«Des failles et des fragilités» à l’origine du taux d’échec à l’examen de l’Ordre des infirmières

Après avoir fait enquête, le commissaire à l’admission aux professions, Me André Gariépy, conclut que l’examen de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ), dont le taux de réussite s’est élevé à seulement 51,4 % le 26 septembre dernier, comportait « des failles et des fragilités ». Il signale que ces problèmes pourraient avoir entraîné l’échec de plus de 500 futures infirmières.
Selon Me Gariépy, la fiabilité de l’examen était « faible » et sa validité, « affectée ». Un expert ayant contribué à l’enquête relève des « problèmes importants » dans la formulation des questions.
« Notre enquête permet de conclure que les failles et fragilités de l’examen ont vraisemblablement contribué au taux de réussite inhabituellement faible de la séance de septembre 2022 », écrit-il dans son deuxième rapport d’étape. Il estime que « plus de 500 futures infirmières ont été mises techniquement en échec en septembre 2022 » pour ces raisons.
Chez les personnes formées hors du Québec, le taux de réussite de l’examen de l’OIIQ a été de 15 %. L’enquête du commissaire révèle « qu’au moins depuis 2018 », les candidates formées à l’extérieur de la province « ont systématiquement des taux de réussite beaucoup plus faibles » que celles venant du Québec. Me Gariépy juge que « l’Ordre et d’autres parties prenantes doivent se pencher sur les raisons de ces faibles taux et apporter des solutions adaptées ».
Il conclut que quelques scénarios se présentent maintenant à l’OIIQ : se questionner sur « la pertinence et l’utilité d’un examen », améliorer l’épreuve ou envisager d’en utiliser une autre.
Des réactions
Dans un communiqué de presse diffusé mardi après-midi, l’ordre professionnel dit prendre acte de ce nouveau rapport d’étape. « L’OIIQ prendra le temps requis pour analyser celui-ci, valider les affirmations du commissaire notamment sur les 500 candidates et candidats à l’examen mis en échec pour l’examen de septembre 2022 et transmettre une réponse », écrit-il.
L’automne dernier, l’OIIQ avait soutenu que l’examen du 26 septembre n’était « pas différent de ceux réalisés au cours des années précédentes ». Le taux de réussite oscillait auparavant entre 71 % et 96 %, avait-il précisé. Il avait ajouté que, dans le contexte pandémique, « nombreux sont ceux qui ont fait face à plus de difficultés malgré tous les efforts déployés par les établissements d’enseignement et les étudiantes et étudiants ».
Questionné en mêlée de presse au sujet des failles et des fragilités de l’examen de l’OIIQ, le ministre québécois de la Santé, Christian Dubé, a affirmé vouloir prendre connaissance du rapport du commissaire Gariépy et en discuter avec l’ordre professionnel. « On n’a pas les moyens de se priver de 500 infirmières », a-t-il indiqué.
De son côté, la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) estime que les faits révélés par l’enquête « sont troublants ».
« Combien d’infirmières solidement formées dans les cégeps ne peuvent pleinement pratiquer en raison des ratés de l’examen de l’OIIQ et de son obsession de ne valoriser que le baccalauréat ? a lancé le vice-président et responsable politique du regroupement cégep du syndicat, Yves de Repentigny. L’Ordre doit désormais faire preuve d’humilité et corriger son examen en prenant soin de consulter le personnel enseignant. »