Un premier vaccin pour les jeunes enfants approuvé par Santé Canada

Il s’agit du premier vaccin autorisé pour les très jeunes enfants au Canada. 
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Il s’agit du premier vaccin autorisé pour les très jeunes enfants au Canada. 

Santé Canada a approuvé jeudi l’utilisation chez les jeunes enfants d’une plus petite dose, en deux injections, du vaccin de Moderna contre la COVID-19. De son côté, Québec attend les recommandations de son comité sur l’immunisation avant de lancer une campagne de vaccination des nourrissons et des enfants d’âge préscolaire.

« Les estimations d’efficacité [du vaccin] chez les patients âgés de six mois à cinq ans étaient similaires à celles des adultes pendant la vague alimentée par le variant Omicron », durant laquelle les essais cliniques du fabricant ont été menés, a expliqué jeudi le directeur du Bureau des sciences médicales de Santé Canada, Marc Berthiaume.

L’organisme canadien de réglementation des médicaments a donné sa bénédiction à l’administration du vaccin de Moderna aux enfants âgés d’au moins six mois, à des doses de 25 microgrammes — le quart de celles approuvées pour les adultes, et la moitié de celles données aux enfants de plus de cinq ans.

Il s’agit du premier vaccin contre la COVID-19 autorisé à être administré aux très jeunes enfants canadiens. Il avait déjà reçu le feu vert des autorités américaines en juin.

Les responsables de la Santé publique fédérale ont insisté sur l’importance de ce vaccin pour réduire les risques de complications sévères de la maladie chez les tout-petits. Les hospitalisations et les admissions aux soins intensifs dues à la COVID-19 sont moins fréquentes dans cette tranche d’âge, mais elles existent tout de même.

« Les bénéfices de la vaccination [incluent] la diminution des cas sévères, mais aussi la diminution du risque d’attraper la COVID longue durée. Les études […] démontrent que cette dernière est quand même observée fréquemment chez les enfants. Il y a aussi le syndrome inflammatoire multisystémique chez l’enfant, qui est une complication rare, mais dont on a vu plus de 400 cas au Canada chez les 0 à 11 ans », précise le Dr Berthiaume.

Le scientifique précise par contre que les données sont insuffisantes, pour le moment, pour affirmer que le vaccin freinera la transmission de la maladie chez les tout-petits. L’émergence de différents variants du virus a réduit l’efficacité des vaccins sur ce plan chez les adultes, note-t-on. « On pourrait espérer une diminution de la transmission. Elle est probable, mais on ne peut pas l’affirmer sur une base d’études. »

Pas de campagne au Québec

 

L’approbation du vaccin Spikevax de Moderna par Santé Canada étend l’admissibilité au vaccin contre la COVID-19 à près de 1,7 million d’enfants canadiens. Et des doses destinées aux tout-petits sont déjà en voie d’être acheminées aux provinces, qui devraient commencer une campagne de vaccination « très bientôt », espère le fédéral.

Une telle campagne ne sera pas organisée dans l’urgence au Québec. « Sûrement pas la semaine prochaine ou dans quelques jours », a répondu en point de presse jeudi la Dre Marie-France Raynault, conseillère médicale stratégique senior au ministère québécois de la Santé.

Le gouvernement attend plutôt les recommandations du Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ), son propre organisme chargé de le conseiller en la matière, qui révisera lui aussi les données du fabricant. « Nos premières discussions [avec le CIQ] nous laissent penser que le vaccin sera disponible pour les parents qui voudront faire vacciner leurs enfants », a déclaré la médecin.

Québec attend aussi sa part des doses acheminées par le fédéral, avec qui les discussions seraient déjà entamées. « Il semblerait que rien ne soit encore décidé », a précisé la Dre Raynault. Il faudra également former le personnel pour qu’il soit en mesure de travailler avec des bébés.

La vaccination de certains tout-petits pourrait aussi être priorisée. « Si les doses n’arrivent pas rapidement, probablement qu’on les offrira dans un premier temps aux enfants cancéreux ou immunodéprimés, qui ont un grand avantage à éviter d’être infectés par le virus de la COVID. »

La Dre Marie-France Raynault n’a d’ailleurs pas souhaité préciser d’échéancier quant à la vaccination des enfants québécois de six mois à cinq ans.

Peu d’effets secondaires

La révision des données des études menées par Moderna aux États-Unis et au Canada entre novembre et février derniers montre que le vaccin Spikevax est « bien toléré » par les jeunes enfants, qui n’ont pas montré « d’effets secondaires inattendus », indiquent les experts du gouvernement fédéral.

Parmi les effets secondaires observés se trouvent l’irritabilité ou les pleurs, des douleurs au bras, de la somnolence, une perte d’appétit ou de la fatigue. Ces symptômes disparaissent normalement quelques jours après l’injection.

L’homologation de Santé Canada force aussi la compagnie Moderna à continuer de surveiller de possibles effets secondaires de ce vaccin — y compris, par exemple, des effets secondaires graves mais rares comme les myocardites et les péricardites.

Santé Canada a donné son approbation à l’admission de deux doses de ce vaccin à quatre semaines d’écart, alors que le Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI) recommande plutôt un intervalle de huit semaines entre les doses pour plus d’efficacité. Les provinces pourront décider elles-mêmes lequel privilégier. Il est aussi recommandé de n’administrer aux enfants aucun autre vaccin le même jour.

Le dossier du vaccin pédiatrique contre la COVID-19 formulé par Pfizer, quant à lui, a été soumis à Santé Canada le mois dernier et est toujours en cours d’examen. La vaccination des nouveau-nés n’est pas au programme pour l’instant, et aucune étude en ce sens n’a été soumise aux autorités fédérales.

Avec Marie-Eve Cousineau et La Presse canadienne



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