Deux ans pour réduire la liste d’attente en santé mentale

Alors qu’environ 20 000 Québécois sont en attente d’un service en santé mentale, le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, estime réussir à diminuer « significativement » cette liste d’ici deux ans.
La « priorité » de M. Carmant pour le mandat en cours est de réduire les délais d’attente pour ce type de soins dans le réseau public, affirme-t-il, lors d’une entrevue virtuelle accordée vendredi au Devoir. S’il se targue d’avoir sensibilisé la population à la détresse psychologique, l’accès aux soins en santé mentale est « ce qui est le plus difficile », admet-il, peu après être sorti du Salon bleu de l’Assemblée nationale.
En date du 19 novembre 2022, 20 273 personnes étaient en attente d’un service en santé mentale au Québec, selon le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). Le 18 décembre 2021, ce nombre s’élevait à 20 224, d’après le MSSS.
« On est un peu bloqués à 20 000 », reconnaît celui qui était ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux lors du dernier mandat. Et s’il est impossible de réduire les listes pour l’instant, la hausse de la demande en santé mentale durant la pandémie de COVID-19 est en cause, selon lui.
Mais d’ici deux ans, « on s’attend à voir une diminution globalement significative au niveau des listes d’attente », dit M. Carmant, sans toutefois chiffrer les attentes. Selon lui, la détresse psychologique descendra à des « niveaux plus réguliers » dans les prochaines années.
Il y aura aussi une « augmentation progressive de l’offre » de services en santé mentale, avec l’ajout de professionnels au sein d’équipes interdisciplinaires formées notamment d’infirmières praticiennes spécialisées, de travailleurs sociaux, de psychologues et de sexologues », estime le député de Taillon. Il s’agit de l’approche au coeur du Plan d’action interministériel en santé mentale 2022-2026.
Une « crise de santé mentale sans précédent »
Alors que le Québec traverse « une crise de santé mentale sans précédent », l’exode des psychologues du réseau public vers le secteur privé doit être freiné par une hausse de salaire, selon les 575 signataires d’une lettre envoyée jeudi dernier au premier ministre, François Legault, au ministre de la Santé, Christian Dubé, et à Lionel Carmant.
Ce dernier souligne son intention de respecter cette promesse électorale de la Coalition avenir Québec. Il affirme que le travail de ces professionnels détenant un doctorat est exigeant et que cela doit être reconnu « dans leur rémunération ». Cette hausse pourra être abordée lors des négociations avec le Conseil du trésor en 2023, dit-il.
Or, les psychologues du réseau public sont actuellement syndiqués avec une centaine d’autres corps de métier. Il est donc difficile pour eux de faire valoir leurs propres revendications, comme une hausse de salaire, explique Karine Gauthier, présidente de la Coalition des psychologues du réseau public québécois.
Selon le ministre Carmant, ces professionnels doivent « travailler » avec leur syndicat, mais surtout « attendre que les offres soient sur la table aussi », affirme-t-il.
Mais à l’heure actuelle, plusieurs psychologues se sentent « pris dans un cul-de-sac », dit Karine Gauthier. « Beaucoup songent à démissionner, ce que nous voulons éviter à tout prix. »
Avec Marie-Eve Cousineau