de voir des cas d’entérovirus [à ce temps-ci], et même de voir des cas sévères, mais on trouve qu’on en a beaucoup cette année », dit le Dr Jesse Papenburg, pédiatre et microbiologiste-infectiologue à l’Hôpital de Montréal pour enfants.

L’établissement pédiatrique montréalais ne suit pas de façon hebdomadaire la courbe épidémique des entérovirus comme il le fait pour l’influenza et le VRS. Mais les cliniciens sur le terrain relèvent une augmentation des cas sévères à l’urgence ainsi que des hospitalisations liées à ce groupe de virus.

« On a vu des nourrissons et des enfants plus vieux d’âge scolaire, et même des adolescents, qui avaient des symptômes de méningite et qui ont dû être hospitalisés », indique le Dr Papenburg. Il cite notamment le cas d’un nouveau-né qui s’est retrouvé aux soins intensifs à la suite d’une septicémie (infection du sang).

Au CHU Sainte-Justine, « beaucoup plus » de nouveau-nés, infectés par ce groupe de virus, ont été hospitalisés cet été par rapport aux périodes estivales précédentes, selon la Dre Caroline Quach-Thanh, pédiatre et microbiologiste-infectiologue. « On a l’impression que c’est une très bonne saison d’entérovirus, dit-elle. On est en train d’essayer de typer nos entérovirus pour essayer de comprendre lesquels sont à l’oeuvre. »

Depuis le mois de mai, des États membres de l’Union européenne, tels que la France, l’Espagne, l’Italie et la Suède, ont signalé à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) des cas sévères d’infections à l’entérovirus Echovirus 11 chez des nouveau-nés. Dans un bulletin publié en juillet, l’OMS estimait, à partir des « informations limitées » dont elle disposait, « que le risque pour la santé publique de la population générale est faible ».

La Dre Quach-Thanh souligne ne pas vouloir « alerter » les parents, mais souhaite que la population soit au courant de l’existence de ce groupe de virus. « Été comme hiver, on ne fait pas exprès d’aller voir les petits nourrissons qui viennent de naître quand on a des symptômes de rhume, même si ça a l’air tout bête », dit-elle.

Les entérovirus forment une grande famille de virus qui peuvent se manifester par une panoplie de symptômes : fièvre, maux de gorge ou de tête, écoulements nasaux, troubles gastro-intestinaux, etc. Selon le Dr Papenburg, « la grande majorité des infections » causées par ce virus se résorbent après quelques jours et ne requièrent pas nécessairement une consultation médicale.

Il faut toutefois se rendre à l’urgence lorsque son enfant présente des signes de la méningite, comme de la fièvre, de graves maux de tête, de la somnolence, de l’irritabilité, de la photophobie et des douleurs ou des raideurs au niveau de la nuque. Des tests permettront de déterminer s’il s’agit d’une méningite virale (causée par un entérovirus) ou bactérienne.

« Les risques de séquelles sont vraiment très petits lorsqu’il s’agit d’une infection à un entérovirus, alors qu’ils sont très importants dans le cas d’une méningite bactérienne », explique le Dr Papenburg. Cette dernière peut entraîner la surdité — « la séquelle numéro 1 », précise-t-il —, des problèmes neurologiques ou même la mort.

Il n’existe pas de traitement spécifique pour la méningite virale. « Des fois, un soluté peut aider, dit le Dr Papenburg. Mais c’est le temps qui fait passer les symptômes. »

La Dre Quach-Thanh rappelle qu’une visite à l’hôpital est nécessaire lorsqu’un nourrisson âgé de moins d’un mois fait de la fièvre afin d’« éliminer » la possibilité d’une infection bactérienne.

Quant aux enfants plus vieux, les parents sont à même de juger si une consultation médicale s’impose, selon elle. « On connaît nos enfants, affirme la Dre Quach-Thanh. Si on a l’impression que c’est vraiment hors du commun par rapport à ses rhumes et infections habituels, on consulte. Pas nécessairement à l’urgence. On peut voir notre médecin de famille ou notre pédiatre. »

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