La contagion de la COVID-19 «va monter, il n’y a presque plus de doute»
Le premier Noël sans restriction sanitaire en trois ans approche, et la Santé publique s’inquiète au point de recommander d’annuler certaines rencontres. Les variants du virus de la COVID-19 qui circulent au Québec sont « plus contagieux », a prévenu le directeur national de santé publique, le Dr Luc Boileau, en point de presse.
La situation dans les hôpitaux « est très difficile », et rien n’indique que la pression va se relâcher. « On n’est pas lancé vers quelque chose qui va aller pour le mieux », a soutenu le Dr Boileau. « Ça va monter, il n’y a presque plus de doute pour nous. »
Le nombre de « nouveaux cas COVID hospitaliers » s’est stabilisé autour de 1000 au Québec la semaine dernière, a nuancé plus tôt dans la journée l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS). « Les projections annoncent une stabilisation des nouvelles hospitalisations au cours des deux prochaines semaines », a-t-on indiqué dans un rapport. « À noter toutefois que les modèles utilisés ne peuvent prendre en compte l’augmentation attendue des contacts dans les prochaines semaines. »
Pour prévenir cette accélération de la contagion, le Dr Boileau y est allé d’un conseil simple : « Vous avez des symptômes, vous n’allez pas à vos fêtes de famille. Ce n’est pas un bon moment. »
Une personne infectée est contagieuse durant une dizaine de jours. Donc, une personne qui tomberait malade aujourd’hui ou dans les prochains jours devrait tirer un trait sur le réveillon de Noël. « C’est plate, mais c’est comme ça », a laissé tomber le Dr Boileau. Il en va d’un « devoir civique ».
Même des symptômes légers chez un convive pourraient menacer la santé d’un autre, a-t-il insisté. « Attention ! C’est le même virus qui, chez une autre personne, peut faire des ravages. »
Une douzaine de personnes meurent en moyenne ces jours-ci en raison de la COVID-19.
Pas question, cependant, d’imposer des mesures sanitaires, comme les « petits partys » à « trois ménages ». « On l’a bien étudié, mais on n’a pas besoin de ça », a-t-il tranché. « Beaucoup de gens ont souffert, ont été impactés par les deux Noëls qu’on vient de passer. »
Les sous-variants BQ.1 et BQ.1.1, qui dominent au Québec, ne sont pas « nettement plus dramatiques » que les mutations précédentes du virus responsable de la COVID-19. Ils sont cependant « plus contagieux ».
Une grande majorité de Québécois a déjà été infectée, et les réinfections demeurent « en général » moins graves. Or, « à peu près 60 % [des Québécois de plus de 60 ans] n’ont jamais eu la COVID-19 », a révélé le directeur national de santé publique. Cette vulnérabilité chez les plus fragiles laisse ainsi beaucoup d’espace pour des infections aux conséquences funestes.
« C’est d’ailleurs ça, le problème. Il y a des jeunes qui en sont à leur deuxième ou troisième COVID-19. Ils disent que ce n’est pas trop grave si je vais dans un party. Mais le virus n’a pas changé. Il est juste plus contagieux. »
Environ 35 % des Québécois ne possèdent qu’une « immunité vaccinale », c’est-à-dire qu’ils sont vaccinés, mais n’ont jamais été infectés, selon l’INSPQ.
La plupart des personnes qui décèdent de la maladie aujourd’hui sont, comme depuis le début, les personnes atteintes de maladies chroniques au préalable, comme le diabète, l’obésité ou une maladie pulmonaire.
Deux autres virus allument des lumières jaunes sur le radar des autorités sanitaires : le virus de l’influenza A et le virus respiratoire syncytial (VRS). Non seulement ils sont jugés moins graves que le virus de la COVID-19, mais ils circulent également de moins en moins au Québec, rassure-t-on.
1,4 million de Canadiens
Pas moins de 1,4 million de personnes — soit environ 14,8 % des adultes qui ont contracté la COVID-19 — souffrent de la « COVID longue durée », aussi appelée « syndrome post-COVID » (SPC).
Cette complication, qui laisse les patients avec une respiration, un coeur, un cerveau ou une cognition affaiblis plus de trois mois après une infection à la COVID-19, a fait l’objet d’un rapport, déposé mercredi midi.
La moitié (47,3 %) de ces patients qui souffrent longtemps de la COVID-19 présente des symptômes pendant plus d’un an.
« Nous ne comprenons pas complètement ce qui cause le SPC ou ce qui mène à différentes manifestations. Nous ne savons pas pourquoi les femmes contractent deux fois plus le SPC que les hommes », s’est désolée la conseillère scientifique en chef du Canada, Mona Nemer, lors de la présentation de ce rapport.
Cette affection a des « conséquences irréversibles sur la santé », a-t-elle souligné. « La plupart [de ces patients] ont perdu leur emploi », tandis que « les traitements actuellement offerts se limitent principalement à de la réadaptation ».
Ce nombre de malades longue durée continuera d’augmenter, car le virus circule toujours.
Le Canada n’est pas le seul pays à voir sa population souffrir de ce mal encore mystérieux. « À l’échelle mondiale, les données de différents pays montrent de façon constante que de 10 à 20 % des personnes infectées souffrent du SPC », selon le rapport fédéral.