La COVID-19, trouble-fête dans les urgences

Dans toutes les régions du Québec, les urgences ont connu des pics d’achalandage à la suite des réveillons de Noël et du jour de l’An, entre autres à cause des virus respiratoires comme celui de la COVID-19. Avec plus de 130 % d’occupation dans l’ensemble de la province, la situation continue de s’aggraver, malgré les récents efforts du gouvernement.

« À la lumière de ce que nous observons ce matin […], c’est un achalandage accru dû au temps des Fêtes, occasionné principalement par des virus respiratoires, dont la COVID », a confirmé mardi Camille Brochu-Lafrance, conseillère en communications au centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de l’Outaouais.

La situation demeure critique dans cette région. Mardi, en début d’après-midi, quatre des huit salles d’urgence de l’Outaouais présentaient des taux d’occupation au-dessus de 150 %. L’hôpital de Maniwaki abritait d’ailleurs la plus occupée, à 267 % de sa capacité.

L’Outaouais est loin d’être un cas isolé. Dans les dernières 48 heures, les taux d’occupation des urgences se sont aggravés presque partout au Québec.

En Montérégie, on est passé de 136 %, dimanche, à 149 %, mardi après-midi. Même son de cloche dans les Laurentides (122 % à 170 %). C’est toutefois Lanaudière qui a connu le pire scénario, augmentant de 135 % à 225 % d’occupation en deux jours.

Hausse des hospitalisations

Le Devoir rapportait la semaine dernière que les trois virus respiratoires qui ont semé la panique dans les urgences cet automne, c’est-à-dire celui de la COVID-19, de l’influenza et le virus respiratoire syncytial, ralentissaient leur progression, selon les dernières données de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) mises à jour le 29 décembre.

Certes, mais l’INSPQ observe également une légère hausse du nombre d’hospitalisations en cours liées à la COVID-19 au Québec. Le 22 novembre, 1716 hospitalisations hors soins intensifs étaient recensées, comparativement à 2064, le 22 décembre. Aux soins intensifs, on est passé de 44 à 55 hospitalisations au cours de la même période. De nouvelles données pour les dernières semaines seront disponibles jeudi.

Chaque année, les mois de janvier et de février sont les plus achalandés dans les urgences. Il y a donc fort à parier qu’au retour des Fêtes, cette tendance à la hausse se maintiendra, ne serait-ce que pendant les prochaines semaines.

C’est sans compter sur le fait que le sous-variant d’Omicron XBB.1.5, qui se propage très rapidement au sud de la frontière, pourrait également frapper aux portes du Québec. Vendredi dernier, le Centre de prévention et de lutte contre les maladies (CDC) des États-Unis a annoncé qu’il était responsable désormais de 40,5 % des cas de COVID-19 au pays. Pour le moment, l’INSPQ ne fournit pas de données sur XBB.1.5 en particulier.

Le CDC indique qu’il « pourrait être plus transmissible que les autres variants », mais ne pas savoir s’il provoque des symptômes « plus graves ». En effet, XBB.1.5 comporte une mutation qui provoque ce que les scientifiques appellent un « échappement immunitaire », ce qui veut dire qu’il contourne les défenses des personnes immunisées, notamment les personnes vaccinées.

L’INSPQ rappelle toutefois que « l’efficacité du vaccin à prévenir l’hospitalisation augmente avec le nombre de doses », et ce, peu importe les sous-variants d’Omicron étudiés jusqu’ici. Les personnes ayant été infectées antérieurement et qui ont été vaccinées ont d’ailleurs « une immunité supérieure à l’immunité vaccinale seule ou à l’immunité post-infection seule », toujours selon l’INSPQ.

« Plans de surcapacité »

Face à la situation difficile dans les urgences de la province, le gouvernement québécois a instauré en décembre des « plans de surcapacité » afin que les étages accueillent davantage de patients lorsque l’urgence déborde. Ces mesures ont d’abord été mises en place dans le Grand Montréal, et se répandent graduellement ailleurs au Québec.

« Les plans de surcapacité sont en vigueur et, compte tenu du nombre d’usagers sur civières, ils sont presque permanents actuellement », explique Sara Gauthier, agente d’information au service des communications du CISSS de Lanaudière, alors que son secteur subit d’importants débordements.

Or, avec les taux d’occupation qui diffèrent grandement selon les régions, on peut déduire que les mesures du gouvernement fonctionnent à des degrés variables selon les secteurs et les besoins des patients. Rappelons qu’on a également instauré, à l’approche des fêtes, une ligne pédiatrique 811, ainsi que cinq cliniques d’infirmières praticiennes spécialisées (IPS).

Les hôpitaux de la province peuvent aussi contribuer au désengorgement des urgences, comme le confirme Carl Boisvert, conseiller en communication au CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal. « Nous travaillons à diminuer le plus possible la durée des séjours hospitaliers, à planifier les congés le plus tôt possible de manière sécuritaire pour les patients et à favoriser l’attente d’un hébergement à domicile. »

En outre, ce CIUSSS dirige « le plus possible vers des services ambulatoires les patients qui se présentent à l’urgence et dont l’état de santé permet qu’ils soient réorientés [vers des] GMF, CLSC, clinique IPS, GAP », ajoute M. Boisvert. Les urgences demeurent tout de même occupées à 135 % de leur capacité sur l’île de Montréal, un peu au-dessus de la moyenne provinciale.

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