Course contre la montre pour former des infirmières praticiennes spécialisées

Le nombre d’infirmières praticiennes spécialisées a plus que doublé en trois ans au Québec.
iStock Le nombre d’infirmières praticiennes spécialisées a plus que doublé en trois ans au Québec.

Le nombre d’infirmières praticiennes spécialisées (IPS) a plus que doublé en trois ans au Québec, mais avec la multiplication des postes et l’ouverture de nouvelles cliniques, les délais sont serrés pour en former en nombre suffisant.

Le 31 mars 2023, leur nombre, au Québec, devrait avoir passé le cap des 1300 personnes, selon des estimations du ministère de la Santé fournies au Devoir.

C’est plus de deux fois les 573 qu’on recensait en 2020, et le Québec se rapproche de la cible de 2000 que s’est donnée le gouvernement pour 2025.

Or le ministre de la Santé, Christian Dubé, vient d’ajouter de la pression sur la demande en annonçant l’ouverture de 23 cliniques d’IPS, dont six cette année, note l’Ordre des infirmières et des infirmiers du Québec.

« Le succès de cette démarche est lié à la condition de pouvoir compter sur un nombre suffisant d’IPS », a signalé l’organisme dans un communiqué émis le lendemain du budget.

Les trois cliniques d’infirmières qui viennent d’ouvrir leurs portes à Montréal dépendent d’ailleurs d’IPS travaillant ailleurs, rappelle son président, Luc Mathieu.

Comme le révélait Le Devoir récemment, ces cliniques ne fonctionnent pas à plein rendement parce qu’elles dépendent d’infirmières partageant leur temps entre leurs activités et celles des groupes de médecine familiale.

Comme en Ontario

Malgré tout, la présidente de l’Association qui représente les IPS, Christine Laliberté, est optimiste. « Ça va être évolutif. On ne va probablement pas ouvrir les 23 cliniques en même temps, mais plutôt au fur et à mesure que de nouvelles cohortes vont pouvoir combler les sites. Je le vois comme une opportunité super intéressante », fait valoir la présidente de l’Association des infirmières praticiennes spécialisées du Québec.

Selon ses estimations, chaque clinique d’infirmières aura besoin, en moyenne, de cinq ou six IPS pour rouler. « Notre association avait déjà mentionné qu’elle souhaitait qu’on ouvre ce genre de cliniques un peu comme en Ontario. »

D’emblée, ajoute-t-elle, ces nouvelles cliniques vont offrir de nouvelles options de stages aux finissantes. Un enjeu de taille puisque la rareté des stages a ralenti la formation des IPS ces dernières années.

Cibles en hausse dans les universités

À l’automne 2019, l’Université de Montréal avait dû contingenter son programme de formation d’IPS à 23 places, faute de stages en nombre suffisant pour tout le monde.

L’université qui forme le plus grand nombre d’IPS au Québec n’a plus ce genre de problème, selon sa vice-doyenne, Sylvie Gendron. Aucune étudiante n’a vu son parcours retardé parce qu’elle ne trouvait personne pour superviser son stage, assure-t-elle. « Il a fallu être agile, s’y prendre d’avance. »

Cette année, le programme a accueilli pas moins de 90 nouvelles étudiantes, dont une quarantaine dans le volet « soins aux adultes » du programme. Même s’il s’agissait d’une hausse par rapport à l’année précédente, la cohorte était moins grande que la cible de 50 recrues que lui avait donnée le ministère.

Or, au rythme où les demandes d’admission rentrent pour la prochaine session, la vice-doyenne est persuadée de pouvoir faire mieux en 2024-2025. Cette année, le nombre de candidatures a augmenté de 30 % par rapport à l’année précédente.

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