La dose de rappel recommandée à ceux qui n’ont jamais eu la COVID-19

Le Dr Luc Boileau, directeur national de santé publique
Jacques Nadeau Le Devoir Le Dr Luc Boileau, directeur national de santé publique

La Santé publique révise ses recommandations en matière de vaccination contre la COVID-19 et invite désormais seulement les Québécois n’ayant jamais contracté le virus à recevoir une dose de rappel de nouveau cet hiver ou au printemps.

Sans surprise, le directeur national de santé publique, le Dr Luc Boileau, a donné suite à l’avis diffusé il y a deux semaines par le Comité sur l’immunisation du Québec selon lequel l’octroi à court terme d’une nouvelle dose n’est pas recommandé pour les Québécois en santé déjà vaccinés. Pour la première fois depuis le début de 2023, il a fait jeudi le point sur l’évolution de la pandémie de COVID-19 et sur l’évolution d’autres maladies respiratoires infectieuses au Québec.

Le Dr Boileau a expliqué que l’immunité hybride, acquise par la vaccination et une infection passée, confère une meilleure protection contre les hospitalisations et les décès que la vaccination unique. Il était aux côtés de la Dre Caroline Quach-Thanh, pédiatre et microbiologiste-infectiologue au CHU Sainte-Justine.

C’est pourquoi seuls les gens qui n’ont jamais eu la maladie et qui ont été vaccinés il y a plus de six mois sont invités à se prévaloir d’une nouvelle dose. La même recommandation s’applique aussi aux personnes immunodéprimées, invitées à mettre à jour leur protection tous les six mois.

Selon le Dr Boileau, 75 % des Québécois de moins de 60 ans auraient eu la COVID-19 depuis le début de la pandémie, à l’hiver 2020. Quant aux personnes de plus de 60 ans, environ la moitié auraient été infectées.

Accès élargi au Paxlovid

La Santé publique réduit le spectre des personnes pouvant bénéficier d’une dose de rappel tout juste après l’élargissement par l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) du nombre de celles pouvant avoir accès au traitement anti-COVID Paxlovid en cas d’infection.

Autrefois réservé aux patients non vaccinés et aux personnes vaccinées immunodéprimées ou souffrant de diverses maladies, l’accès au Paxlovid est désormais étendu à toute personne de 70 ans qui présente un facteur de risque, si sa dernière dose remonte à plus de six mois.

L’INESSS estime que même des adultes plus jeunes ayant un facteur de risque et des septuagénaires sans facteurs de risque pourraient bénéficier du Paxlovid, si leur médecin le juge nécessaire.

L’institut scientifique dit avoir révisé sa position à la suite de nombreuses études réalisées sur des personnes vaccinées dans d’autres pays, ainsi que d’études observationnelles faites au Québec qui démontrent que ce traitement a permis d’éviter l’hospitalisation de personnes âgées vaccinées, mais présentant des facteurs de risque.

« Le facteur âge semble très important dans le risque de complications, même chez les personnes vaccinées qui ont déjà au moins un facteur de risque. Mais pour les autres catégories de la population, rien ne nous démontre pour l’instant que le Paxlovid réduit le risque d’hospitalisation », a expliqué jeudi Mélanie Tardif, coordonnatrice scientifique à l’INESSS.

Aucun incident

On ignore combien de personnes âgées n’ayant pas reçu de dose depuis plus de six mois pourraient se prévaloir du Paxlovid, mais une proportion non négligeable de cette catégorie de la population a reçu une dose il y a déjà plus de six mois, indiquent les chiffres de l’Institut national de santé publique du Québec.

Selon Mme Tardif, le défi dans la prévention des hospitalisations causées par la COVID-19 demeure que toutes les personnes pouvant recevoir le Paxlovid en soient informées, se fassent rapidement tester, en pharmacie ou en centre de dépistage, et se présentent en pharmacie pour obtenir un traitement.

Pour l’instant, l’INESSS n’a relevé aucun incident relié à l’administration du Paxlovid depuis que le traitement a été rendu disponible en pharmacie, en mars 2022, et certaines contre-indications ont même été levées. En effet, le Paxlovid peut maintenant être prescrit aux personnes hémodialysées ou souffrant d’insuffisance rénale si elles sont infectées, alors que cette affection était autrefois considérée comme incompatible avec le traitement.

Selon le bilan quotidien dévoilé jeudi par le ministère de la Santé, cinq décès supplémentaires liés à la COVID-19 ont été recensés, mais ils sont tous survenus il y a plus d’une semaine. Dans les hôpitaux, 1439 patients sont atteints du coronavirus, dont 452 qui sont hospitalisés précisément en raison de la maladie. Du lot, 25 personnes sont traitées dans une unité de soins intensifs.

De plus, le réseau de la santé est privé de 2230 travailleurs qui sont en retrait préventif, en isolement ou en attente de résultats de dépistage.