Le ministre Dubé questionne un regroupement de pharmaciens sur l’Ozempic

Le ministre de la Santé Christian Dubé a profité de l’étude du projet de loi 15 sur Santé Québec pour questionner un regroupement de pharmaciens sur le recours grandissant au médicament Ozempic par des personnes voulant perdre du poids.

L’Ozempic est recommandé pour traiter le diabète de type 2, et c’est seulement dans ces circonstances qu’il est normalement remboursé par la Régie de l’assurance maladie du Québec.

Or, au Québec comme ailleurs dans le monde, de plus en plus de patients l’utilisent dans le but de perdre du poids.

« Les gens dérogent un peu au traitement du diabète pour aller de façon plus générale sur l’obésité », a glissé le ministre Christian Dubé dans un échange avec l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APEQ).

Le ministre réagissait à une proposition de l’APEQ visant la création d’un registre des médicaments prescrits pour de nouveaux usages, où ils figureraient en attendant que l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) décide de leur sort.

M. Dubé a alors voulu savoir comment un registre viendrait influer sur le recours à un médicament comme l’Ozempic. « Prenons l’Ozempic. Il serait mis dans le registre, on verrait qu’il y a énormément de demandes qui sont à l’extérieur du diabète, disons, et là, on demanderait à l’INESSS de prendre position sur ce médicament-là avec son évaluation coût versus bénéfices… » a-t-il suggéré.

De son côté, la présidente de l’APEQ, Julie Racicot, n’a pas voulu se prononcer et a laissé entendre que l’Ozempic était vraiment un cas particulier sur lequel le futur registre n’aurait pas d’effet.

Un total de 35 745 personnes au Québec se font prescrire ce médicament commercialisé par la compagnie Novo Nordisk, selon les données les plus récentes de la Régie de l’assurance maladie du Québec, une hausse de 47 % en un an. Depuis qu’il a été autorisé, en 2019, l’Ozempic a coûté un peu plus de huit millions de dollars à l’État.

Le ministère de la Santé confirme que l’Ozempic connaît une « croissance importante dans le régime public ». Mais il dit ne pas être en mesure de savoir combien d’ordonnances concernent des gens qui n’ont pas le diabète.

Ces dernières sont « le résultat de fausses déclarations de la part des prescripteurs », a indiqué la porte-parole Marie-Claude Lacasse. « Par conséquent, nous n’avons pas de moyen de déterminer facilement des ordonnances qui auraient été couvertes pour l’obésité. »

De son côté, Santé Canada a diffusé un avis récemment pour rappeler à la population que le recours à l’Ozempic pour perdre du poids « n’était pas une indication approuvée », même si les médecins jouissent d’une certaine marge de manoeuvre à ce titre.

« La décision de prescrire un médicament pour une utilisation hors indication fait partie de l’“exercice de la médecine”. L’exercice de la médecine comprend le diagnostic des symptômes du patient par un professionnel de la santé et une décision quant au traitement qui conviendrait le mieux à ce patient. »

Dans certains pays, l’engouement pour Ozempic chez les non-diabétiques a été tel qu’il a causé des pénuries. Un phénomène qui ne touche toutefois pas le Canada, du moins pas pour l’instant.

« Santé Canada a constaté une augmentation de la demande pour ce médicament, et des patients pourraient craindre que cela entraîne des problèmes d’approvisionnement. Nous sommes déterminés à faire en sorte que les patients obtiennent les médicaments dont ils ont besoin », ont indiqué les autorités canadiennes.



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