La FMSQ et des syndicats montent déjà au créneau
Aussitôt déposé, aussitôt dénoncé. Le projet de loi 15, qui vise à réformer le système de santé québécois, soulève le mécontentement de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) et de syndicats représentant des professionnels du réseau.
La FMSQ dénonce la « méthode contre-productive » de Québec, qui veut imposer des « activités médicales particulières » aux médecins spécialistes afin d’améliorer l’accès aux soins spécialisés dans les diverses régions. Les omnipraticiens sont déjà contraints d’en effectuer lors de leurs 15 premières années de pratique.
Dans un communiqué de presse, la FMSQ déplore l’« attitude de confrontation » de Québec. « Alors que ce projet de loi, dont le dépôt avait été annoncé il y a déjà plusieurs mois, devait porter sur la création de l’agence Santé Québec, le ministère de la Santé et des Services sociaux en profite pour y insérer des mesures ayant une incidence directe sur les conditions de pratique », écrit-elle.
Selon la FMSQ, le gouvernement tente « malhabilement de se soustraire au processus de négociation », auquel le syndicat des médecins spécialistes dit participer « toujours de bonne foi » ; la fédération souligne « qu’elle ne cédera pas sur le respect de ce droit fondamental ». Elle ajoute d’ailleurs qu’il est « profondément inacceptable de laisser croire que les médecins spécialistes ne sont plus présents dans les hôpitaux après 16 h ».
La FMSQ reconnaît que « des changements sont nécessaires au sein du réseau de la santé », mais ceux-ci doivent être réalisés « dans le cadre de discussions et négociations sérieuses », dit-elle.
Fusion des accréditations syndicales
Plusieurs syndicats de travailleurs de la santé dénoncent aussi le projet de loi du ministre Christian Dubé. Ce dernier compte fusionner les accréditations syndicales du réseau public, pour les faire passer de 136 à 4. Cela aura pour effet de permettre à une infirmière de conserver son ancienneté même si elle change d’établissement de santé ou de lieu de pratique.
La Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) estime qu’il s’agit d’« une attaque sérieuse au droit d’association ». Dans un communiqué de presse, l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) déplore l’« absence de consultation des salariés » et des gens sur le terrain, ainsi que l’effet centralisateur de cette réforme.
Les professionnelles en soins qui ont quitté vers le privé dans les derniers mois et les dernières années l’ont fait pour avoir de meilleures conditions de travail, pas parce qu’elles n’avaient pas l’ancienneté réseau
En entrevue avec Le Devoir, la présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) a d’abord indiqué que plusieurs jours seraient nécessaires pour décortiquer ce projet de loi « mammouth ». « Est-ce que le projet de loi a un effet positif pour l’ensemble des professionnelles en soins du Québec ? On est encore en analyse là-dessus. Quelle est la plus-value pour elles ? Actuellement, je ne la vois pas », pense Julie Bouchard.
La présidente de la FIQ n’a pas voulu réagir à la question des fusions des accréditations syndicales. « Le plus important, c’est réellement les conditions de travail des professionnelles en soins, et certainement pas la structure syndicale, affirme-t-elle. Quand viendra le temps, nous ferons notre travail comme nous l’avons fait lors des deux dernières réformes. »
Selon elle, l’ancienneté nationale ne réglera pas le problème de pénurie d’infirmières dans le réseau public. « Les professionnelles en soins qui ont quitté vers le privé dans les derniers mois et les dernières années l’ont fait pour avoir de meilleures conditions de travail, pas parce qu’elles n’avaient pas l’ancienneté réseau », dit-elle.
Le président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), Réjean Leclerc, affirme ne pas comprendre en quoi la réforme actuelle va améliorer le sort des patients. « Tout ce qui a été annoncé aujourd’hui, je ne sais pas ce que ça va donner, à part brasser de la structure qu’on brasse depuis plus de 10 ans, en allant de plus en plus vers la privatisation des services, sous prétexte que le public ne fonctionne pas. »