La médecine familiale encore boudée au Québec

Selon le président de la FMOQ, les étudiants québécois en médecine sont rebutés par les tâches administratives de la médecine familiale.
Getty Images iStockphoto Selon le président de la FMOQ, les étudiants québécois en médecine sont rebutés par les tâches administratives de la médecine familiale.

Les finissants en médecine continuent de bouder la médecine familiale au Québec. Pas moins de 99 postes de résident en médecine familiale, affiliés à des universités québécoises, demeurent vacants au terme du premier tour de jumelage du CaRMS, l’organisme pancanadien chargé de l’opération. Un résultat aussi mauvais que l’an dernier.

« C’est inquiétant », dit le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), le Dr Marc-André Amyot. Son syndicat se dit d’autant plus préoccupé que le « climat politique » s’est amélioré dans la dernière année. « Il y a moins de “médecins bashing”. C’est un peu décourageant de voir que la relève n’est pas là. »

Encore une fois cette année, les spécialités attirent davantage les finissants en médecine. Seul un poste en anesthésiologie de l’Université McGill est non pourvu à la suite du premier tour de jumelage, ainsi que 11 postes en médecine interne de l’Université Laval. La médecine familiale est aussi moins disputée ailleurs au Canada : 169 places sont vacantes après le premier tour dans les autres provinces, contre 71 dans les spécialités.

Selon le Dr Amyot, les étudiants québécois en médecine sont rebutés par les tâches administratives de la médecine familiale, qui représentent entre 20 % et 25 % de leur temps. « Un étudiant en médecine, ça veut faire de la médecine, pas de la paperasse », dit-il. Il ajoute que la pression mise sur les omnipraticiens est « énorme » puisqu’il manque « au moins 1100 médecins de famille » dans la province. D’après lui, la rémunération pèse aussi « un petit peu dans la balance ». Celle-ci est « 50 % inférieure » à celle des médecins spécialistes, signale-t-il.

Le Dr Amyot s’attend à ce que bien des postes en médecine familiale soient non pourvus à la suite du second tour. Ce fut le cas l’an dernier, avec 65 places vacantes. Les résultats du second tour seront annoncés à la fin avril.

Des pistes de solution

 

Pour encourager les finissants à adopter la médecine familiale, la FMOQ croit qu’il faut revoir le fonctionnement des plans régionaux d’effectifs médicaux (PREM), qui ont pour mission de répartir les postes de médecin sur l’ensemble du territoire québécois. Des étudiants déplorent que ce système les empêche de travailler là où ils le souhaitent.

La FMOQ propose qu’on mise sur des incitatifs afin que de nouveaux médecins pratiquent en région. « Un de facteurs de rétention dans les régions éloignées, c’est que le candidat vienne de cette région-là, explique le Dr Amyot. Est-ce que, dans les universités, on ne peut pas s’assurer d’admettre en faculté de médecine des contingents de ces régions spécifiques ? Est-ce qu’on peut donner des bourses aux étudiants en médecine et aux résidents dans le cadre de leur formation, moyennant un engagement à travailler en région ? »

La FMOQ compte remettre au cours des prochaines semaines un plan d’action détaillé au gouvernement. Il s’appuiera sur les recommandations de son comité de la valorisation de la pratique, formé notamment de résidents en médecine, d’étudiants, de représentants du ministère de la Santé et des Services sociaux et d’un patient partenaire. Le ministre québécois de la Santé, Christian Dubé, a récemment ouvert une porte à la refonte des PREM.

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