Québec élargit l’accès au Paxlovid dans les pharmacies

Québec élargit l’accès au traitement Paxlovid aux personnes pleinement vaccinées contre la COVID-19, notamment à celles âgées de plus de 70 ans et aux membres de plusieurs catégories de patients jugés à risque, si leur dernier vaccin remonte à plus de six mois.
Sur la base de nouvelles observations effectuées sur le terrain, l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) a révisé ses lignes directrices pour l’utilisation de ce traitement antiviral autrefois réservé aux personnes non vaccinées et aux personnes vaccinées immunodéprimées ou ayant des affections médicales particulières.
Un nouvel algorithme décisionnel a été distribué mardi à l’ensemble des pharmaciens autorisés à prescrire le Paxlovid depuis mars 2022. Il élargit considérablement l’accès à ce traitement visant à prévenir les complications et, surtout, les hospitalisations liées à la COVID-19.
Ce changement de cap touche de nombreuses personnes, notamment toutes celles âgées de 70 ans et plus qui ont un seul facteur de risque, si elles sont vaccinées depuis plus de six mois. Tout septuagénaire sans facteurs de risque dont la dernière dose remonte à plus de six mois pourra aussi recevoir ce traitement sur avis d’un professionnel de la santé.
Même les adolescents et les adultes vaccinés ayant certains problèmes médicaux (immunodépression, obésité, diabète, maladie cardiaque ou pulmonaire) peuvent désormais avoir accès au Paxlovid sur recommandation d’un médecin si leur dernier vaccin date de plus de six mois.
L’INESSS continue toutefois de déconseiller ce traitement aux enfants et aux adultes, peu importe l’âge et les facteurs de risque, s’ils ont été vaccinés il y a moins de six mois.
L’organisme dit réviser ses recommandations notamment en raison des résultats d’une étude menée au Québec sur l’effet de l’antiviral sur la prévention des hospitalisations, ainsi qu’en raison de la circulation des variants actuels et des « enjeux organisationnels et de main-d’oeuvre » dans le réseau de la santé.
Quelque 22 000 traitements
Selon l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP), le Paxlovid a été distribué en pharmacie à 22 000 patients entre le 31 mars et le 31 décembre 2022. Dans 67 % des cas, le traitement a été prescrit par un pharmacien.
Ce nombre de traitements demeure toutefois nettement en deçà du volume total de 170 000 reçus jusqu’ici au Québec, selon les chiffres obtenus du ministère de la Santé et des Services sociaux. Ce dernier a indiqué au Devoir par courriel que « l’enjeu principal est la communication à la population afin que les patients à risque de complications procèdent rapidement à un test […] et qu’ils consultent pour une évaluation du besoin d’un traitement tout aussi rapidement si le test est positif ».
Depuis quelques mois, plusieurs professionnels de la santé réclamaient un accès élargi au Paxlovid compte tenu des avantages observés chez certaines catégories de patients ne faisant pas partie de celles désignées d’emblée par l’INESSS.
« Beaucoup de gens ne sont pas allés chercher leur dose de rappel et sont lassés des vaccins. Il faut mettre à jour nos algorithmes. Non seulement on doit leur rappeler d’avoir une vaccination à jour, mais nous devrons aussi ouvrir avec ces nouveaux patients une discussion sur le Paxlovid, dans l’éventualité où ils seraient infectés », explique Pierre-Marc Gervais, directeur principal des services pharmaceutiques à l’AQPP.
Selon lui, plusieurs personnes tardent à consulter et leur condition peut se détériorer rapidement. L’usage du Paxlovid n’est alors plus pertinent, car le traitement antiviral n’est utile que s’il est amorcé dans les cinq jours suivant le début des symptômes.
Des décès liés à la COVID
Plus de 5867 Québécois sont décédés de la COVID-19 en 2022. Les données de l’Institut national de santé publique du Québec révèlent que la vaste majorité de ces décès ont été déplorés chez les personnes de plus de 70 ans, principalement celles vivant toujours à domicile. En effet, les deux tiers des décès sont survenus chez des personnes ne résidant pas en CHSLD ou en RPA, comparativement à 49 % en 2021 et 16 % en 2020.
Selon Julie Racicot, présidente de l’Association des pharmaciens en établissement de santé du Québec, le Paxlovid vise toujours à prévenir les hospitalisations. Il n’est pas désigné pour traiter les patients déjà trop malades ou hospitalisés en raison d’une forme grave de la maladie. « On le donne toutefois en CHSLD aux patients qui ont encore peu de symptômes pour éviter une dégradation, ainsi qu’à des patients infectés qui sont hospitalisés pour d’autres raisons pour leur éviter des complications », dit-elle.
L’AQPP, qui s’attend à une recrudescence des demandes en raison de ce changement d’indication, précise toutefois que les personnes en santé n’ont pas besoin du Paxlovid. « La plupart des gens vaccinés et qui ont déjà été infectés sont très bien protégés, explique M. Gervais. Ils n’ont pas besoin de ça. Ça reste un médicament d’exception. »