Les naissances de retour à l’hôpital Notre-Dame

Des escabeaux derrière le poste des infirmières, des fils qui pendent du plafond ouvert, des planchers recouverts de carton : l’unité des naissances de Notre-Dame est encore en chantier, mais elle prend forme. En visite de chantier: Nathalie Bibeau, directrice du programme jeunesse, Danya Archambault, cheffe d’unité en soins infirmiers et Isabelle Cormier, directrice adjointe du programme jeunesse (continuum en périnatalité, famille-enfance-jeunesse).
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Des escabeaux derrière le poste des infirmières, des fils qui pendent du plafond ouvert, des planchers recouverts de carton : l’unité des naissances de Notre-Dame est encore en chantier, mais elle prend forme. En visite de chantier: Nathalie Bibeau, directrice du programme jeunesse, Danya Archambault, cheffe d’unité en soins infirmiers et Isabelle Cormier, directrice adjointe du programme jeunesse (continuum en périnatalité, famille-enfance-jeunesse).

Des femmes enceintes pourront accoucher dès le printemps 2023 à l’hôpital Notre-Dame de Montréal. Le centre hospitalier ouvrira une nouvelle unité des naissances 25 ans après avoir fermé l’ancienne. Un moment qui comporte un défi de taille pour l’hôpital : recruter des infirmières en pleine pénurie de main-d’oeuvre afin de les former dès janvier.

Des escabeaux derrière le poste des infirmières, des fils qui pendent du plafond ouvert, des planchers recouverts de carton : l’unité des naissances de Notre-Dame est encore en chantier, mais elle prend forme. Les 16 chambres individuelles — vastes et toutes fenestrées — ont été construites. Elles comprennent une salle de bain complète ainsi qu’une petite baignoire pour nouveau-né ; le parent partenaire aura aussi droit à un divan-lit.

Le projet, d’une valeur de 24,7 millions de dollars, est en gestation depuis 2016. Le travail (ralenti par la pandémie de COVID-19, entre autres) fut long. Mais l’accouchement approche.

Depuis quelques semaines, le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal — qui gère l’hôpital Notre-Dame — mène une campagne publicitaire dans les transports en commun, les médias sociaux et entre les murs de l’hôpital afin d’embaucher des soignants ayant une expertise en obstétrique, en postpartum, en périnatalité ou en néonatalogie.

L’établissement souhaite recruter 31 infirmières et six infirmières auxiliaires. Il leur promet des quarts de 12 heures et une fin de semaine de travail sur trois. Notre-Dame est aussi à la recherche de six préposés et de six agents administratifs, qui effectueront des quarts de huit heures. Le recrutement débutera plus tard.

L’opération, menée en pleine pénurie de personnel, est délicate. Car des employés ailleurs dans le réseau pourraient être tentés de quitter leur emploi pour travailler dans cette unité flambant neuve. « On fait attention à ne pas faire du maraudage sauvage, parce qu’on a une super belle collaboration avec les autres CIUSSS », affirme Danya Archambault, chef d’unité en soins infirmiers. Des hôpitaux comme le CHUM et Maisonneuve-Rosemont formeront les infirmières sélectionnées par Notre-Dame.

« C’est sûr qu’avec les candidatures qu’on va avoir, on va devoir regarder, selon le momentum qu’on aura pour ouvrir, si on fragilise un secteur et comment on pourra s’entraider entre secteurs », dit la directrice du programme jeunesse, Nathalie Bibeau. « Mais en même temps, c’est une volonté du ministère qu’il y ait cette unité pour aider les autres hôpitaux. Et pour un hôpital communautaire, avoir une unité d’obstétrique, c’était vraiment un must. »

Des femmes enceintes déjà suivies

Le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal prévoit 1500 naissances par année à l’hôpital Notre-Dame. La nouvelle unité se consacrera aux grossesses « à faible risque » (une mère avec un diabète contrôlé, par exemple). La pouponnière, qui comptera six bassinettes, pourra accueillir des bébés de 34 semaines et plus (pesant au moins 1800 grammes à la naissance).

Des suivis de grossesse ont déjà débuté en prévision de l’ouverture au printemps. « On commence tranquillement, dit Danya Archambault. On fait quatre nouveaux cas par semaine. »

Les femmes suivies sont déjà averties : si l’ouverture de l’unité est retardée, elles pourront donner naissance à leur enfant dans un hôpital avec lequel Notre-Dame collabore.

Agda Ribeiro, 30 ans, pourrait être l’une des premières femmes à accoucher à Notre-Dame en mai. Enceinte de 14 semaines, elle est suivie par une obstétricienne qui l’a vue à la suite d’une fausse couche à l’urgence de l’hôpital. « Je suis bien contente, dit la Montréalaise, qui n’a pas d’enfant. C’est une première expérience pour moi. Tout est nouveau. J’imagine que l’équipe [de l’unité] va être heureuse aussi. Ça doit faire plaisir de travailler dans un centre quasi nouveau. »

L’unité des naissances de l’hôpital Notre-Dame a adopté le modèle TARP (travail, accouchement, récupération, postpartum), qui signifie concrètement que les futurs parents demeureront dans la même chambre tout au long de leur séjour.

Les femmes qui le souhaitent pourront aussi avoir accès à un bain d’accouchement. Deux chambres en disposent. « C’est une pratique très courante pour les sages-femmes », dit Isabelle Cormier, directrice adjointe du programme jeunesse (continuum en périnatalité, famille-enfance-jeunesse). « Advenant un transfert de la maison de naissances, il y aura un environnement très similaire à ce qu’ils ont. »

Mme Cormier indique que la responsable des sages-femmes de la maison de naissances Jeanne-Mance, située à proximité de Notre-Dame, fait partie de « plusieurs » comités de la future unité des naissances. « Pour nous, il est essentiel qu’on puisse bien travailler ensemble, souligne-t-elle. Quand les sages-femmes ont besoin de transférer une personne enceinte en milieu hospitalier [lors d’un accouchement], c’est jamais des moments faciles. Des fois, il y a des chocs de paradigme dans la vision. Nous, on veut vraiment que ça se passe bien. »

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